Una adaptation théâtrale d’une histoire espagnole emblématique : El verdugo de Luis García Verlanga
La compagnie malaguène El Espejo Negro présente le prochain 10 février au théâtre Góngora son adaptation de l’œuvre de Luis García Verlanga, El verdugo, l’un des meilleurs films de l’histoire du cinéma espagnol qui représente les aspects les plus sombres de la société espagnole à cette époque. Ángel Calvente, directeur de la compagnie de théâtre, promet de ne laisser personne indifférent avec son adaptation impeccable pour le théâtre de marionnettes de cette œuvre si significative.
L’histoire de la compagnie et sa raison d’être
La compagnie a été créée il y a 35 ans, nous célébrons d’ailleurs cette année notre 35e anniversaire. Elle a vu le jour par une nécessité de raconter des histoires et de laisser derrière moi mon travail de designer graphique pour me consacrer entièrement au monde du théâtre. Cela peut sembler simple, mais c’est pourtant une décision compliquée. C’est une nécessité émotionnelle de raconter des histoires à travers les marionnettes.
L’apport unique des marionnettes au théâtre
Les marionnettes sont avant tout des acteurs complets. Elles peuvent être de toutes tailles, être étirées, être faites de tous matériaux. Elles peuvent même mourir sur scène pour vous. Elles sont le moyen idéal pour toucher un public car elles sont dotées de cette masque qui les délie de la réalité et leur permet de dire des choses et révéler des vérités bien au-delà de ce que les acteurs en chair et en os peuvent faire. Les marionnettes permettent d’aller plus loin dans les sujets traités.
La présence des marionnettes dans les programmations des théâtres publics
Il est évident qu’il est nécessaire d’être encore plus soutenus à cet égard. Il faut que les programmations soient plus riches, qu’il y ait plus de festivals de théâtre et de marionnettes et surtout, qu’il y ait plus de place pour nous dans les programmations. Nous faisons partie du théâtre et nous avons un rôle important à jouer. Les arts de la scène, dont nous faisons partie, sont toujours liés à l’éducation et les marionnettes sont un outil parfait pour toucher tout le monde, en particulier les plus jeunes.
La réception du public et la difficulté de traiter des sujets sérieux avec des marionnettes
Je pourrais dire que cela a été très difficile en 1989 et depuis lors car nous sommes apparus sur la scène du théâtre avec un programme pour adultes avec des marionnettes. Il y a cette idée préconçue selon laquelle les marionnettes sont réservées aux enfants, mais ce n’est pas vrai. Les marionnettes sont pour le public, tant pour les adultes que pour les enfants. Il suffit simplement de s’adapter au public auquel on souhaite s’adresser. Mais les mentalités ont évolué, du moins pour notre compagnie. Les gens savent maintenant à quoi s’attendre en venant voir l’un de nos spectacles. Ils savent que c’est un spectacle bien produit, soigné dans tous les sens.
La nécessité d’une formation dans le métier de la marionnette
Complètement. Beaucoup de gens travaillent dans le monde des arts de la scène et beaucoup ne connaissent pas le domaine des marionnettes. Il y a un grand vide car lorsque l’on choisit de se former dans les arts de la scène, il n’y a même pas l’option d’apprendre sur ce domaine. Il n’y a aucun centre en Andalousie où il est possible d’apprendre à ce sujet.
La pièce présentée au théâtre Góngora et pourquoi avoir choisi de l’adapter en marionnettes
Il s’agit de la première adaptation théâtrale du monde de la marionnette de l’œuvre de Berlanga. Je mets tout mon cœur sur scène et le spectacle a déjà été présenté dans de nombreuses villes espagnoles. Il ne décevra personne. J’ai été très rigoureux dans l’adaptation, ceux qui ont vu le film ne seront pas déçus et ceux qui ne l’ont pas vu découvriront une histoire qui remet en question la façon de vivre dans les années soixante en Espagne.
Un souvenir d’enfance à l’origine de cette adaptation
L’idée est venue d’un souvenir d’enfance. J’avais 14 ou 15 ans lorsque j’ai vu le film pour la première fois à la télévision et j’en ai été profondément marqué. J’ai ri mais certaines scènes m’ont également choqué. Il y a une scène en particulier où le bourreau est traîné dans une cour vide et d’un seul coup, un autre groupe de personnes arrive avec un condamné à mort. Je ne sais pas qui criait le plus fort, le bourreau ou le condamné. Il y a un moment de regard entre les deux, un court instant… cela m’a complètement captivé. Ce souvenir est resté en moi pendant de nombreuses années et j’ai finalement choisi de l’adapter en marionnettes, car je sentais être prêt pour adapter un scénario aussi complexe à mon style de théâtre, celui des marionnettes.
