Succès à Cordoue : Et si la médiocrité vertueuse était la clé cachée ?

a river running through a city next to tall buildings

Et si le bonheur à Cordoue se trouvait dans cette « médiocrité » tant boudée ? Découvrez un autre sens du succès, inspiré d’Aristote et de nos ruelles.

Repenser le succès à Cordoue : Et si on faisait une pause ?

Parfois, en flânant dans les ruelles calmes de la Judería, loin du brouhaha des visiteurs cherchant LA photo parfaite devant la Mezquita-Catedral, je me surprends à penser : qu’est-ce qui fait vraiment le bonheur ici ? Est-ce d’avoir tout vu, tout coché sur sa liste ou de savourer l’instant, aussi simple soit-il ? Le mot-clé qui me vient souvent est expérience. J’ai rencontré tant de voyageurs obsédés par l’idée d’un « séjour réussi », comme s’il fallait toujours en faire plus – mais au fond, ce n’est ni une table étoilée ni un selfie viral qui rendent nos souvenirs inoubliables.

À Cordoue, où l’histoire bruisse sous chaque pierre, j’observe combien la quête du spectaculaire nous fait parfois oublier la beauté des petites choses : un patio fleuri sans personne autour, un café partagé sous les orangers en avril. Cette modestie du quotidien me rappelle le concept aristotélicien du « juste milieu ». Et si c’était ça, l’excellence cordouane ?

Aristote et Marco Aurèle sous le soleil andalou

Vous pourriez croire que parler de philosophie antique n’a pas grand-chose à voir avec une escapade andalouse… Mais détrompez-vous ! Aristote appelait à rechercher le juste milieu, cette fameuse "mésotês" entre excès et défaut. Ici, cela prend tout son sens. Nul besoin d’accumuler les visites ou les expériences tape-à-l’œil pour ressentir une véritable connexion avec la ville.

De même, Marc Aurèle, empereur stoïcien devenu figure culte bien au-delà des bancs universitaires, recommandait de cultiver avant tout notre paix intérieure. À Cordoue, je vois chaque jour cette sagesse appliquée : les Cordouans prennent leur temps lors des fêtes comme lors des petits riens quotidiens. La modération, loin d’être fadeur ou renoncement, devient ici gage d’équilibre et de profondeur.

La culture locale : éloge de la simplicité vivante

Cordoue a bâti sa réputation sur ses fastes passés – Omeyyades éblouissants, joyaux architecturaux… Pourtant, c’est la culture populaire qui m’émerveille toujours autant. Le vrai patrimoine réside peut-être dans ce tissage d’expériences modestes :

  • Les conversations à voix basse sur les places ombragées au petit matin.
  • Les gestes discrets lors des processions religieuses.
  • L’art du flamenco pratiqué pour soi-même autant que pour le public (souvent plus poignant dans une taberna cachée que sur scène).

La sagesse locale ne vise pas l’extraordinaire mais l’authentique. Cela rejoint ce que Marina van Zuylen défend avec sa "recherche d’excellence en ton mineur". Ici, on célèbre volontiers ces vertus discrètes qui composent la toile de fond de la vie quotidienne.

L’expérience personnelle : quand voyager rend modeste… et heureux !

Permettez-moi une confidence : mes meilleurs souvenirs ne sont jamais ceux que j’avais planifiés. Ce sont ces moments inattendus où j’ai accepté de ralentir — m’attarder devant un patio entrouvert ou discuter avec une vieille dame fière de ses géraniums. J’ai appris auprès des habitants qu’on n’a pas besoin de courir après le "succès" touristique.

Un exemple frappant ? Pendant la Feria de Córdoba en 2023, alors que beaucoup cherchaient LA soirée exclusive dans une caseta huppée, j’ai suivi quelques amis cordouans jusqu’à un petit bal improvisé derrière l’église San Andrés. Là-bas, il n’y avait ni foule ni influenceurs — seulement des rires sincères et quelques accords maladroits à la guitare. C’était imparfait… et absolument parfait.

Médiocrité vertueuse : comment cultiver ce trésor invisible ?

Ralentir ne veut pas dire renoncer au plaisir – bien au contraire ! Voici quelques idées concrètes pour embrasser cette philosophie lors de votre visite :

  • Privilégiez une balade sans objectif précis dans les quartiers hors circuits touristiques (San Lorenzo ou Santa Marina par exemple).
  • Participez à un atelier artisanal local pour découvrir le vrai rythme cordouan.
  • Accordez-vous du temps pour observer simplement la vie passer depuis une terrasse – sans smartphone !
  • Posez-vous cette question : "Qu’est-ce qui me ferait plaisir là maintenant ?" Plutôt que "qu’est-ce qu’il faut absolument faire pour dire que j’ai réussi mon voyage ?"

Ce changement d’état d’esprit permet non seulement de mieux savourer chaque instant mais aussi de repartir avec un sentiment profond d’accomplissement personnel — celui dont parlent les philosophes antiques et que trop peu osent revendiquer aujourd’hui.

Pour prolonger cette réflexion sur les liens entre bonheur et vie locale à Cordoue (et ailleurs), je vous recommande chaudement cet article officiel sur l’art du patio, véritable symbole vivant de notre patrimoine humain discret.

Échapper à la roue infernale du « toujours plus » : quelques pistes inspirantes

Notre époque valorise souvent le spectaculaire — accumuler les lieux visités comme des trophées Instagram. Mais cela n’apporte qu’une satisfaction éphémère (les psychologues parlent même « d’adaptation hédonique »). J’en ai moi-même fait l’expérience lors d’un road trip en Andalousie où mes attentes élevées ont fini par me frustrer… avant que je n’apprenne à lâcher prise grâce aux conseils avisés d’une amie sévillane.

À Cordoue comme ailleurs,
l’essentiel se niche souvent dans ce qu’on laisse advenir naturellement plutôt que dans ce qu’on cherche à contrôler frénétiquement.
La médiocrité vertueuse est alors moins un état qu’un choix quotidien — celui de privilégier ce qui nourrit durablement notre bien-être intérieur plutôt que notre image extérieure.

Pour celles et ceux curieux·ses de prolonger ces réflexions sur le succès et l’équilibre intérieur selon Aristote ou Marc Aurèle (en espagnol), voici un excellent dossier pédagogique universitaire qui éclaire ces concepts fondamentaux.

Questions fréquentes

Pourquoi parle-t-on ici positivement de « médiocrité » ?

Dans son sens originel latin (« mediocris »), la médiocrité désigne simplement ce qui est moyen ou équilibré — loin du jugement péjoratif moderne. Dans ce contexte cordouan et philosophique, c’est surtout un art subtil de viser le juste milieu pour atteindre bien-être et sérénité.

Comment intégrer cette philosophie lors d’un séjour à Cordoue ?

Oubliez votre check-list exhaustive ! Privilégiez plutôt l’imprévu : laissez-vous porter par les sons d’une guitare derrière une porte entrouverte ou prenez le temps d’échanger avec les commerçants locaux — c’est ainsi que naissent vos plus belles découvertes personnelles.

Cette approche s’applique-t-elle uniquement aux voyageurs ?

Pas du tout ! Elle inspire aussi notre vie quotidienne à Cordoue : choisir la lenteur lors des repas familiaux ou apprécier pleinement nos fêtes traditionnelles sans chercher constamment l’extraordinaire devient source profonde de joie durable.

Photo by Free Nomad on Unsplash

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