Temporairement rendues à Ghana : des dizaines de joyaux expoliés par deux musées britanniques

La polémique de la restitution des bijoux spoliés par le Royaume-Uni

La question de la restitution des œuvres d’art spoliées par le Royaume-Uni pendant la période coloniale a une fois de plus fait surface jeudi dernier. Le Musée Britannique et le Victoria & Albert Museum (V&A) ont conclu un accord avec le représentant actuel du royaume Asante, au Ghana, pour rendre temporairement une trentaine d’objets en or qui ont été arrachés à leur propriétaire légitime au XIXe siècle. Cet accord représente un pas important dans la restitution des œuvres volées par les autorités britanniques et ouvre également la porte à de futurs accords avec d’autres pays, tels que la Grèce ou le Nigeria, qui réclament également la restitution de bijoux et d’œuvres d’art.

L’accord entre les musées et le royaume Asante

Le roi Asante actuel, Otumfo Osei Tutu II, a conclu un accord avec les deux musées pour une durée initiale de trois ans, renouvelable à l’infini. Le Musée Britannique restituera 15 pièces, tandis que le V&A remettra 17 objets, tels que des insignes, des bagues et des épées, ainsi que d’autres pièces en or utilisées lors de rituels et de cérémonies du peuple Asante depuis des années. Nana Oforiatta Ayim, conseillère spéciale du ministre de la Culture du Ghana, a déclaré à la BBC que cet accord était un "bon point de départ" et qu’il représentait également une forme de réparation et une commémoration de la violence qui a eu lieu à l’époque.

La restitution du patrimoine

Les directeurs des deux musées ont exprimé leur intention de conclure d’autres accords de ce type en tant qu’opportunité de rendre temporairement les œuvres aux pays concernés, car pour l’instant la législation britannique interdit la restitution définitive des pièces. Tristram Hunt, directeur du V&A, a déclaré : "Si nous gardons des objets provenant de guerres et de pillages lors de campagnes militaires, nous avons la responsabilité envers les pays d’origine de réfléchir à la façon dont nous pouvons les partager de manière plus juste."

Des accords entre particuliers et institutions

Ces accords, s’ils sont conclus, seront entre des particuliers et des institutions, et non entre des gouvernements, car les pays concernés craignent de perdre la propriété exclusive des reliques spoliées s’ils acceptent officiellement les prêts. Les directeurs des musées ont défendu cette solution malgré les critiques de ceux qui souhaitent que les pièces restent au Royaume-Uni, craignant qu’elles ne soient pas traitées correctement ou qu’elles ne soient pas rendues une fois le délai écoulé. Certains opposants soutiennent également que cet accord ouvrira la voie à d’autres cas similaires et mettra fin à l’existence même d’institutions comme le Musée Britannique ou le V&A. Cependant, Hunt insiste sur le fait que seule une petite partie des trois millions d’objets et d’œuvres d’art exposés dans son musée ont été réclamés par leurs supposés propriétaires légitimes.

Des changements de législation

Au-delà de la possibilité de conclure des accords similaires à l’avenir, il est peu probable que le Parlement britannique modifie les lois interdisant la restitution du patrimoine spolié pendant des siècles. Ni le Parti conservateur ni le Parti travailliste ne se sont montrés ouvertement disposés à le faire, ce qui a créé des tensions avec les pays concernés. La dernière affaire en date a été la dispute entre le premier ministre Rishi Sunak et son homologue grec Kyriakos Mitsotakis, après que le premier ait annulé, fin novembre, une réunion prévue à Londres pour discuter de la restitution des marbres du Parthénon à la Grèce. Le gouvernement britannique a insisté sur le fait qu’il n’envisageait pas cette possibilité, malgré la pression des autorités grecques et même de Carlos III, qui est apparu à la COP-28, peu de temps après la polémique, avec une cravate aux couleurs de la Grèce.

Une solution pragmatique pour l’avenir

George Osborne, ancien ministre des Finances et actuel président du conseil d’administration du Musée Britannique, a affirmé en décembre son intention de trouver une manière "pratique, pragmatique et rationnelle" de progresser dans la restitution des œuvres, en évitant les querelles entre gouvernements. Un point sur lequel Hunt est d’accord, ajoutant que cet accord pour la restitution temporaire des bijoux Asante est une façon d’éviter la politique en attendant des solutions à plus long terme. En attendant, la lutte pour la restitution du patrimoine spolié par le passé colonial continue.

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