16 Un film sur le temps et la famille qui m’a retourné ! Plongez dans La Venue de l’avenir et découvrez pourquoi ce voyage entre 1895 et 2024 est bien plus qu’un simple divertissement.Pourquoi La Venue de l’avenir frappe fort dès les premières minutes J’ai rarement ressenti une telle alchimie en salle : La Venue de l’avenir n’est pas seulement un récit transgénérationnel comme on en voit souvent. C’est une expérience où le passé s’invite dans chaque geste du présent. Dès les premiers plans – la maison abandonnée, lourdement chargée d’histoire –, j’ai été saisi par cette atmosphère où chaque objet semble contenir une mémoire vivante. Le pari narratif du double temps : réussite ou gadget ? Ce qui différencie véritablement ce Klapisch des autres films "à tiroirs" temporels, c’est sa capacité à donner autant d’épaisseur émotionnelle aux scènes de 1895 qu’à celles de 2024. On sent que le réalisateur s’est documenté avec minutie sur la naissance de la photographie et l’émergence de l’impressionnisme à Paris – ces thèmes ne sont jamais là juste pour faire joli. Ils irriguent tout le récit et donnent du sens aux choix (et aux non-dits) des personnages contemporains. En suivant Seb, Abdel, Céline et Guy dans leur enquête familiale, j’ai eu cette étrange impression de "marcher" littéralement dans les pas d’Adèle. L’écriture réussit ce tour de force : chaque saut temporel éclaire les zones d’ombre du présent plutôt que de simplement divertir. « C’est par les fissures du passé que filtre la lumière de nos vies actuelles », dit joliment Céline à un moment clé – et j’en ai frissonné tant cela résonne fort après coup. Paris 1895 – Un décor vivant ou simple toile de fond ? On croise beaucoup d’œuvres se servant du Paris Belle Époque comme d’une carte postale figée. Ici, tout vibre ! Klapisch ne tombe pas dans la nostalgie facile ni le pittoresque vain. Les décors fourmillent de détails authentiques (la lumière pâle filtrant à travers les vitres sales d’un atelier photo naissant…), les costumes semblent avoir vécu plusieurs vies et surtout… les aspirations des personnages d’autrefois font étrangement écho à nos propres tâtonnements. Je repense notamment à Adèle découvrant la fièvre artistique du Quartier Latin en 1895 : ses rêves déjoués se tissent avec ceux – plus désabusés peut-être – des cousins modernes. Cette immersion historique m’a rappelé combien notre propre quête identitaire est ancrée dans ces héritages invisibles mais puissants. L’art y devient fil rouge entre générations, tout comme dans l’exposition « Impressionnisme : inventer un monde » actuellement au Musée d’Orsay. Vous pourriez être interessé par Exposition ‘Le brillant et la parole’ du peintre Antonio Bujalance à la salle Vimcorsa 21 mars 2024 Réveil de l’amour entre les jeunes Danny Zuko et Sandy au Grand Théâtre 20 octobre 2023 Héritages familiaux : poids ou tremplin ? Mon regard personnel Ayant moi-même grandi avec des histoires familiales pleines de secrets tus, je me suis retrouvé dans le regard étonné (et parfois inquiet) des quatre cousins face aux traces laissées par Adèle. Ce film ose poser une question rare : hériter veut-il dire répéter ? Ou bien pouvons-nous choisir ce que nous transmettons — et ce dont nous voulons nous libérer ? La vieille maison n’est alors pas seulement un décor mais un personnage à part entière ; elle concentre peurs anciennes et espoirs neufs. À mon sens, Klapisch touche ici une vérité peu dite : découvrir ses racines n’a rien d’anodin — c’est aussi risquer de se confronter à ses propres limites… mais c’est là que réside toute la beauté du processus. La mise en scène : signature Klapisch, audace renouvelée Si vous connaissez son cinéma (de L’Auberge espagnole jusqu’à En Corps), vous retrouverez ici cette touche unique mêlant humour léger et gravité existentielle. Mais il y a quelque chose en plus… Une maturité nouvelle ? Sans doute ! La fluidité entre les