Qu’est-ce qui cloche dans un système économique qui aggrave les inégalités, qui confond développement et croissance, qui épuise et privatise les ressources naturelles limitées de la planète et qui perturbe les équilibres écologiques ainsi que les cycles naturels, provoquant ainsi le changement climatique ? Qu’est-ce qui cloche dans une société qui associe le bien-être au consumérisme, au détriment de la nature et des générations futures ? C’est à ces questions et bien d’autres que tente de répondre le livre « En route vers l’ECOCIDE. Comment freiner la menace sur notre survie » qui a été présenté cet après-midi dans une salle Mudéjar bondée du Rectorat.
Le recteur de l’UCO, Manuel Torralbo Rodríguez, a présidé l’événement, soulignant que le livre est aussi engagé que son auteur et qu’il « nous aidera à réfléchir sur la nécessité d’un changement de cap dans notre direction ». L’auteur a été présenté par Miguel Ángel Moratinos, haut représentant de l’Alliance des Civilisations des Nations unies, qui a mis en avant que « En route vers l’ECOCIDE » est écrit avec « rigueur scientifique, engagement politique et volonté de mobilisation ». Moratinos a déclaré que face « à un monde complexe, parfois effrayant et paralysant, il faut que les citoyens commencent à penser que nous pouvons vivre et progresser dans cette complexité ». Il a également rendu hommage à l’auteur, personne qui a « marqué ma vie et c’est pour cette raison que je tiens à lui rendre hommage publiquement ».
La professeure de Botanique à l’UCO, Carmen Galán, a animé un débat avec l’auteur du livre, José Esquinas, sur cette publication qui « cherche à apporter des réponses à nos propres contradictions ». « La plus grande menace pour l’humanité est, de loin, le changement climatique », a déclaré Esquinas. « Si nous échouons dans cette tâche que nous avons nous-mêmes créée, rien d’autre n’aura d’importance, car notre espèce disparaîtra », a-t-il souligné. « Ce livre cherche à mettre en évidence comment nous avons rompu les équilibres naturels des écosystèmes et si notre espèce continue de se comporter comme un virus contre la nature, en oubliant que notre maison est la Terre, alors elle nous rejettera, comme un corps rejette un virus. Le changement climatique est la façon dont la nature réagit contre nos agressions et notre mercantilisme sans limite ». À cet égard, il a souligné que « nous ne sommes pas confrontés à une crise économique ou écologique, mais à une crise de valeurs, d’éthique et de responsabilités ».
Destiné à un large public, notamment les jeunes, ce livre cherche à se débarrasser de la pompe scientifique pour toucher tout le monde. Son but est de sonner l’alarme dans la conscience de chaque lecteur, afin d’apporter les informations et les outils nécessaires pour développer une vision intime et personnelle, qui permet de réfléchir. L’objectif est de provoquer une action individuelle et collective pour mettre un terme à la perturbation des délicats équilibres écologiques de notre planète et au changement climatique, tout en appelant à la responsabilité unique de notre génération face à la grave situation qui exige des solutions urgentes. Il est impératif de changer d’attitude et de priorités, et pour cela, il est plus que jamais urgent de prendre conscience de notre pouvoir en tant que citoyens, ainsi que de notre rôle dans la société. Les deux premiers chapitres sont consacrés à la faim et au secteur de production qui consomme le plus de ressources et qui pollue le plus l’environnement : le secteur agroalimentaire. Les deux chapitres suivants portent sur l’un des éléments essentiels de la production alimentaire, la biodiversité agricole, dont la marchandisation et le contrôle par quelques-uns mettent en péril l’avenir alimentaire de l’humanité. Dans le cinquième chapitre, il est question d’étendre l’analyse réalisée précédemment à l’ensemble des ressources naturelles, en examinant leur perte, leur contamination, leur raréfaction progressive, leur privatisation et leur contrôle, ainsi que les conséquences de tout cela sur la biosphère. Avec son sixième chapitre, l’auteur cherche à rêver l’avenir au-delà des objectifs de développement durable fixés par l’ONU et du système économique actuel. Enfin, le dernier chapitre tente d’illustrer l’importance vitale de nos actions et de notre engagement en tant qu’individus, en agissant à un niveau personnel et local, mais aussi en faisant pression par tous les moyens possibles sur les détenteurs du pouvoir pour qu’ils agissent avec transparence, courage et rapidité.
José Esquinas (1945), est docteur-ingénieur agronome, humaniste, docteur en génétique, professeur universitaire et chercheur. Pendant trente ans, il a travaillé pour l’Organisation pour l’Alimentation et l’Agriculture (FAO) des Nations unies, où il a été en charge du développement de divers accords internationaux sur la biodiversité et a présidé pendant dix ans le Comité d’Éthique de la FAO. Ces postes lui ont permis de parcourir plus de cent vingt pays et de se plonger dans des sujets tels que la faim, la nutrition, l’agriculture, le changement climatique, les droits de l’Homme, le développement, la coopération, les négociations internationales et la gouvernance mondiale. Il réside actuellement à Cordoue, d’où, profondément préoccupé par le changement climatique et les générations futures, il se consacre à la sensibilisation à travers l’enseignement et la diffusion en Espagne et à l’étranger.
source : Cordópolis
