Art mural à Cordoue : quand l’Ukraine réinvente nos murs… et nos émotions !

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Découvre comment des artistes ukrainiens transforment Cordoue, mêlant choc culturel, espoir et couleurs vibrantes. Un parcours inédit d’art et de résilience.

Quand l’art mural venu d’Ukraine s’invite à Cordoue

Il y a parfois des rencontres qui bouleversent le paysage urbain… et nos regards sur le monde. Depuis plus d’un an et demi, Mikhail Korobkov et Olga Korobkova ont posé leurs valises (et leurs pinceaux !) à Cordoue. Pour eux, tout a commencé dans l’urgence : fuir la guerre en Ukraine, s’adapter à une ville inconnue, reconstruire une vie de famille autour de leur fils scolarisé ici. Pourtant, loin de se replier sur eux-mêmes, ce couple d’artistes muralistes a décidé d’offrir son histoire – et sa vision du monde – aux habitants de leur terre d’accueil.

Leur démarche ? Utiliser l’art public pour tisser des liens entre cultures, mais aussi transformer la douleur en énergie créative. C’est ainsi qu’est né un immense mural sur la façade du collège de leur fils : un geste de gratitude vibrant envers la communauté locale. Puis une fresque sur la Ribera – là où Cordoue respire au rythme du fleuve – symbole lumineux de paix face au chaos.

« J’ai vu naître ces œuvres lors de mes balades matinales : elles interpellent par leur sincérité brute et leur capacité à réunir habitants curieux comme touristes émus. »

“Choque cultural” : exposition au cœur des émotions croisées

Ce mois-ci (du 4 au 20 juin), j’ai eu la chance de découvrir leur nouvelle exposition Choque cultural au Centre Culturel José Luis García Palacios (Avenida de la Libertad). Le nom n’est pas un hasard : il traduit ce que ressentent nombre d’expatriés ici… mais aussi cette formidable capacité de Cordoue à absorber les influences étrangères pour mieux s’enrichir.

À travers une série d’œuvres signées Korobkov Art Studio (avec le soutien chaleureux de la Fondation Artdecor), on ressent littéralement le tiraillement entre deux mondes : l’Ukraine meurtrie et l’Andalousie solaire. Des symboles folkloriques ukrainiens côtoient les teintes ocres typiques de notre architecture. On devine parfois la nostalgie derrière un bleu profond ; ailleurs, c’est la lumière andalouse qui irradie une composition abstraite.

Un coup de cœur personnel ? L’installation sonore associée aux œuvres plastiques, portée par la musique du compositeur cordouan Fernando Vacas : une expérience immersive qui m’a émue aux larmes. Comme si chaque note rapprochait les rives du Guadalquivir et celles du Dniepr.

Infos pratiques sur l’exposition Choque cultural

Murales engagés : dialogue entre tradition locale et héritage slave

Mais ce que j’aime particulièrement chez Mikhail et Olga, c’est cette humilité joyeuse avec laquelle ils abordent l’espace public cordouan. Ici, peindre un mur n’est jamais pure décoration : c’est offrir un fragment de mémoire collective tout en suscitant des discussions inattendues.

Leur fresque sur la Ribera est devenue en quelques mois un point de rencontre entre voisins mais aussi un repère pour ceux qui cherchent à comprendre ce que signifie « vivre ensemble » après tant de ruptures géopolitiques. Si vous passez par là (je vous recommande une balade en fin d’après-midi !), laissez-vous happer par les motifs floraux stylisés – clin d’œil aux broderies ukrainiennes – subtilement intégrés dans les arabesques inspirées des mosaïques omeyyades.

Ce qui frappe aussi : les couleurs franches, presque tactiles. Elles évoquent non seulement la palette andalouse mais aussi cette volonté farouche de redonner vie à ce qui a été brisé ailleurs. Ce mélange est loin des clichés touristiques ; il insuffle à Cordoue une vitalité renouvelée et profondément authentique.

Pour creuser le sujet des arts urbains solidaires : Lisez ce portrait approfondi sur Cordópolis

Tisser le lien : quand l’art devient pont entre réfugiés et habitants

Je me suis souvent interrogée sur la capacité réelle d’une ville comme Cordoue à accueillir durablement celles et ceux venus chercher refuge loin de chez eux. Mais force est de constater que l’art – surtout lorsqu’il sort des galeries pour investir nos rues – possède un pouvoir fédérateur inattendu.

À titre personnel, discuter avec Olga lors du vernissage m’a permis d’appréhender toute la complexité du déracinement : "Au début," m’a-t-elle confié avec douceur, "j’avais peur que notre style détonne trop ici… Mais très vite les gens nous ont témoigné beaucoup de curiosité et même d’admiration." Preuve s’il en fallait qu’à Cordoue, on sait recevoir l’ailleurs sans renoncer à soi-même.

Aujourd’hui encore (en juin 2025), les ateliers participatifs menés par le duo rencontrent un succès croissant auprès des jeunes locaux – preuve vivante que cet échange artistique bénéficie autant aux nouveaux arrivants qu’à ceux déjà bien ancrés ici.

  • Conseils pour prolonger l’expérience :
    • Participez aux visites guidées autour du street art local (certaines proposent des focus sur les artistes internationaux installés ici).
    • Osez pousser la porte des espaces culturels moins connus hors centre-ville ; on y découvre souvent des talents émergents porteurs d’histoires singulières.
    • Discutez avec les artistes si vous en avez l’occasion : leur récit éclaire toujours différemment notre propre quotidien cordouan !

Questions fréquentes

Où peut-on voir concrètement les œuvres murales réalisées par Mikhail Korobkov et Olga Korobkova à Cordoue ?

Plusieurs fresques sont visibles dans différents quartiers : notamment sur une façade près du collège Pablo García Baena (où est scolarisé leur fils) ainsi que sur le quai de la Ribera. Certaines créations temporaires font également partie d’événements artistiques locaux.

L’exposition “Choque cultural” est-elle adaptée aux enfants ou novices en art contemporain ?

Oui ! L’accrochage mêle supports visuels colorés et installations sonores accessibles même aux plus jeunes ou aux visiteurs peu familiers avec ce type d’art — idéal pour éveiller curiosité ou discussions familiales après visite !

Comment rencontrer ou soutenir ces artistes ?

Les ateliers animés par Mikhail & Olga sont régulièrement annoncés via les réseaux sociaux locaux. Il est aussi possible d’acquérir certaines œuvres ou reproductions lors des expositions afin de soutenir directement leur démarche créative.

Photo by JJ Ying on Unsplash

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