23 Le Códice de Metz à la BNE, c'est le livre le plus vieux de Madrid ! Un trésor du IXe siècle, entre étoiles et fêtes religieuses. Un voyage fascinant à découvrir absolument !Ah, Madrid ! Sa lumière, son énergie… et ses trésors cachés. En tant que Français installé à Cordoue, passionné par les strates d’histoire qui font l’Espagne, je suis toujours ébloui par ce que l’on trouve en fouillant un peu. Et croyez-moi, la Bibliothèque Nationale d’Espagne (BNE) à Recoletos recèle des merveilles qui vous coupent le souffle. Mais il y en a une en particulier, tapie dans l’ombre, qui me fascine plus que tout : le Códice de Metz. Ce n’est pas juste un vieux livre ; c’est une porte ouverte sur une époque lointaine, un fragment de ciel et de savoir vieux de plus de mille ans. Imaginez un peu : le plus ancien manuscrit que la BNE possède. Ce n’est pas rien ! Il date du IXe siècle, commandé par un fils de Charlemagne, Drogo, pour une raison étonnante qui mêle science et religion. Il servait, entre autres, à calculer les fêtes mobiles du calendrier liturgique, comme Pâques. Un véritable ordinateur de papier pour organiser le temps sacré ! Quand les étoiles dictaient le calendrier sacré Ce qui rend ce manuscrit si unique, c’est son double objectif. D’un côté, il compile le savoir scientifique de l’époque, notamment en matière de computus (le calcul du calendrier, surtout pour Pâques) et d’astrologie. De l’autre, il a une finalité profondément religieuse et pratique pour l’Église Carolingienne. C’est un reflet parfait de cette époque où la connaissance, même celle des étoiles, était au service du divin. Loin de l’astrologie divinatoire telle qu’on l’entendrait aujourd’hui, il s’agissait d’une science de l’observation, essentielle pour fixer les moments clés de l’année liturgique. Pensez à l’importance de Pâques, qui dépend du cycle lunaire ! Ce codex fournissait les outils pour que toute l’Europe carolingienne célèbre au même moment. Un effort d’unification par le savoir, par les chiffres, par le ciel. Ça me fait réfléchir à la façon dont nos propres outils numériques structurent notre temps aujourd’hui, mais avec une poésie en moins, avouons-le. Des constellations et des bêtes, un art inattendu Physiquement, le Códice de Metz est un manuscrit sur parchemin, relié simplement. Il compte 76 feuillets, écrits en latin dans cette écriture si claire et élégante qu’est la minuscule carolingienne – une petite révolution pour la lisibilité à l’époque ! Mais le vrai coup de cœur, ce sont ses illustrations. 42 représentations des constellations, tracées à la plume ou peintes, d’un réalisme surprenant pour certaines. Hercule, la Vierge, Cassiopée… elles sont là, figées dans le temps. Et puis, il y a les animaux ! Serpents, cétacés, lièvres, taureaux… Leur présence, parfois entrelacée avec les figures célestes, apporte une touche de vie inattendue. J’ai été particulièrement intrigué par le changement de style : les premières figures sont pleines, réalistes, tandis que les dernières, à partir de la page 60, deviennent plus planes. Pourquoi ? Un changement de copiste ? Un manque de temps ? Le mystère ajoute à l’attrait. Cet aspect artistique est souvent sous-estimé face à son utilité scientifique, mais pour moi, c’est là que réside l’âme du manuscrit, la main de l’homme derrière la science. Un voyage à travers les siècles jusqu’à Madrid L’histoire de ce manuscrit est un roman en soi. Né près de Metz (d’où son nom), il a voyagé. On le retrouve au monastère bénédictin de Prüm en Allemagne, puis il passe par Liège. Comment a-t-il traversé l’Europe pour finir en Espagne ? Il aurait été confisqué en Sicile par le Duc d’Uceda, avant d’arriver en Espagne et d’intégrer la Real Librería Pública fondée par Philippe V au début du XVIIIe siècle. C’est ainsi qu’il a rejoint le fonds initial de la Bibliothèque Nationale. Pensez à tous les regards qui se sont posés sur ces pages, de moines savants à des ducs collectionneurs, en passant par les premiers bibliothécaires royaux ! Chaque tache, chaque pli raconte une partie de ce long voyage. C’est une humilité fascinante de voir ce manuscrit, témoin de tant d’époques, désormais conservé avec un soin extrême. Un trésor