La vie de Pastora Pavón : une reine du chant gitane
Pastora Pavón, aussi connue sous le nom de La Niña de los Peines, est une figure emblématique du flamenco. Née en 1890 à Séville, elle a su conquérir les scènes espagnoles et même internationales avec son talent et sa présence scénique. Aujourd’hui encore, elle est considérée comme l’une des plus grandes voix du cante jondo, malgré une fin de vie marquée par la maladie et l’oubli.
Les débuts précoces de la jeune prodige
C’est dès l’âge de 8 ans que Pastora Pavón commence à se produire en public, remplaçant son frère dans une caseta de la Feria de Séville. Elle attire vite l’attention des connaisseurs, notamment du célèbre peintre Ignacio Zuloaga, qui la fait venir à Madrid en 1901 pour se produire dans le Café del Brillante. C’est là qu’elle acquiert son surnom de La Niña de los Peines, en interprétant des tangos, un style qu’elle ne gravera jamais dans sa discographie.
Une discographie légendaire
Pastora Pavón enregistre pour la première fois en 1910 avec le guitariste Ramón Montoya, et dès lors, commence à faire connaître son talent à travers toute l’Espagne. Elle est la première à enregistrer le style de la bulería, qu’elle a probablement créé. Elle est également reconnue pour sa maîtrise des styles classiques tels que la seguiriya, la soleá ou les tangos, mais aussi pour sa contribution à l’évolution du flamenco, en adaptant d’autres mélodies populaires à ce style musical.
Un hommage national et un monument en son honneur
En 1961, un hommage national est rendu à Pastora Pavón à Córdoba, réunissant de grands noms du flamenco tels que Antonio Mairena, Fosforito ou encore Terremoto. Un monument en son honneur est également inauguré en 1968 dans la ville de Séville, témoignant de l’importance de la chanteuse dans le paysage musical espagnol.
La disparition d’un patrimoine musical
Malheureusement, la fin de la vie de Pastora Pavón est marquée par la maladie et l’oubli. Elle décède en 1969, quelques jours après son mari, le cantaor Pepe Pinto. De nombreux témoignages soulignent la grande maîtrise de La Niña de los Peines, même à un âge avancé. Mais une grande partie de son héritage musical s’est perdue, notamment ses derniers enregistrements réalisés en 1947 avec le guitariste Melchor de Marchena.
Un documentaire sur sa vie et son œuvre
En 2015, le documentaire "Mujer, gitana, reina del cante", réalisé par Pedro Callejas, retrace la vie et la carrière de Pastora Pavón. Celle-ci a laissé une empreinte indélébile dans l’histoire du flamenco, tant par sa voix que par son apport à l’évolution de ce style musical.
Un héritage artistique indéniable
Malgré sa disparition, La Niña de los Peines continue d’être une source d’inspiration pour de nombreux artistes. Ses enregistrements, bien que peu nombreux, témoignent d’un talent exceptionnel et d’une sensibilité à fleur de peau. A travers sa discographie, elle a su rester fidèle à ses racines sans pour autant se priver d’explorer de nouvelles sonorités.
La fin d’une époque
La vie de Pastora Pavón est également le reflet de l’évolution du flamenco au cours du XXème siècle. Ses débuts prometteurs dans les cafés chantants et les tablaos ont été suivis de près par la période faste de l’opéra flamenca. Mais c’est grâce à son talent et à sa passion que La Niña de los Peines a su conserver sa place de reine du cante jondo jusqu’à la fin de sa vie, et qu’elle continue encore aujourd’hui d’inspirer de nombreux artistes flamenco.
