13 Découvre comment Ibn Arabi, ce maître du soufisme originaire d’al-Andalus, a transformé Cordoue et notre regard sur le voyage intérieur. Une perspective unique !Ibn Arabi : Un nom murmuré dans les patios de Cordoue Quand on flâne dans les ruelles blanches de la Judería ou que l’on s’attarde sous les arcades de la mosquée-cathédrale, il y a parfois des noms qui flottent dans l’air comme un parfum d’histoire. Parmi eux, celui d’Ibn Arabi résonne tout particulièrement. En tant que Cordouane passionnée par ma ville et sa capacité à relier l’Orient et l’Occident, j’ai toujours été fascinée par cet homme dont la pensée mystique transcende les siècles… mais qui demeure souvent méconnu des voyageurs. Né à Murcie en 1165 mais formé dans cette al-Andalus où Cordoue rayonnait intellectuellement, Ibn Arabi fut non seulement un géant du soufisme — ce courant mystique de l’islam — mais aussi un pont vivant entre cultures. Son influence irrigue encore aujourd’hui les débats sur la spiritualité, le dialogue interreligieux et même sur notre manière d’envisager le voyage. « L’amour est ma religion » écrivait-il. Mais quelle signification cela prend-il ici, en Andalousie ? Du patio andalou aux chemins d’Orient : une trajectoire hors normes Si j’ai choisi d’écrire sur Ibn Arabi aujourd’hui, c’est parce que son histoire est indissociable de la nôtre à Cordoue. Il incarne cette époque où la ville était une mosaïque de penseurs juifs, chrétiens et musulmans ; où l’on pouvait croiser Averroès (le philosophe cordouan) discutant avec des voyageurs venus du Caire ou de Bagdad. Dès son adolescence, Ibn Arabi fréquente les cercles savants cordouans avant de partir pour Séville puis Fès, La Mecque et Damas. Ce périple lui fait rencontrer non seulement d’autres maîtres spirituels mais aussi des lettrés juifs et chrétiens — une ouverture rare pour son temps. Ce mélange lui inspirera sa conception universelle de l’amour divin : pour lui, toutes les voies religieuses sont comme autant de jardins différents menant à la même source. J’aime imaginer Ibn Arabi assis sous un oranger des patios cordouans… Peut-être méditait-il déjà sur cette idée révolutionnaire que le vrai voyage est avant tout intérieur ? Vous pourriez être interessé par Autorisation accordée pour la construction d’un théâtre à Aguilar 19 février 2024 Live-action de Comment dresser votre dragon : au-delà de la nostalgie ? 14 juin 2025 Le soufisme revisité : amour comme boussole du voyageur Beaucoup associent le soufisme à des pratiques ascétiques ou à une vision exotique et distante. Pourtant, lire Ibn Arabi change tout : il insiste sur l’importance du vécu personnel (l’expérience directe du divin), sur la tolérance radicale entre croyances et surtout sur la quête de beauté dans chaque aspect du quotidien. En tant que guide locale pour voyageurs francophones avides d’authenticité, je trouve ce message extraordinairement moderne. N’est-ce pas là le cœur même du voyage ? Aller vers l’autre sans préjugés ; explorer son propre rapport au monde plutôt que consommer simplement des sites touristiques. Sa biographie « Un jardin entre flammes », récemment publiée par Éditions Almuzara, raconte justement combien l’amour fut le fil rouge de sa vie mystique : amour humain sublimé en amour universel ; amour de la connaissance ; amour du cheminement humble. Héritage invisible : Cordoue comme carrefour spirituel au XXIᵉ siècle Ce qui me frappe chez nos visiteurs depuis quelques années (et c’est très encourageant !) c’est leur envie croissante d’aller au-delà des apparences historiques pour comprendre ce qui relie vraiment les cultures. Beaucoup veulent savoir pourquoi Cordoue attire tant d’artistes et penseurs depuis mille ans. Ibn Arabi nous donne une réponse inattendue : parce qu’ici — plus qu’ailleurs peut-être — les murs gardent la mémoire d’une coexistence féconde entre différences. Sa spiritualité profonde irrigue encore nos fêtes populaires (comme les patios fleuris), nos musées et jusqu’à certains débats contemporains sur la place de la tolérance en Europe. Pour aller plus loin dans cette exploration sensible de l’héritage andalou, je conseille souvent le site Fondation Tres Culturas qui organise expositions et rencontres autour du dialogue