L’enigma Nadiuska : la vie méconnue d’une actrice du destape
Valeria Vegas, journaliste, documentariste, essayiste, écrivaine, collaboratrice et productrice, est également transgenre. Cette particularité lui a permis de développer une sensibilité particulière pour raconter des histoires de femmes qui vont à contre-courant. En 2015, elle a publié la biographie de La Veneno, intitulée « ¡Digo! Ni puta ni santa. Las memorias de La Veneno », qui a servi de base à la série « Veneno » diffusée sur Atresplayer. Sa prochaine production, « Vestidas de azul », sera lancée en décembre. En attendant, la plateforme diffuse chaque dimanche (avec ce dimanche le deuxième épisode) une docuserie intitulée « El enigma Nadiuska », qui révèle des détails méconnus de la vie de la célèbre actrice du « destape ».
Les secrets de Nadiuska enfin révélés
Dans le premier épisode, nous avons découvert de nombreuses informations sur Nadiuska, une actrice du « destape » qui était bien plus qu’une simple icône de l’époque. Cette docuserie va au-delà du simple portrait d’un personnage emblématique et pose un regard critique sur la société espagnole des années 70 et 80. C’est d’ailleurs pour cela qu’elle s’intitule « El enigma Nadiuska » car il y a de nombreux mystères et zones d’ombre qui entourent cette actrice. Grâce à des interviews de 50 personnes à travers les trois épisodes, nous apprenons petit à petit à démêler le vrai du faux.
Une approche façon « true crime »
La réalisatrice a bénéficié d’une totale liberté artistique pour mener à bien son projet, mais elle a tout de même opté pour un fil conducteur façon « true crime ». Cette mise en scène peut sembler déroutante mais elle se justifie par la multiplicité des témoignages recueillis. Certains ont connu Nadiuska dans les années 70, d’autres dans les années 80 ou encore dans les années 90. Cette façon de raconter l’histoire permet ainsi de mettre en lumière la diversité des époques que l’actrice a traversées.
Une actrice courageuse
Malgré le puritanisme ambiant lors de la Transition espagnole, Nadiuska était une actrice audacieuse qui n’avait pas froid aux yeux. Elle ne faisait que suivre son instinct, sans se soucier du regard des autres. Une attitude qui lui a valu bien des critiques et des difficultés dans sa carrière. Le fait de ne pas avoir de préjugés envers la nudité, contrairement à d’autres actrices, lui a permis de se distinguer dans un milieu où se déshabiller sur grand écran était un acte encore très tabou. Mais cela lui a également joué des tours car elle n’avait personne pour la protéger des désirs malsains de certains réalisateurs ou producteurs.
Un MeToo pour les actrices du « destape »
Le deuxième épisode de la docuserie met en lumière un aspect encore méconnu de l’industrie du « destape » : le MeToo des actrices. La réalisatrice a souhaité donner la parole à celles qui ont vécu cette époque difficile et injuste. Ces actrices, qui ont elles aussi dû se déshabiller pour obtenir un rôle, ont été mises au ban de la société après la fin de leur carrière. Elles ont toutes dû lutter pour se reconstruire et trouver une place dans la société, loin des feux de la rampe.
Un regard nouveau sur cette période de l’histoire espagnole
Valeria Vegas aborde également dans ses productions la question des persons transgenres. Dans la série « Veneno » et dans « Vestidas de azul », qui sortira en décembre, elle met en lumière la dure réalité de ces femmes qui doivent vivrent à contre-courant de la société. Ces productions ne sont pas une simple suite de « Veneno », mais elles traitent tout de même du même sujet, à savoir la vie des personnes transgenres en Espagne. Dans la série « Veneno », Valeria Vegas incarne d’ailleurs le personnage de Valeria, qui est également une actrice du « destape ».
Un combat pour l’acceptation
Le personnage de Valeria, véritable incarnation de la réalisatrice, est un symbole de résilience et de courage. Elle a la chance d’avoir eu des parents compréhensifs et une vie sans trop de difficultés, mais elle reste consciente que beaucoup de personnes transgenres n’ont pas cette chance. Pendant longtemps, les parents reniaient leurs enfants parce qu’ils étaient différents. Mais Valeria Vegas ne veut pas que les stéréotypes et les préjugés continuent à causer des souffrances inutiles à des personnes qui n’ont qu’à vivre leur vie en paix.
Une industrie du cinéma qui doit se remettre en question
Cette docuserie est également l’occasion de remettre en question les pratiques honteuses de l’industrie du « destape ». Les actrices ont souvent été maltraitées, utilisées et jetées après usage. Mais ce n’est pas seulement un problème de cette époque. Aujourd’hui encore, les actrices subissent des pressions pour obtenir certains rôles ou pour garder leur place dans l’industrie. Ces témoignages doivent nous faire réfléchir sur l’égale dignité de tous les êtres humains, et sur les dérives d’une industrie qui considère les actrices comme de simples objets.
En conclusion, « El enigma Nadiuska » est une docuserie qui met en lumière une époque méconnue de l’histoire espagnole ainsi que les actrices du « destape », qui ont souvent été oubliées et méprisées par l’industrie du cinéma. Grâce à des témoignages poignants et sincères, Valeria Vegas réussit à offrir une vision à la fois objective et critique de cette période tumultueuse. « El enigma Nadiuska » est une ode à la résilience et au courage des personnes qui ont été jugées et rejetées par la société simplement parce qu’elles étaient différentes. Un rappel nécessaire en ces temps où le respect et l’acceptation de chacun sont plus que jamais nécessaires.
