C3A Plaza pública : L’art monumental qui transforme Cordoue… de l’intérieur !

blue and red round beads

Envie d’une expérience artistique hors des sentiers battus à Cordoue ? Le projet Plaza pública du C3A va vous surprendre par son audace et ses secrets sensoriels.

Une place publique réinventée au cœur du C3A

En tant que Cordouane passionnée par les dialogues entre tradition et modernité, je me réjouis chaque fois qu’un lieu comme le Centre de Création Contemporaine de Cordoue (C3A) ose bouleverser nos habitudes culturelles. Le projet "Plaza pública" n’est pas une exposition classique : il métamorphose les espaces de passage – patios baignés de soleil, vastes atriums – en véritables scènes d’interaction sensible entre l’art, l’architecture et le public.

Ce qui m’a tout de suite frappée lors de ma première visite cette année, c’est ce sentiment d’être invitée à participer plutôt qu’à seulement regarder. Ici, la monumentalité ne s’impose pas comme un symbole figé ou une démonstration d’autorité ; elle ouvre un champ d’expériences où chaque geste – franchir un rideau, effleurer une matière – devient acte créatif.

« Ce n’est pas le musée qui impose sa voix à l’œuvre, mais l’œuvre qui murmure dans l’espace », m’a soufflé un visiteur rencontré dans le patio central.

Entre textile, métal et végétal : des œuvres vivantes

Le parcours du Plaza pública est pensé comme une suite d’événements sensoriels. Chaque installation dialogue avec le lieu et se nourrit du passage des visiteurs. Prenons la toute dernière arrivée : la trilogie "Piezas de adorno" de Leonor Serrano. Difficile d’oublier ces grands pans textiles suspendus dans les atriums ! En les traversant (impossible autrement), on s’insère dans une trame théâtrale mouvante. J’y ai retrouvé ce frisson que procure la scène avant le lever de rideau : qui suis-je ici ? Spectatrice ou actrice ?

L’inspiration vient des origines mêmes du théâtre antique andalou où le costume façonnait déjà l’identité. Serrano reprend cette idée en matérialisant des membres de chœur à travers ses formes textiles. Pour moi, chaque passage sous ces "tissus-personnages" ranime la question éternelle : comment notre contexte modifie-t-il notre rôle ?

Autre choc visuel et poétique : la "Consigna al viento" d’Abraham González Pacheco. Ici, bannières brodées et objets glanés localement s’entrelacent pour interroger notre mémoire collective. Je vous conseille de prendre quelques minutes pour observer les détails des broderies : elles racontent autant qu’elles ornent ! Un clin d’œil subtil aux symboles changeants de notre identité cordouane et européenne.

Le son transfigure l’espace : Dionisio González et Cristina Iglesias

Ce que j’aime particulièrement au C3A, c’est cette capacité à inviter tous nos sens au voyage. La sculpture suspendue "Transfigured Schönberg" de Dionisio González m’a enveloppée dans une atmosphère sonore inédite. Imaginez-vous sous deux entonnoirs inversés en acier et bois, immergé·e dans des fragments musicaux reconstruits – un hommage vibrant à Arnold Schönberg.

Ce dialogue entre musique contemporaine et sculpture crée une frontière poreuse entre présence réelle et évocation imaginaire. Beaucoup passent sans trop s’arrêter… Erreur ! Je vous recommande vivement de rester quelques minutes pour ressentir comment les sons modifient votre perception du lieu.

Cristina Iglesias propose quant à elle "Habitación vegetal III", sorte de mini-labyrinthe végétal où minéralité et texture organique se conjuguent avec finesse. Depuis les années 90, elle développe ces pièces-paysages conçues pour être arpentées physiquement : marcher dans son œuvre devient alors presque méditatif.

Pourquoi Plaza pública fait vibrer Cordoue aujourd’hui ?

Depuis plusieurs années (et surtout depuis 2020), la scène culturelle cordouane cherche à sortir du cadre strictement muséal pour retrouver sa dimension populaire et participative – héritage vivant des califats où arts visuels cohabitaient avec poésie et débats publics sur les places.

Plaza pública réussit ce pari en abolissant les frontières entre spectateur·rice·s et artistes. On passe littéralement "de l’autre côté du décor", appelé·e à ressentir physiquement l’impact des œuvres sur notre cheminement quotidien.

  • Les enfants s’amusent à courir derrière les rideaux monumentaux,
  • Les adultes s’attardent devant les matériaux insolites,
  • Les amateurs chevronnés retrouvent mille références croisées (architecture mudéjare revisitée ou clin d’œil au land art).
    Personnellement, je n’ai jamais vu autant d’interactions spontanées dans un espace muséal andalou !

Pour aller plus loin sur cette dynamique locale : La scène contemporaine andalouse selon El País

Conseils pratiques & petits secrets locaux

Avant votre visite au C3A :

  • Prévoyez au moins deux heures pour explorer sereinement chaque recoin ; certains espaces changent radicalement selon l’heure grâce aux jeux lumineux naturels.
  • N’hésitez pas à discuter avec le personnel : ils sont souvent passionnés par le projet actuel !
  • Combinez votre découverte du C3A avec une balade vers la rive droite du Guadalquivir : parfait pour prolonger cette plongée artistique hors-norme.
  • Consultez régulièrement la programmation sur le site officiel car certaines installations évoluent ou accueillent même des performances éphémères (je garde encore en mémoire un happening improvisé devant « Consigna al viento »…).
  • Pour profiter pleinement de la dimension sonore des œuvres immersives (comme celle de Dionisio González), privilégiez les moments moins fréquentés (milieu d’après-midi en semaine par exemple).

Cordoue s’affirme ainsi non seulement comme cité patrimoniale majeure mais aussi comme laboratoire vivant où création contemporaine rime avec convivialité locale.

"On sort du C3A différent·e… un peu transformé·e soi-même", m’a confié Lola, retraitée cordouane croisée près du patio lumineux.

Le coin des questions

### Peut-on visiter Plaza pública gratuitement ?
Oui ! L’accès aux expositions permanentes du C3A est gratuit toute l’année. Certaines activités spéciales peuvent nécessiter réservation préalable mais le parcours Plaza pública est librement accessible.

### Combien de temps faut-il prévoir pour découvrir toutes les installations ?
Je recommande au minimum deux heures si vous souhaitez vraiment vivre l’expérience immersive. Selon votre curiosité ou votre rythme contemplatif… cela peut facilement doubler !

### Les œuvres sont-elles accessibles aux enfants ou personnes à mobilité réduite ?
Absolument : les espaces sont adaptés aux poussettes comme aux fauteuils roulants, et beaucoup d’installations sont interactives ou visuelles – parfaites pour éveiller la curiosité des plus jeunes.

Photo by Max Tarkhov on Unsplash

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