Culture Quand Franco a voulu détruire la Cathédrale de Cordoue par Pedro Del Pozo 15 décembre 2024 0 La Mezquita-Catedral de Córdoba, symbole de l'histoire andalouse, incarne des conflits culturels. La résolution de 1973 souligne l'importance de la coexistence des héritages chrétien et islamique.La Mezquita-Catedral de Córdoba : Une Histoire de Conflits et de Convergences Un Patrimoine Controversé La Mezquita-Catedral de Córdoba est un symbole emblématique de la riche histoire andalouse, mais son existence même a été l’objet de débats passionnés, notamment au XXe siècle. L’idée d’amputer la cathédrale de la mosquée pour la transférer dans un édifice séparé a été envisagée par les dirigeants espagnols pendant une grande partie du siècle, en particulier sous la dictature de Franco. Ce projet ambitieux visait à restaurer le monument à son état du Xe siècle, avant l’intervention du XVIe siècle qui avait introduit le crucero au centre du temple. L’architecte Michelle Lamprakos, dans son étude approfondie intitulée Recuperar la Mezquita Mayor de Córdoba: Historia de una idea, révèle des plans originaux conçus par Rafael de La-Hoz Arderius dans les années 70. Ce dernier proposait d’ériger une nouvelle cathédrale sur le flanc est de la mosquée, un projet qui aurait radicalement transformé l’espace sacré. La vision d’Arderius n’était pas sans précédent ; elle s’inscrivait dans une longue tradition d’idées visant à "purifier" la mosquée, dont les racines remontent à l’époque républicaine. Les Ambitions Franco et la Diplomatie Islamique Franco souhaitait non seulement rectifier ce qu’il considérait comme une aberration architecturale, mais aussi se rapprocher du monde islamique après la guerre civile. En 1937, lors d’un discours devant des pèlerins musulmans à Séville, il évoquait sa volonté de "revivre" les lieux saints d’Espagne, incluant sans aucun doute la célèbre mosquée. L’idée du transfert a gagné en popularité parmi certains penseurs nationalistes musulmans comme Shakib Arslan, qui a exhorté le gouvernement républicain à rendre la mosquée aux musulmans. Malgré ces initiatives interrompues par la guerre civile, Franco a relancé ce débat dans les années 50 alors que le régime cherchait à établir des relations diplomatiques favorables avec le monde arabe. La nécessité d’améliorer l’image internationale de l’Espagne après la Seconde Guerre mondiale a accentué cette pression pour un rapprochement culturel et religieux. Réactions Locales et Projets Architecturaux Sous l’administration d’Antonio Cruz Conde, plusieurs projets ont été mis en œuvre pour valoriser l’héritage andalou de Cordoue. Le roi du Maroc a même prié dans la mosquée dans les années 50, illustrant les efforts déployés pour montrer une Espagne respectueuse des traditions islamiques. Les dignitaires arabes étaient régulièrement invités à Cordoue, leurs visites étant soigneusement orchestrées pour éviter toute offense aux sensibilités musulmanes. Vous pourriez être interessé par La nouvelle œuvre de F.J.Gutiérrez: ‘La espera’ envoute les cinéphiles d’El Tablero 16 décembre 2023 Córdoba : Espagne et Inde unies pour les droits des femmes 17 novembre 2024 Cependant, malgré ces tentatives diplomatiques et culturelles, le projet de transfert n’a jamais abouti. En 1971, Rafael de La-Hoz Arderius reprit le flambeau et proposa un plan audacieux : déplacer le crucero tout en restaurant la mosquée à son état originel du Xe siècle. Bien que ses idées aient suscité un certain intérêt parmi certains architectes influents et au sein d’organisations comme ICOMOS, elles rencontrèrent une forte opposition. La Résolution Historique et ses Conséquences La réunion d’experts ICOMOS en 1973 fut décisive : elle conclut que toutes les couches historiques du bâtiment devait être conservées. Ce qui est devenu connu sous le nom de Résolution de Córdoba marqua un tournant dans la perception du patrimoine culturel en Espagne. Elle affirmait que la coexistence