interculturel — un écho évident aux idéaux portés par Ibn Arabi. Conseils pour voyageurs curieux : s’imprégner autrement de Cordoue sur ses traces Si vous êtes tenté(e) par un séjour initiatique (et pas juste touristique !), voici quelques pistes inspirées par le parcours d’Ibn Arabi : Flânez tôt matinée dans la Judería, quand tout dort encore sauf les chats… Laissez-vous porter par vos sens plus que par votre liste « à voir ». Visitez la Mosquée-Cathédrale avec un regard neuf : cherchez non pas ce qui divise mais ce qui unit dans ses motifs architecturaux mêlés. Entrez dans une librairie spécialisée (comme Luque ou Títere) : demandez-leur conseils sur les ouvrages traitant de mysticisme andalou – beaucoup existent désormais en français ou anglais. Participez à un atelier culturel où se croisent poésie arabe et flamenco : ces traditions partagent bien plus qu’il n’y paraît ! Enfin… offrez-vous un moment seul(e) dans un patio, carnet en main. Notez vos impressions – c’est là que commence souvent le vrai voyage intérieur prôné par Ibn Arabi. Quand spiritualité rime avec actualité : pourquoi Ibn Arabi séduit encore en 2025 ? Nous vivons une époque troublée où beaucoup cherchent repères spirituels sans tomber dans l’exclusion ni le dogmatisme. À Cordoue comme ailleurs en Europe méditerranéenne, on sent renaître cet intérêt pour des figures capables d’embrasser complexité et ouverture. La redécouverte récente (en 2024–2025) d’Ibn Arabi chez des jeunes chercheurs hispano-français me conforte : il n’est plus seulement une référence savante mais devient peu à peu source d’inspiration pour vivre ensemble différemment. On trouve désormais ses textes jusque dans des ateliers philo destinés aux adolescents andalous — preuve vivante que son héritage irrigue encore nos imaginaires collectifs ! Questions fréquentes Qui était vraiment Ibn Arabi ? Un maître spirituel né en al-Andalus (actuelle Espagne) au XIIᵉ siècle, célèbre pour sa pensée soufie centrée sur l’amour universel et sa capacité à dialoguer avec toutes les traditions religieuses. Où retrouver son influence aujourd’hui à Cordoue ? Dans nos musées dédiés aux trois cultures (musulmane, juive et chrétienne), lors d’événements interculturels ou simplement en explorant nos quartiers historiques marqués par sa philosophie ouverte. Quels livres découvrir si je veux approfondir sa pensée ? « Un jardin entre flammes » (Almuzara), mais aussi « Les Illuminations de La Mecque » disponible chez plusieurs libraires spécialisés ou bibliothèques locales. Photo by Muhammad Ruqi Yaddin on Unsplash autobiographieislam 0 FacebookTwitterPinterestThreadsBlueskyEmail María Fernanda González María est notre journaliste voyage basée à Cordoue. En tant que Cordouane et exploratrice du monde, elle possède un talent particulier pour connecter les voyageurs francophones à l'essence de sa ville. Sur Escapade à Cordoue, María partage ses découvertes, ses conseils d'experte locale et ses récits qui donnent vie au patrimoine et à la culture vibrante de Cordoue et de l'Andalousie. Elle explore aussi bien les ruelles historiques de la Judería que les métropoles lointaines, toujours en quête d'histoires qui relient les gens et les lieux. Ses contributions sont une invitation à voir Cordoue à travers les yeux d'une passionnée, offrant des clés pour un voyage enrichissant en Andalousie. entrée prédédente Koko, une utopie écologique à Cordoue : et si nos rêves d’enfants sauvaient la planète ? entrée suivante Festival PACO Montemayor : secrets d’un week-end où l’art contemporain ranime le patrimoine A lire aussi Orchestre de Cordoue : tu le savais ?... 5 septembre 2025 Cordoue, où l’amitié ressemble à un crush: voilà... 5 septembre 2025 Filmoteca de Andalucía à Cordoue : tu le... 4 septembre 2025 À Cordoue, Romero de Torres vs Warhol: tu... 4 septembre 2025 Sorolla revient avec une plage oubliée: ce que... 3 septembre 2025 Córdoba, résidence bretonne: mon carnet d’initié pour une... 3 septembre 2025 Arcana à Córdoba: la Mezquita chuchote une élégance... 2 septembre 2025 Córdoba et le violon flamenco: le retour fiévreux... 1 septembre 2025 Pozoblanco, deux générations en une nuit: Alvama Ice... 1 septembre 2025 À Córdoba, mon détour par le hangar “Eiffel”... 1 septembre 2025