La polémique autour de l’éviction de Sergio Gregori et Juan Carlos Monedero de Canal Red
Sergio Gregori et Juan Carlos Monedero ne sont pas les seuls visages à avoir été écartés de la programmation de Canal Red. La chaîne internet dirigée par Pablo Iglesias a également annulé "En la frontera", l’émission présentée par Juan Carlos Monedero, autre fondateur du parti Podemos. Cette décision a été révélée par l’intéressé lui-même dans une longue publication sur son compte Twitter.
"Les responsables de la chaîne veulent renforcer leur ligne idéologique et il est clair que mes lunettes rondes au style Lennon sont un obstacle à cet objectif. Pablo et moi avons parlé des réalisations, de l’amitié, des désaccords. Et c’est tout. Ce n’est pas facile de se battre en étant à gauche et de déranger. Personne ne peut nier le siège de Podemos et il est évident que Canal Red cherche à se serrer les coudes face à l’encerclement. Je ne pense pas que ce soit la meilleure stratégie, mais je comprends. Le champ de bataille est vaste, je suis convaincu de l’unité – sans naïveté – et nous nous retrouverons, comme les rebelles, sur l’un des chemins. Les ennemis sont ailleurs", a commencé Monedero dans son post.
Dans sa publication, Monedero a également affirmé qu’il voulait donner la priorité "à l’amitié avec quelqu’un que je connais depuis ses années étudiantes, que j’admire et que j’aime" : "L’amitié, comme la gentillesse et la générosité, ont ce genre de choses. Que tinguem sort, comme le chantait Lluis Llach".
"Je souhaite à Pablo et à Canal Red, avec lequel j’ai collaboré de toutes mes forces bien avant son lancement, le meilleur des vents. Tout comme à toutes les personnes dévouées qui y travaillent et qui m’ont offert leur amitié, aux abonnés et à ceux qui le suivent fidèlement, dans un paysage médiatique espagnol où, même de manière grossière, ils cherchent à nous tuer, où les journalistes corrompus et les égouts de la police fouillent dans le même marécage – parfois assis à côté de journalistes honnêtes -, où les malhonnêtes récompensent les crapules et où ils mentent avec un visage de poker sans que leur visage ne bouge ni qu’ils soient licenciés. Pour ma part, avec l’expérience de ‘En la frontera’ depuis 2017, il est temps de continuer. Des temps difficiles nous attendent sur toute la planète et il faut continuer à ramer. Sans peur et avec mémoire. Donc merci sincèrement et à bientôt, désobéissants", a-t-il conclu.
Cher·e·s rebelles : cette semaine, l’émission ‘En la frontera’ a cessé d’être diffusée sur Canal Red. Les responsables de la chaîne veulent renforcer leur ligne idéologique et il est clair que mes lunettes rondes au style Lennon sont un obstacle à cet objectif. Pablo et moi avons parlé des réalisations,… – Juan Carlos Monedero (@MonederoJC) 24 janvier 2024
Le départ de Monedero de Canal Red coïncide également avec celui de Sergio Gregori, présentateur de la table ronde politique du midi (et avec qui il a fondé le projet), qui a été peu à peu écarté et finalement relégué à des tâches de rédaction sous supervision, après s’être montré critique envers la dérive radicale et intransigeante du leader émérite de Podemos.
Ce jeune journaliste, avec une expérience déjà importante dans des projets audiovisuels, a rencontré l’éphémère vice-président du premier gouvernement de Pedro Sánchez lorsqu’il exerçait pleinement son leadership. Il lui a accordé une interview sur Furor TV et c’est ainsi que leur relation professionnelle a débuté, aboutissant à la création de Canal Red, où il n’est pas permis de critiquer Podemos, ses décisions ou l’un de ses membres, sauf dans de très rares cas et sur un ton très modéré.
Il n’est pas non plus bien vu dans ce média de poser des questions légèrement dérangeantes aux représentants du parti, comme l’a parfois fait Sergio Gregori, qui a toujours su contourner avec éducation et diplomatie ce contrôle idéologique strict de la chaîne Youtube exercé directement par Pablo Iglesias, allant même jusqu’à contrôler les points à aborder et dicter les commentaires à lancer lors d’émissions en direct.
Sergio Gregori a commencé à être écarté au printemps dernier, au moment où Podemos était très bruyant contre Sumar, lorsqu’il a été obligé de cesser d’animer ‘El tablero’ et a été contraint de partager la présentation avec quelqu’un d’autre, ne restant à l’antenne que deux jours par semaine. C’était un premier avertissement pour qu’il "corrige son attitude".
Cependant, le journaliste a continué à revendiquer sa liberté et sa manière de diriger et de modérer la table ronde en faisant preuve de professionnalisme et en équilibrant les voix et les opinions, sans se considérer comme faisant partie de la structure de Podemos que représente de facto ce projet. Hier, suite à un commentaire critique envers certains mouvements de la chaîne, il a été écarté de l’émission de manière expéditive.
