Le “Museo del Prado de la Zarzuela” : un hommage au genre musical espagnol
Situé dans les sous-sols du célèbre Palais de Longoria à Madrid, célèbre édifice de style moderniste, se trouve un lieu unique en son genre : le “Museo del Prado de la Zarzuela”. Ce musée rend hommage au genre musical espagnol par excellence qui a connu son apogée à la fin du XIXe siècle et au début du XXe siècle, à une époque où les sociétés d’auteurs se développaient en Europe et en Espagne et où l’on commençait à parler de droits de propriété intellectuelle.
Quand l’Andalousie influence la Zarzuela
Impossible de parler de l’âge d’or de la zarzuela sans mentionner l’Andalousie. Cette région a en effet été une source constante d’inspiration pour les œuvres majeures de ce genre musical. Mais l’Andalousie a également été le berceau de nombreux compositeurs et auteurs de zarzuela, même si certaines femmes ont eu du mal à s’imposer dans un monde dominé par les hommes.
La mémoire retrouvée dans les sous-sols du Palais de Longoria
Le “Museo del Prado de la Zarzuela” se trouve dans les anciens locaux de la banque qui ont été transformés en Centre de Documentation et Archive (CEDOA) de la Société Générale des Auteurs et Éditeurs (SGAE). Avec plus de 125 ans d’existence, la SGAE est à l’honneur en 2024 et a décidé de célébrer cet anniversaire en ouvrant ses portes au grand public à travers un programme culturel riche en événements organisés à travers l’Espagne et dans le monde entier. Mais également en dévoilant les trésors de son archive documentaire, véritable “Museo del Prado de la Zarzuela”.
Une Andalouse parmi les fondateurs de la SGAE
En 1887, la loi espagnole sur la propriété intellectuelle est adoptée et en 1886, l’Espagne signe la convention internationale de Berne. Ces événements marquent la fondation de la Société des Auteurs Espagnols (SAE), ancêtre de la SGAE. Parmi les fondateurs, on retrouve des noms connus comme le dramaturge et journaliste Sinesio Delgado et le compositeur Ruperto Chapí mais également Eugenio Sellés, un journaliste, homme politique et dramaturge né à Grenade. Cependant, il faudra encore deux ans pour qu’une femme, andalouse notamment, rejoigne la SAE. Il s’agit de Casilda Antón del Olmet, née à Huelva dans une famille aisée et éduquée, qui s’est installée à Madrid et a rejoint les cercles intellectuels et politiques. Écrivaine et poétesse, elle a également écrit une œuvre de théâtre intitulée "En conciencia" qui a été jouée pour la première fois en 1901 au Théâtre Espagnol de Madrid.
Des femmes en avance sur leur temps
Casilda Antón del Olmet est l’un des nombreux exemples de femmes qui ont marqué l’histoire de la zarzuela et qui ont contribué à lutter pour les droits des femmes et l’égalité des sexes. Natividad de Rojas, journaliste, féministe et écrivaine d’Antequera, a été la première femme à faire représenter une zarzuela en Espagne en 1865 avec son œuvre “Una apuesta en la velada de San Juan”. D’autres femmes ont également joué un rôle important comme la chanteuse soprano Gloria de la Prada, la malaguène Adelaida Muñiz ou encore Lola Ramos de la Vega, soprano, actrice et dramaturge espagnole qui a écrit une zarzuela comique intitulée “Un cordobés”.
La réhabilitation des femmes oubliées de la zarzuela
Malgré leur contribution à l’âge d’or de ce genre musical, de nombreuses femmes ont été reléguées dans l’oubli pendant de nombreuses années. Mais grâce aux efforts de Mari Luz González Peña, licenciée en histoire de l’art et en musicologie et archiviste à la SGAE depuis 1989, ces femmes sortent peu à peu de l’ombre. Grâce à son travail de recherche et de documentation, Mari Luz González Peña met en lumière ces femmes qui ont marqué la zarzuela et dont les œuvres font partie de l’archive de la SGAE.
L’influence de l’Andalousie dans la zarzuela
L’Andalousie occupe une place importante dans l’archive de la SGAE en ce qui concerne la zarzuela. Ruperto Chapí a notamment cédé tous ses droits à la SAE, dont les célèbres œuvres “La revoltosa” et “El puñao de Rosas”, une zarzuela de coutumes andalouses se déroulant à Cordoue. Autre œuvre représentative de la région, “¡Viva Córdoba!” composée par Joaquín ‘Quinito’ Valverde avec un scénario de Carlos Fernández Shaw et Ramón Asensio Mas.
C’est ainsi que l’Andalousie, et plus précisément Cordoue, a marqué l’âge d’or de la zarzuela et continue de laisser sa trace dans cette forme d’art unique et emblématique de la culture espagnole.
