Festival de Cinéma Africain à Cordoue : ce que Hanani révèle sur notre ville

the sun is setting over the rolling hills

Plonge dans l’univers poétique de Hanani et découvre comment le Festival de Cinéma Africain transforme la scène culturelle cordouane… J’ai été bouleversée !

Quand Cordoue devient un carrefour du cinéma africain

Quand on vit à Cordoue, on connaît la richesse multiculturelle de ses rues – mais chaque année, avec l’extension du Festival de Cinéma Africain de Tarifa Tánger (FCAT), cette diversité prend une dimension nouvelle. Du 3 au 5 juin 2024, j’ai retrouvé la même effervescence devant la Filmoteca de Andalucía que lors des grandes ferias : un public curieux, des conversations en plusieurs langues et surtout une atmosphère d’attente complice autour d’un cinéma venu d’ailleurs.

Le FCAT, c’est bien plus qu’une série de projections. C’est un pont jeté entre les deux rives du Détroit et au-delà – un dialogue ouvert entre nos propres racines méditerranéennes et les récits contemporains venus du continent africain. Cette année encore, grâce à la délégation de Coopération et Solidarité et l’énergie collective de la Filmoteca, Cordoue accueille ce rendez-vous rare qui fait voyager sans quitter la ville.

Hanani : poésie insulaire sur grand écran

Parmi les œuvres projetées cette année, ‘Hanani’ de Denise Fernandes m’a touchée particulièrement. Peut-être parce que j’ai grandi moi-même dans une ville où l’on parle souvent d’exil, d’attente et d’horizons lointains ; ou peut-être parce que Denise Fernandes propose une vision du départ vue par les yeux d’une enfant – douce-amère mais pleine de lumière.

La réalisatrice cap-verdienne était présente lors de la projection à Cordoue, offrant après le film un échange rare et sincère. Elle nous a confié vouloir filmer "la magie" de son île natale : ce quelque chose d’indéfinissable qui flotte dans l’air quand on sait que tout est possible, comme dans un conte ou dans Le Petit Prince. Ce choix n’est pas anodin : le titre ‘Hanani’, emprunté au japonais (hanami signifiant "contempler les fleurs de cerisier"), nous invite à voir autrement l’attente et le passage du temps. Dans le film, chaque silence résonne comme une promesse suspendue.

Voir l’Afrique depuis Cordoue : expériences croisées

Ce qui me frappe année après année au FCAT à Cordoue – c’est combien ces films font écho à notre propre histoire locale. Qui mieux qu’un(e) Cordouan(e) comprend ce mélange doux-amer du départ (l’exil rural vers Barcelone ou Paris jadis…), ou cet attachement viscéral à la terre natale ? Les films africains, trop rarement montrés sur nos écrans classiques, racontent avec poésie des trajectoires universelles.

Lors du colloque avec Denise Fernandes après Hanani, certains spectateurs confiaient avoir reconnu dans ses images la chaleur lumineuse des patios andalous ou le chuchotement familier des histoires transmises entre générations. Pour moi aussi, impossible de ne pas faire le lien entre les rituels insulaires cap-verdiens et ceux des villages andalous pendant la Semana Santa ou las Cruces.

Pourquoi ce festival compte-t-il vraiment pour Cordoue ?

On pourrait croire qu’il s’agit là d’une initiative culturelle parmi tant d’autres… Pourtant, assister au FCAT ici change réellement notre regard sur le monde. La sélection officielle voyage chaque année jusqu’à nous depuis Tarifa en passant par Séville ou Algeciras – mais s’arrêter à Cordoue n’a rien d’anodin.

Ici plus qu’ailleurs, on sent cette soif partagée pour les récits venus d’ailleurs. Il n’y a qu’à observer le public hétéroclite réuni dans la grande salle blanche de la Filmoteca : étudiants en langues arabes, vieux cinéphiles cordouans et familles venues "pour voir autre chose" discutent ensemble après chaque séance. L’articulation entre patrimoine local (notre Judería toute proche !) et ouverture internationale crée une synergie unique.

Pour creuser davantage sur l’importance croissante du cinéma africain contemporain en Espagne ces dernières années : Lire ce rapport détaillé.

Prendre part au voyage sans partir loin : mode d’emploi pratique

Si tu veux tenter l’expérience lors des prochaines éditions – quelques conseils glanés au fil des années :

  • Arrive tôt pour profiter des échanges avant/entre les séances (l’ambiance est souvent conviviale !)
  • Ose aller au colloque même si tu n’as pas vu tous les films : c’est là que se créent les vrais liens avec réalisateurs/rices.
  • Profite-en pour découvrir d’autres lieux culturels voisins (la Judería regorge de petits bars parfaits pour poursuivre la discussion autour d’un verre)
  • Consulte toujours le programme officiel FCAT pour t’assurer des horaires mis à jour – certaines séances affichent complet rapidement !

L’impact discret mais réel du FCAT sur notre tissu culturel local

Depuis que le festival existe sous forme “d’extensions” hors Tarifa/Tanger (Madrid, Séville…), Cordoue s’impose progressivement comme un pôle incontournable pour tous ceux qui cherchent un autre regard sur l’Afrique. J’ai pu rencontrer ces derniers jours plusieurs jeunes critiques venus spécialement assister aux projections ici plutôt qu’à Madrid — ils soulignaient eux aussi ce petit supplément d’âme cordouan… Peut-être parce qu’ici on écoute vraiment les histoires nouvelles ?

Ce type d’événement participe aussi discrètement à renforcer nos réseaux associatifs locaux engagés sur la coopération internationale — ce que peu mentionnent ailleurs mais qui compte beaucoup pour moi. La transversalité entre acteurs culturels permet souvent l’émergence d’initiatives hybrides par la suite.

À retenir : pourquoi je recommande vivement cette escapade cinématographique ?

  • Parce que découvrir ‘Hanani’ à Cordoue ne sera jamais tout à fait pareil qu’ailleurs : ici on regarde avec nos propres questions sous-jacentes.
  • Parce qu’échanger directement avec Denise Fernandes donne tout son sens à sa démarche artistique — le cinéma devient alors conversation vivante.
  • Parce que sortir enrichi.e intellectuellement ET humainement reste rare…
  • Enfin parce que tu verras ta propre ville autrement en sortant !

À bientôt dans une salle obscure cordouane ?

Questions fréquentes

Où se déroule exactement l’extension cordouane du FCAT ?

Les projections ont lieu principalement à la Filmoteca de Andalucía, située près du centre historique ; vérifie toujours le programme officiel pour connaître tous les lieux partenaires éventuels.

Comment acheter ses billets pour le festival ?

Tu peux réserver tes places directement via le site officiel de la Filmoteca ou acheter sur place ; attention cependant car certaines séances se remplissent vite !

Quelles thématiques sont abordées par Hanani ?

Le film traite surtout des thèmes du départ/l’attente vécus par une famille cap-verdienne ; il explore également l’imaginaire enfantin face aux réalités parfois dures de l’exil.

Photo by Anna Barsukova on Unsplash

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