Cuarto azul : Pourquoi mon album est mon refuge et pas une simple couleur triste

Aitana sitting pensively in a softly lit blue-toned bedroom, surrounded by music sheets and personal items, photorealistic editorial style, serene mood, subtle signs of both vulnerability and strength.

Plonge dans mon univers « cuarto azul », bien plus qu’un disque – c’est mon espace secret contre la dépression, entre pression médiatique et renaissance.

Mon cuarto azul : là où tout commence

On me demande souvent ce que signifie ce fameux « cuarto azul ». Je vais te le confier comme je le ressens vraiment. Ce n’est pas seulement le nom de mon quatrième album ou un clin d’œil à une couleur qui symboliserait la tristesse. Non. Pour moi, ce bleu-là est celui des murs de la chambre où je suis née – peinte ainsi parce que mes parents pensaient attendre un garçon. Cette anecdote m’a suivie toute ma vie : ce bleu inattendu a fini par devenir ma zone de confort, l’endroit mental où je retourne quand tout vacille.

Quand la vie sous les projecteurs m’a submergée l’an dernier – avec cette pression sourde, l’anxiété rampante, les critiques parfois acides –, c’est dans ce « cuarto azul » intérieur que je me suis réfugiée. Littéralement, comme je le chante : "Quiero volver donde crecí." Parce qu’il faut savoir se reconstruire depuis ses racines pour ne pas sombrer quand tout s’emballe.

La dépression face au miroir médiatique : vérité et tabous

Parler de santé mentale dans l’industrie musicale espagnole reste encore un terrain miné. En 2023, j’ai ressenti toute l’intensité de la dépression : cette vague invisible qui t’arrache jusqu’à ta propre lumière. Beaucoup imaginent que c’est incompatible avec la réussite ou la célébrité. Mais non : le succès n’immunise contre rien.

J’ai longtemps porté en silence cette honte, cette impression d’être ingrate alors que « tout me souriait ». C’est là qu’intervient le besoin vital de s’entourer (merci mes amies !), d’oser parler – et même de mettre ces états d’âme en musique. Mon interlude dédié à mes proches est un vrai remerciement ; sans elles, peut-être que je n’aurais jamais osé demander de l’aide ou aller en thérapie.

Je sais à quel point il est précieux aujourd’hui d’ouvrir le dialogue sur l’anxiété et les phases sombres du métier – un sujet encore tabou chez beaucoup d’artistes espagnols contemporains, même si certaines initiatives émergent enfin.

Collaborations et authenticité : composer à plusieurs voix sans perdre son âme

Un point qui intrigue souvent : comment garder son identité artistique lorsqu’on co-écrit ses chansons avec trois, quatre voire cinq personnes ? Pour moi, chaque session studio ressemble à une conversation sincère où chacun amène sa vulnérabilité et ses idées brutes.

Je comprends ceux qui craignent que le partage dilue notre voix unique mais – croyez-moi – il n’y a rien de plus révélateur que de voir comment ton vécu résonne chez l’autre. Ce processus collectif me nourrit humainement autant qu’artistiquement (regarde Rosalía ou Alejandro Sanz !). D’ailleurs, certaines chansons les plus personnelles comme "Cuarto azul" ou "La chica perfecta" sont presque entièrement sorties de mes tripes en solo.

Ce dialogue créatif permanent exige du lâcher-prise… mais c’est justement là qu’apparaît la magie : on apprend à écouter, à transformer ses douleurs en force commune.

Pression publique : entre obligation d’image et quête sincère du chant

Si tu savais combien il y a des aspects du métier que j’aurais préféré ignorer… Je ne suis ni actrice ni modèle ; pourtant, impossible d’y couper quand on devient "personnalité publique". Les séances photos me terrifiaient au début – chaque pose me semblait trahir quelque chose de moi-même.

Pourtant aujourd’hui je prends du recul : oui, il y a des choses autour qu’il faut supporter (les médias intrusifs, les réseaux sociaux où chaque geste est disséqué), mais mon moteur reste intact : chanter avant tout. J’aime toujours autant ressentir cette alchimie unique avec le public sur scène (et d’autant plus depuis que j’ose montrer mes failles).

Là-dessus, j’insiste auprès des jeunes artistes qui me suivent : ne laissez pas les exigences périphériques vous détourner du cœur vibrant qui vous anime. La voix intérieure vaut tous les likes du monde.

Sexualité et éducation : mon rôle (et mes limites)

"Tu fais grandir trop vite les petites filles", ai-je lu parfois après certains concerts… Sérieusement ? Cette responsabilité revient aux familles et à l’éducation nationale – pas à moi seule parce que j’évoque la sensualité dans certains titres.

À 25 ans, après avoir traversé tant d’émotions contradictoires (amours naissants et ruptures douloureuses), je revendique une palette complète dans ma musique : du naïf au charnel en passant par toutes les nuances intermédiaires. On veut trop souvent ranger la pop féminine dans des cases figées. Et puis… n’oublions pas que nos références évoluent !

L’ouverture du débat sur l’âge approprié pour évoquer ces thèmes ne doit pas tomber dans le moralisme aveugle. C’est pourquoi je continue d’affirmer haut et fort ma liberté créative — tout en respectant profondément celles et ceux qui m’écoutent dès leur plus jeune âge (lire davantage sur ce débat ici).

Le saut olympique : Barcelone comme symbole d’une nouvelle étape

L’été dernier marquait un tournant pour moi : jouer au mythique Estadi Olímpic Lluís Companys n’était pas prévu aussi tôt ! Quand on suit les traces d’Estopa ou même Coldplay/Beyoncé… difficile de ne pas vaciller devant la grandeur du lieu.

J’ai eu mille doutes (“vais-je être à la hauteur ?”, “les gens viendront-ils ?”) puis soudain j’ai compris : peu importe si tout n’est pas parfait ou si tous les billets ne partent pas immédiatement — chaque artiste trace sa route selon son propre rythme. Ce premier concert barcelonais sera construit autour des quatre albums qui forment déjà une trajectoire singulière ; s’y glisseront quelques surprises dont seuls mes proches ont connaissance pour l’instant…

J’invite chacune et chacun à oser tenter leur propre plongeon vers leurs rêves — peu importe si ça paraît trop grand ou effrayant sur le moment !

Redonner sens à chaque note : pourquoi continuer ?

En fin de compte… pourquoi poursuivre cette route semée d’embûches ? Parce que créer reste pour moi une nécessité vitale – non négociable. Derrière chaque morceau se cache un pan intime de mon histoire ; derrière chaque spectacle se joue une nouvelle tentative pour exister pleinement.

C’est cela aussi transmettre — offrir sans compter ni tricher sur son vécu authentique.

Le coin des questions fréquemment posées (FAQ)

Le « cuarto azul » fait-il référence uniquement à votre enfance ?

Non ! C’est certes lié à mon histoire familiale mais c’est surtout devenu un symbole universel : celui du retour vers soi-même quand on traverse des tempêtes intérieures.

Comment gérez-vous la critique constante sur les réseaux sociaux ?

J’ai appris avec le temps (et beaucoup grâce à la thérapie) qu’il fallait mettre une distance saine avec ces commentaires extérieurs : seul compte ce qui nous rapproche de notre vérité personnelle.

Vos chansons sont-elles toujours autobiographiques ?

La plupart oui — même si elles sont parfois habillées par différentes plumes lors des co-compositions ! Mais tout part toujours de vécus intimes transformés ensuite collectivement au studio.

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