17 Cette expo Lola Flores au C3A de Cordoue ? Un choc ! Ana Segovia réinvente la légende en montrant son absence. À voir absolument pour comprendre l'écho du mythe.L’Écho de la Gitane : Quand l’Absence Révèle la Légende à Cordoue Ah, Lola Flores… Son nom seul suffit à faire vibrer l’Andalousie, n’est-ce pas ? « La Faraona », un ouragan de talent, de force et de duende. Vivant ici à Cordoue depuis des années, j’ai vu combien sa figure reste ancrée dans l’imaginaire collectif. On pourrait penser qu’une exposition sur elle serait une explosion de couleurs, de volants et de cette présence scénique incomparable qui remplissait l’écran et la scène. Eh bien, préparez-vous à être surpris, car l’exposition Lola Flores par l’artiste mexicaine Ana Segovia au C3A de Cordoue prend un chemin radicalement différent. Et c’est précisément là que réside toute sa force, et tout mon coup de cœur. Le Centre de Création Contemporaine d’Andalousie (C3A), ce vaisseau de béton et de verre posé en bord de fleuve Guadalquivir, est déjà en soi un lieu fascinant. Il ne se contente pas de montrer de l’art, il invite à la réflexion, bouscule les perceptions. Accueillir Lola Flores ici, icône populaire par excellence, n’est pas anodin. C’est un dialogue audacieux entre la mémoire collective et la création contemporaine. Mais ce qui rend cette exposition unique, ce n’est pas la présence de Lola, mais… son absence. Le Paradoxe Fascinant : Lola Flores, la Grande Absente L’idée centrale d’Ana Segovia, inspirée notamment par le film culte Pena, penita, pena (1953) où Lola partage l’affiche avec Antonio Flores (son père), est de représenter la légende en se focalisant sur ceux qui la regardent, ou plutôt, sur le vide qu’elle laisse. C’est un concept d’une intelligence rare, surtout pour une figure dont la présence était si écrasante. Dans les treize peintures à l’huile sur toile et l’image transférée sur bois qui composent l’exposition, Lola Flores n’apparaît jamais. Jamais. À la place, Segovia peint des personnages, souvent de dos, absorbés par un point invisible hors champ, là où Lola devrait être. Ils regardent avec intensité, avec désir, avec une sorte de fascination mélancolique l’espace vide. C’est comme si l’artiste capturait l’onde de choc laissée par la présence de Lola, l’impact qu’elle avait sur son entourage et sur le public. L’absence n’est pas un manque, mais une manière de mettre en lumière le pouvoir évocateur du mythe, la manière dont une figure légendaire continue d’exister dans le regard et le souvenir des autres. En tant que résidente, je vois cela comme un écho de la manière dont l’histoire et les figures emblématiques de l’Andalousie perdurent, souvent plus puissamment par leurs échos que par leur présence physique. L’Œil du Cinéma : Scénographie et Perspectives Ana Segovia ne se contente pas de peindre des tableaux ; elle conçoit l’exposition comme une expérience cinématographique. L’influence du cine de oro español est partout, pas seulement dans les titres évocateurs des œuvres qui ressemblent à des génériques, mais aussi dans la manière dont l’espace est structuré. Des rideaux, des jeux de lumière, des cadres qui fragmentent la vue… on a l’impression de déambuler à travers des plans de caméra, d’entrer dans les coulisses d’un plateau de tournage. Vous pourriez être interessé par Thérapie de couple : Comment maintenir l’amour 13 février 2024 Découvrez le sandwich gourmet de Manuel Costiña pour le Festival ‘O Son do Camiño’ 2024 24 mai 2024 Cette approche scénographique renforce le thème de l’absence et du regard. Notre propre regard de spectateur est guidé, parfois obstrué, nous devenons nous aussi des observateurs de l’acte d’observer. C’est une mise en abyme fascinante. Les couleurs choisies par Segovia – ocres, roses acides, jaunes intenses – évoquent une certaine théâtralité baroque, un peu comme les intérieurs somptueux ou les décors stylisés des films de l’époque. La tension visuelle entre ce qui est montré (les personnages, le décor) et ce qui est caché (Lola, l’objet de leur regard) crée une atmosphère unique, presque palpable. « Ecos de Oro » : Le Cinéma en Dialogue Une excellente initiative parallèle à l’exposition est le cycle de cinéma « Ecos de Oro : folclore andaluz y resistencia en el cine clásico español y mexicano ». C’est plus qu’une simple programmation de films ; c’est une clé pour comprendre l’exposition d’Ana Segovia. Voir ou revoir des classiques comme Pena, penita, pena (incontournable pour l’exposition), Carmen, la de Triana (avec la grande Imperio Argentina, autre mythe) ou Bodas de sangre de Carlos Saura (qui réinvente le flamenco et Lorca) permet de saisir le contexte visuel et culturel qui a nourri l’artiste. Chaque projection est accompagnée d’une introduction et d’un débat, ce qui enrichit considérablement l’expérience. On peut y explorer la représentation du folklore andalou – souvent figé ou idéalisé par le régime franquiste – mais aussi les formes de résistance qui s’y cachaient ou s’y exprimaient. Le dialogue entre le cinéma classique et la peinture contemporaine de Segovia est essentiel pour apprécier pleinement la subtilité de son travail. Elle ne fait pas une simple illustration du passé, elle l’interroge, le décortique à travers le prisme du regard et de l’absence. Au-delà du Mythe : Réflexions sur le Regard et le Désir Ce que cette exposition réussit brillamment, c’est à transformer un sujet apparemment simple – un hommage à une icône – en une profonde méditation sur des thèmes universels : le pouvoir du regard, la