inestimable sous haute protection Aujourd’hui, le Códice de Metz dort paisiblement dans la chambre forte du dépôt des manuscrits de la BNE. Sa valeur est jugée incalculable. Et pour cause ! Il est préservé dans des conditions idéales : température constante de 18°C et humidité relative ne dépassant pas 40%. C’est un peu comme si on lui offrait une retraite de luxe après son voyage mouvementé. Bien sûr, la BNE possède d’autres documents très anciens, comme le Papiro de Ezequiel, qui est même plus vieux (début IIIe siècle) mais qui est un dépôt de la Fundación Pastor, pas une possession de la BNE. Le Códice de Metz, lui, appartient bien à la nation espagnole. Sa préservation méticuleuse n’est pas juste une question de conservation matérielle ; c’est la sauvegarde d’une mémoire, d’un savoir, d’un lien direct avec l’ère carolingienne et la manière dont on structurait le monde il y a plus de mille ans. Il nous rappelle l’importance des scriptoria comme ceux d’Aix-la-Chapelle, de Tours ou de Reims qui, en copiant et diffusant de tels textes, ont littéralement recopié et diffusé le savoir en Europe. Pour en savoir plus sur les manuscrits médiévaux et leur préservation, vous pouvez consulter la section dédiée sur le site de la BNE. Ou peut-être vous plonger dans l’histoire de la Renaissance Carolingienne qui a rendu ce type d’œuvre possible. Vous pourriez être interessé par Top activités culturelles à Córdoba pour Noël 2023 15 décembre 2024 Córdoba : une immersion culturelle entre patrimoine et modernité 8 avril 2025 FAQ sur le Códice de Metz Peut-on voir le Códice de Metz ? Étant un document d’une valeur inestimable et d’une fragilité extrême, le Códice de Metz n’est généralement pas exposé au public en permanence. Il est conservé dans des conditions optimales pour sa préservation. Cependant, il peut parfois être inclus dans des expositions temporaires de la BNE. Le meilleur moyen est de consulter le programme d’expositions de la bibliothèque. Pourquoi est-il si important ? C’est le plus ancien livre que la BNE possède en propre, ce qui lui confère une valeur historique et patrimoniale immense. De plus, c’est un témoin clé du savoir scientifique (computus, astrologie) et de l’art (illustrations) de l’époque carolingienne. Sa diffusion en Europe montre son importance dans la transmission du savoir au IXe siècle. Qu’est-ce que le ‘computus’ ? Le computus est la science du calcul du calendrier, particulièrement utilisée au Moyen Âge pour déterminer la date de Pâques et des autres fêtes mobiles du calendrier liturgique. C’était une discipline complexe nécessitant des connaissances en astronomie et en mathématiques. Qu’est-ce que la minuscule carolingienne ? C’est un type d’écriture mis au point à l’époque carolingienne (fin du VIIIe-IXe siècle). Très claire, lisible et uniforme, elle a remplacé les écritures désordonnées qui la précédaient. Elle est à l’origine de nos minuscules actuelles et a grandement facilité la copie et la diffusion des textes en Europe. Media: Diario Córdoba – Dos páginas del códice de Metz que atesora la Biblioteca Nacional de España. / CEDIDA Source: Diario Córdoba – La odisea del libro más antiguo de la Biblioteca Nacional: fue clave para organizar las fiestas religiosas 0 FacebookTwitterPinterestThreadsBlueskyEmail María Fernanda González María est notre journaliste voyage basée à Cordoue. En tant que Cordouane et exploratrice du monde, elle possède un talent particulier pour connecter les voyageurs francophones à l'essence de sa ville. Sur Escapade à Cordoue, María partage ses découvertes, ses conseils d'experte locale et ses récits qui donnent vie au patrimoine et à la culture vibrante de Cordoue et de l'Andalousie. Elle explore aussi bien les ruelles historiques de la Judería que les métropoles lointaines, toujours en quête d'histoires qui relient les gens et les lieux. Ses contributions sont une invitation à voir Cordoue à travers les yeux d'une passionnée, offrant des clés pour un voyage enrichissant en Andalousie. entrée prédédente Festival des Fleurs : La musique qui fait vibrer Cordoue entrée suivante Musique Cordoue : Le secret de Lo Prohibido ? 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