des éléments chrétiens et islamiques représentait une opportunité d’apprentissage mutuel plutôt qu’une source de conflit. Cette résolution inscrivit fermement l’idée que la superposition culturelle était non seulement acceptable mais également souhaitable. Elle mit ainsi fin aux ambitions architecturales tant franquistes que celles d’Arderius et établit un nouveau paradigme pour considérer ce monument unique comme une preuve tangible des interactions complexes entre différentes cultures. Une Évolution Contemporaine Aujourd’hui, bien que les idéaux exprimés par la Résolution aient été largement acceptés, ils sont souvent contredits par des pratiques contemporaines qui restreignent l’accès aux rituels musulmans dans ce lieu emblématique. Les prières arabes y sont désormais prohibées sauf exceptions notables pour quelques dignitaires musulmans. Les autorités ecclésiastiques ont progressivement rejeté toute forme d’œcuménisme liée au site historique, jusqu’à nier certains aspects essentiels de son héritage islamique. Dans ce contexte politique actuel où l’héritage culturel est parfois manipulé à des fins idéologiques, il est intéressant voire ironique de rappeler cette phrase souvent citée : "Avec Franco cela ne se serait pas passé." Les enjeux autour de la Mezquita-Catedral continuent donc d’évoluer, reflétant non seulement les tensions historiques entre cultures mais aussi notre rapport contemporain avec ces histoires partagées. La préservation et l’appréciation authentiques nécessitent une réflexion continue sur notre passé collectif afin d’assurer un avenir respectueux et inclusif pour tous ceux qui visitent cet espace sacré. Cet article met en lumière des éléments clés provenant directement des recherches menées par Michelle Lamprakos sur l’histoire complexe liée à cet emblème architectural majeur qu’est la Mezquita-Catedral de Córdoba. Media: Cordópolis – El rey Faysal de Arabia Saudí en la Mezquita en 1966. Ladis Franco, recibiendo al visir rifeño en Sevilla en 1937 Sánchez del Pando Visita de Mohamed V a la Mezquita de Córdoba en 1956. Ricardo El rey Saud junto al alcalde Cruz Conde en Córdoba. Ricardo Planos de Rafael de La-Hoz Arderius para trasladar la Catedral al lateral este de la Mezquita. Entrega de la medalla de Córdoba a Rafael de La Hoz Arderius.</em> Source: Cordópolis – Cuando Franco quiso extirpar la Catedral de la Mezquita de Córdoba coexistenceMezquita-Catedral 0 FacebookTwitterPinterestEmail Pedro Del Pozo Pedro est un passionné de gastronomie et de voyages avec une affection particulière pour la ville de Córdoba. Issu d'un milieu culinaire dynamique, Olivier a passé des années à explorer les régions les plus renommées du monde, des pittoresques rues de Córdoba aux collines ensoleillées de la vallée de Napa. Son amour pour Córdoba ne se limite pas seulement à la ville elle-même ; il s'agit des expériences et des souvenirs créés lors de ses moments de loisirs avec des amis et en famille. Maîtrisant le français, Olivier combine ses compétences linguistiques et sa passion pour la cuisine et les voyages afin de raconter des histoires captivantes et de partager les traditions uniques de chaque lieu qu'il visite. entrée prédédente Bujalance : Remise des prix du 7ème Certamen National d’Arts Plastiques A lire aussi Bujalance : Remise des prix du 7ème Certamen... 14 décembre 2024 60% des œuvres de Gorka Chillida vendues aux... 14 décembre 2024 60% des œuvres de Gorka Chillada vendues à... 14 décembre 2024 Inauguration du Ciclo Miradas au Sud : Paula... 14 décembre 2024 Patrimoine des temples de Fernando III : un... 14 décembre 2024 Raule confirme ‘Los Califas Córdoba 2025’ : Tout... 14 décembre 2024 Vente d’un tableau ‘El Divino’ pour le premier... 14 décembre 2024 Miguel Ángel Revilla : Pas de rivalité avec... 14 décembre 2024 Philosophie et Gastronomie : L’Essence du Flamenco-Punk 14 décembre 2024 Bebetecas : Les bibliothèques Central et Arrabal de... 14 décembre 2024