époques tient presque du miracle cinématographique — jamais gratuite ni démonstrative. Les jeux sur la lumière (doux reflets des lampes à pétrole contre néons froids du XXIᵉ siècle), le rythme des dialogues (souvent entrecoupés de silences éloquents)… tout participe à créer une vraie expérience sensorielle en salle. Mention spéciale au duo Lindon-Wapler, dont l’alchimie donne chair à cette saga familiale sans jamais tomber dans le pathos facile. Pour approfondir la question du traitement visuel chez Klapisch, je vous recommande vivement ce passionnant entretien publié sur France Culture. Résonances contemporaines : pourquoi ce film tombe pile en 2025 ? Ce qui m’a touché avec La Venue de l’avenir, c’est sa manière subtile d’aborder nos anxiétés actuelles — crise écologique, repli sur soi, peur du déclassement — sans tomber dans le prêchi-prêcha sociologique. Les personnages traversent leurs contradictions avec sincérité ; chacun cherche comment "faire famille" dans un monde où tout change si vite. Le dialogue entre hier et aujourd’hui devient alors une invitation douce-amère : s’autoriser à rêver autrement grâce aux failles — mais aussi grâce aux ressources — léguées par nos ancêtres. Ce message optimiste fait écho chez moi… surtout quand je vois combien les spectateurs ont accueilli le film avec chaleur (4,2/5 sur AlloCiné au 28 mai 2025 !). Les petits détails qui font toute la différence (et dont personne ne parle) La symbolique des photographies argentiques retrouvées dans la maison marque bien davantage que de simples souvenirs visuels : elles sont interprétées comme des tentatives maladroites mais poignantes pour "fixer" le bonheur familial fugitif. Les dialogues intergénérationnels sonnent juste ; on sent que chaque acteur apporte sa propre histoire intime au jeu collectif. Le rythme volontairement non linéaire incite à revoir certains passages pour mieux saisir toutes les subtilités historiques disséminées discrètement (un vrai plaisir pour les amoureux du détail !). Enfin… Qui a remarqué cette allusion délicate au tableau "Le Déjeuner sur l’herbe" cachée lors d’une scène clé ? Un clin d’œil savoureux aux initiés. Questions fréquentes Peut-on voir La Venue de l’avenir sans connaître Klapisch ? Bien sûr ! Le film fonctionne parfaitement pour découvrir son univers tout en étant accessible même si on n’a jamais vu ses autres œuvres. Le mélange passé/présent ne risque-t-il pas de perdre le spectateur ? Au contraire ! Tout est construit pour guider naturellement notre attention. Même ceux peu habitués aux récits éclatés s’y retrouveront facilement grâce à une mise en scène limpide. Faut-il être passionné·e d’histoire ou d’art pour apprécier pleinement ? Pas besoin ! Même si quelques clins d’œil raviront amateurs éclairés, l’émotion première reste universelle : celle des liens familiaux et du passage du temps. Photo by Benjamin Zanatta on Unsplash FilmHéritage 0 FacebookTwitterPinterestThreadsBlueskyEmail María Fernanda González María est notre journaliste voyage basée à Cordoue. En tant que Cordouane et exploratrice du monde, elle possède un talent particulier pour connecter les voyageurs francophones à l'essence de sa ville. Sur Escapade à Cordoue, María partage ses découvertes, ses conseils d'experte locale et ses récits qui donnent vie au patrimoine et à la culture vibrante de Cordoue et de l'Andalousie. Elle explore aussi bien les ruelles historiques de la Judería que les métropoles lointaines, toujours en quête d'histoires qui relient les gens et les lieux. Ses contributions sont une invitation à voir Cordoue à travers les yeux d'une passionnée, offrant des clés pour un voyage enrichissant en Andalousie. entrée prédédente Avatar 2 revient au cinéma : pourquoi ce retour va bouleverser la saga entrée suivante Ibai et son équipe de football : une révolution bien plus maligne qu’on ne le croit ? 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