samedi 21 septembre 2024
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Un prix Goncourt sous le régime de Mussolini : la récompense de Jean-Baptiste Andréa

par María Fernanda González

Le prestigieux prix de littérature française a été décerné ce mardi à l’écrivain Jean-Baptiste Andréa, âgé de 52 ans. Son roman ‘Veiller sur elle’ (Veiller sur elle, qui n’a pas encore été traduit ou publié en Espagne) a remporté la 121ème édition du Goncourt. Après avoir également remporté le prix FNAC, cette histoire d’amour entre un sculpteur et une aristocrate dans l’Italie fasciste de l’entre-deux-guerres se consacre comme l’un des livres phares de cette rentrée littéraire en France. En Espagne, l’éditeur AdN la publiera au printemps 2024.

Le Goncourt représente la consécration de la solide carrière d’écrivain en France – et un moyen de se faire connaître à l’échelle internationale – pour Andréa, qui travaille également en tant que scénariste et réalisateur. Il n’a publié son premier roman qu’à l’âge de 46 ans. « Je pense à ces enfants qui se disent qu’il est très difficile d’être écrivain et qu’ils n’y arriveront jamais », a déclaré l’auteur, visiblement ému lors de son arrivée au restaurant parisien Drouant, où le Goncourt est remis chaque année depuis sa création en 1903. Il succède à Brigitte Giraud et à Vivir deprisa, un récit d’autofiction qui a remporté le prestigieux prix l’année dernière.

Pour la deuxième année consécutive, l’attribution du prix a nécessité un vote serré – jusqu’à 14 tours – et a finalement été décidée par le vote différencié du président du jury – entre le roman gagnant et Sarah, Susanne et l’écrivain de Éric Reinhart, un habitué de ce type de nominations et qui est reparti cette année encore les mains vides. Le prix Renaudot – un autre prix reconnu dans les lettres françaises – a également été décerné ce midi à l’auteure Ann Scott pour Les Insolents.

Ambiance en Italie fasciste de Mussolini
Comme dans un roman du XIXème siècle, avec des touches de romantisme à la Alexandre Dumas et Stendhal, Andréa raconte dans son livre primé une histoire d’amour, mais aussi de espièglerie et de vengeance. Les protagonistes sont Mimo Vitaliani – le personnage principal et un alter ego de l’auteur – qui est un modeste sculpteur, et Viola, l’héritière d’une famille extrêmement riche condamnée à un mariage non désiré. Une partie importante du roman est également consacrée à l’histoire d’une statue de la pitié (la Vierge Marie avec Jésus-Christ dans ses bras), l’une des pièces maîtresses du sculpteur protagoniste.

« Andréa écrit une véritable fresque romanesque qui traverse tout le XXème siècle (…). Son écriture est à la fois poétique et sobre », a déclaré au journal El Periódico de Catalunya, du groupe Prensa Ibérica, le dramaturge et philosophe Eric-Emmanuel Schmitt, l’un des membres de la prestigieuse Académie Goncourt. L’écrivain, dont la mère était italienne, situe une partie importante du roman dans l’Italie fasciste de l’entre-deux-guerres. « C’est un livre qui parle beaucoup de la tyrannie. La tyrannie intime que subit l’héroïne (Viola) a pour grand miroir la tyrannie du fascisme. Tant la grande tyrannie politique que la petite tyrannie du quotidien sont alimentées par la lâcheté », a expliqué Andréa lors d’une conférence de presse dans le luxueux restaurant Drouant.

L’un des succès commerciaux de la rentrée
En plus des romans d’Andréa et de Reinhart, étaient sélectionnés pour la décision finale du Goncourt le roman Humus de Gaspard Koenig – l’histoire de deux étudiants en agronomie tourmentés par l’urgence climatique – et Triste tigre de Neige Sinno, un récit autobiographique sur l’inceste. Avec 45 000 livres vendus, ce dernier livre a été l’un des phénomènes littéraires de cette rentrée, tant sur le plan commercial que critique, aux côtés du roman d’Andréa. Et a propulsé Sinno, 46 ans, qui vit au Mexique et est l’auteure d’une thèse de doctorat sur Raymond Carver et Richard Ford.

Peu connue jusqu’à présent en France, cette écrivaine a remporté lundi le prix Fémina, créé en 1904 en réponse à la misogynie de l’époque du Goncourt, une mauvaise réputation que le grand prix des lettres françaises a traînée jusqu’à aujourd’hui en ne récompensant que 13 femmes sur 120 ans d’histoire. Depuis 2021, le Goncourt – les auteurs ne peuvent l’obtenir qu’une seule fois – ne récompense pas les livres qui ont déjà remporté l’un des grands prix de l’automne. Pour cette raison, le livre de Sinno est resté en dehors des finalistes pour le prestigieux prix. « Cette année, c’est le Goncourt du romanesque. Il y a eu les Goncourt de l’autobiographie, de l’autofiction… Cette année, nous avons décidé de récompenser les longues histoires », a souligné Schmitt.

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