nature du désir, la construction des mythes et la manière dont l’absence peut être plus parlante que la présence. La commissaire, Jimena Blázquez Abascal, le souligne bien : l’exposition fait de nous, spectateurs, des « témoins externes », des « intrus » qui observent d’autres observer. C’est une expérience presque voyeuriste, mais qui nous renvoie à notre propre manière de percevoir le monde, les figures publiques, et l’art lui-même. Voir ces personnages peints, fixant ce vide où l’on sait que Lola est censée être, c’est voir la force de l’imagination, la capacité de l’esprit à projeter une image, un souvenir, un désir sur un espace vide. C’est particulièrement poignant pour une figure comme Lola Flores, qui a tellement incarné l’excès, la vie, la présence débordante. En la faisant disparaître, Ana Segovia la rend peut-être encore plus présente dans notre propre imagination, dans le souvenir que l’on a d’elle ou que l’on se construit. C’est une leçon d’art et de vie. En Pratique et Mon Verdict Personnel Si vous êtes à Cordoue entre le 24 avril 2025 et le 6 janvier 2026, cette exposition est, à mon sens, un passage obligé. Elle se tient dans la Sala T4 du C3A, un espace qui se prête merveilleusement à ce type de parcours immersif. Le C3A est facilement accessible et sa visite peut être combinée avec une promenade le long du fleuve ou vers le jardin botanique voisin. N’hésitez pas à consulter le site officiel du C3A pour les horaires et le programme détaillé du cycle de cinéma : Site Officiel C3A Cordoue. Pour en savoir plus sur la figure légendaire de Lola Flores, un bon point de départ est souvent le site de la Radiotelevisión Española (RTVE) qui lui a consacré de nombreux documentaires et archives : Archives RTVE sur Lola Flores. Cette exposition n’est pas une simple rétrospective ou un hommage conventionnel. C’est une œuvre en soi, une invitation à penser l’art, le cinéma, le mythe et la culture andalouse sous un angle neuf et profondément stimulant. Ana Segovia, avec finesse et intelligence, nous offre une Lola Flores réinventée, non pas dans sa présence physique, mais dans l’écho puissant qu’elle laisse, et dans le regard de ceux qui ne cessent de la chercher. C’est audacieux, c’est beau, et c’est, je crois, la meilleure manière de célébrer une légende : en montrant que sa force va bien au-delà de ce que l’on voit. FAQ : Vos Questions sur l’Expo Lola Flores au C3A Est-ce une exposition de souvenirs ou d’objets ayant appartenu à Lola Flores ? Non, absolument pas ! C’est une exposition d’art contemporain par l’artiste Ana Segovia. Elle utilise la figure de Lola Flores et l’esthétique du cinéma classique comme inspiration pour ses peintures, mais l’exposition se concentre sur les œuvres de Segovia et le concept de l’absence, pas sur des reliques de Lola. Dois-je connaître l’œuvre de Lola Flores ou les films mentionnés pour apprécier l’exposition ? Ce n’est pas strictement nécessaire pour apprécier l’art de Segovia et le concept visuel. Cependant, avoir quelques notions sur Lola Flores ou voir les films du cycle parallèle enrichira considérablement votre compréhension et votre appréciation des références et des thèmes explorés par l’artiste. Le C3A est-il difficile d’accès à Cordoue ? Pas du tout ! Le C3A est situé sur l’Avenida Campo de la Verdad, près du fleuve. Il est accessible à pied depuis le centre historique (comptez une quinzaine de minutes) ou en bus. C’est un bâtiment moderne et bien indiqué. Sa situation en fait une belle destination de promenade culturelle. Pourquoi cette exposition est-elle considérée comme « originale » ? Son originalité réside dans son concept central : représenter une figure célèbre comme Lola Flores par son absence plutôt que par sa présence. C’est une approche conceptuelle qui invite à réfléchir sur le mythe, le regard et la mémoire, s’éloignant des hommages plus conventionnels. Media: El Día de Córdoba – Exposición de ‘Me duelen los ojos de mirar sin verte’ / Junta de Andalucía ArtisteExposition 0 FacebookTwitterPinterestThreadsBlueskyEmail María Fernanda González María est notre journaliste voyage basée à Cordoue. En tant que Cordouane et exploratrice du monde, elle possède un talent particulier pour connecter les voyageurs francophones à l'essence de sa ville. Sur Escapade à Cordoue, María partage ses découvertes, ses conseils d'experte locale et ses récits qui donnent vie au patrimoine et à la culture vibrante de Cordoue et de l'Andalousie. Elle explore aussi bien les ruelles historiques de la Judería que les métropoles lointaines, toujours en quête d'histoires qui relient les gens et les lieux. Ses contributions sont une invitation à voir Cordoue à travers les yeux d'une passionnée, offrant des clés pour un voyage enrichissant en Andalousie. entrée prédédente Ces regards cachés au C3A Cordoue… entrée suivante Expo C3A Cordoue : l’art qui murmure A lire aussi Córdoba: le charco de Carcabuey, le cocktail rural... 31 août 2025 Córdoba, bebetecas: et si bébé découvrait la bibliothèque... 31 août 2025 Córdoba: le Cine Fuenseca s’embrase cet automne —... 30 août 2025 Córdoba, cines de verano 2025 : la soirée... 29 août 2025 Córdoba, flamenco et ciné d’été: mes bons plans... 29 août 2025 Córdoba, ce week-end: flamenco, ferias et un Mundial... 28 août 2025 Córdoba, cines de verano 2025: lequel choisir ce... 28 août 2025 Córdoba, flamenco et vin: mon plan d’été secret... 26 août 2025 Zaragoza, Gamberro comme un local: 17 étapes qui... 25 août 2025 Córdoba, Taberna n°10: le spot à tapas de... 25 août 2025