Poesía à Córdoba : Sara Toro, l’âge en jeu lors d’une soirée unique

A bench that has writing on it

Et si la poésie de Sara Toro révélait de nouvelles facettes de Córdoba ? Je vous raconte cette rencontre rare où l’âge devient un terrain de jeu littéraire.

Une soirée littéraire pas comme les autres à Córdoba

Il y a des soirs où Córdoba se pare d’un éclat singulier. Mardi dernier, j’ai eu le privilège d’assister à une rencontre littéraire au cœur de ma ville natale, organisée par le Centre Andalou des Lettres. Mais ce n’était pas une simple lecture : c’était le retour sur scène de Sara Toro, poétesse cordouane aussi discrète que puissante, qui venait présenter son recueil Cierta edad après quinze ans de silence éditorial.

Dès mon entrée dans la Bibliothèque Grupo Cántico — un lieu où souffle encore l’esprit des poètes mythiques du XXe siècle — j’ai ressenti cette atmosphère rare où la littérature s’invite comme un dialogue vivant. Les places se remplissaient vite : étudiants passionnés, retraités curieux et fidèles lecteurs venus pour savourer la voix neuve d’une enfant du pays.

Sara Toro : une voix cordouane au-delà du temps

Née à Córdoba en 1984, Sara Toro n’est pas seulement poétesse. Elle est docteure en philologie hispanique et a déjà laissé son empreinte dans plusieurs anthologies internationales et revues exigeantes. Sa voix ? Tantôt incisive, tantôt ludique – mais toujours soucieuse de toucher la corde sensible qui sommeille en chacun.

Avec Cierta edad, elle ose aborder le rapport complexe au temps qui passe : « L’âge n’est qu’une convention sans nombre », dit-elle avec ce détachement à la fois sage et espiègle. Elle parle de non-maternité avec une franchise désarmante et s’aventure vers les grandes questions globales comme la crise climatique, tout en invitant le lecteur à jouer avec les mots et leurs résonances secrètes.

Ce retour était attendu non seulement pour sa plume mais aussi pour sa capacité à saisir l’air du temps andalou — cette façon qu’a Córdoba d’embrasser tradition et modernité dans chaque vers.

Dialogue complice avec Ana Belén Ramos : deux univers, un même amour des mots

La rencontre était animée par Ana Belén Ramos : autrice prolifique, traductrice passionnée (elle a entre autres revisité Le magicien d’Oz ou La machine à explorer le temps), et amie fidèle de Sara Toro. Leurs échanges m’ont frappée par leur complicité intellectuelle ; chacune poussait l’autre à creuser plus loin : « Peut-on vraiment écrire sur l’âge sans convoquer tout notre héritage familial ? », interrogeait Ana Belén.

Ce dialogue a offert une rare plongée dans les coulisses du processus créatif féminin cordouan – entre rires partagés sur des souvenirs d’enfance andalous et analyses subtiles des jeux formels présents dans le nouveau recueil.

Pourquoi cet événement résonne-t-il autant aujourd’hui ?

  • Il reflète une génération d’auteures andalouses qui s’émancipent des codes attendus.
  • Il met en lumière une littérature vivante loin des clichés touristiques sur Córdoba.
  • Il pose la question universelle : comment écrire (et vivre) l’incertitude du temps ?

Pour moi, ces échanges sont précieux car ils témoignent que notre ville n’est pas qu’un musée sous ciel bleu – elle est un foyer vibrant de création contemporaine !

La poésie comme expérience collective… et intime

Vers 20h30, place fut faite aux lectures. Sara Toro choisit ses textes avec soin : certains longs et narratifs – tissant des histoires autour du choix de ne pas devenir mère – puis basculant vers des formes brèves taillées comme des diamants bruts. J’ai senti dans la salle une écoute palpable ; ce silence respectueux où chaque mot tombe comme un galet dans un bassin tranquille.

Je me suis rappelée alors pourquoi je défends tant les rencontres littéraires locales : elles permettent à chacun de se retrouver face aux grandes questions humaines (l’âge, le désir, l’avenir) tout en renouant avec ce plaisir simple — celui d’écouter quelqu’un lire pour nous.

La poésie ne sauvera peut-être pas le monde… Mais ici à Córdoba, elle continue d’allumer des étincelles inattendues dans nos quotidiens parfois trop routiniers.

Ce que j’en retiens comme voyageuse…

En tant que journaliste voyage mais surtout fille de cette ville-livre ouverte qu’est Córdoba, j’aime quand l’art relie passé et présent. En dialoguant avec les textes de Sara Toro ou ceux d’Ana Belén Ramos (je vous recommande particulièrement son roman jeunesse écologique Koko !), on découvre une Andalousie bien plus complexe qu’il n’y paraît.

L’événement fermait aussi la saison culturelle 2024-2025 du Centre Andalou des Lettres — preuve que notre patrimoine immatériel reste vivant grâce aux plumes féminines qui osent bousculer les conventions. Si vous aimez explorer une destination autrement, notez ces rendez-vous littéraires lors d’un prochain séjour cordouan !

Pour plus d’informations sur les prochaines rencontres ou découvrir toute la programmation du centre, rendez-vous sur le site officiel du Centro Andaluz de las Letras.
Si vous souhaitez creuser davantage la scène poétique locale ou acheter les ouvrages mentionnés (en espagnol principalement), jetez aussi un œil à la librairie Luque située place San Felipe Neri — un lieu incontournable pour les amoureux du livre à Córdoba !

Questions fréquentes

Comment participer aux événements littéraires à Córdoba ?

L’entrée est souvent libre mais il vaut mieux arriver tôt car les places sont limitées ! Surveillez régulièrement l’agenda culturel local ou consultez directement le site du Centro Andaluz de las Letras.

Les œuvres présentées existent-elles en français ?

Pour l’instant non — elles sont publiées en espagnol mais quelques poèmes ont été traduits vers d’autres langues européennes. Les traductions françaises viendront peut-être bientôt grâce au regain d’intérêt pour la littérature andalouse contemporaine !

Qu’est-ce qui distingue réellement la poésie cordouane aujourd’hui ?

Elle se caractérise par un savant mélange entre racines historiques fortes (l’héritage califal notamment) et préoccupations très actuelles (écologie, identité). Les voix féminines y jouent désormais un rôle central.

Photo by Thanh Ly on Unsplash

A lire aussi