dimanche 15 septembre 2024
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Le Torero Révolutionnaire : L’Histoire du Visionnaire qui a Inspiré Marx et Galdós

par María Fernanda González

La vie tumultueuse de José Muñoz Benavente, Pucheta, torero et révolutionnaire

José Muñoz Benavente, plus connu sous son nom de torero Pucheta, est une figure marquante de la révolution de juillet 1854, qui a secoué la ville de Madrid et laissé une empreinte durable dans l’histoire espagnole. Il était à la fois un matador médiocre et un activiste passionné, dont le rôle pendant ces journées sanglantes a été reconnu par des personnages tels que Karl Marx et Benito Pérez Galdós. Dans cet article, nous allons explorer la vie tumultueuse de Pucheta, qui a débuté dans les arènes de Madrid pour finir tragiquement sur les barricades de la révolution.

Un milieu citadin pour la tauromachie

Malgré les préjugés selon lesquels la tauromachie serait un phénomène rural, celle-ci est en réalité née principalement dans les villes, en particulier autour des abattoirs, comme l’a souligné l’historien Adrian Shubert. C’est le cas de Pucheta, qui est né à Madrid le 18 novembre 1817 et a commencé sa carrière dans les abattoirs de cette capitale tumultueuse après la guerre d’indépendance. Dès son plus jeune âge, Pucheta, un homme téméraire et impulsif, a tenté sa chance dans le monde de la tauromachie en commençant comme puntillero, celui qui achève le taureau lors de la corrida. Comme le mentionne José Luis Ramón Carrión dans le Dictionnaire biographique de la Real Academia de la Historia, Pucheta a fait ses débuts en tant que novillero (jeune torero) à Madrid le 14 décembre 1845 et est devenu un medio espada (un rang intermédiaire entre novillero et matador, disparu depuis) en 1849. Malgré les commentaires sur son manque de talent, Pucheta a réussi à faire une certaine carrière en essayant notamment de toréer aux côtés du célèbre Cúchares.

Un rôle majeur dans la Vicalvarada

C’est en tant que novillero que Pucheta a été pris au dépourvu par la Vicalvarada ou Révolution de Juillet. Cette révolte a été déclenchée par une tentative de coup d’état du général Leopoldo O’Donnell pour renverser le gouvernement modéré de l’époque, mais elle a rapidement dégénéré en une révolte incontrôlée dans laquelle Pucheta a joué un rôle majeur. En tant que chef exalté des forces révolutionnaires, il a dirigé les barricades qui contrôlaient la zone de la Plaza de la Cebada et de la rue de Tolède à Madrid. C’est à ce moment-là qu’un événement scandaleux et sanglant a confirmé Pucheta en tant que leader révolutionnaire. Grâce à la trahison d’une ancienne amante, selon certaines sources, le torero a réussi à localiser dans une cachette de son domicile à la Plaza de los Mostenses le chef de la police Francisco Chico, qui était alors gravement malade. Cela n’a pas empêché les révolutionnaires, dirigés par Pucheta, de le trasporter sur un matelas jusqu’à la Plaza de la Cebada, sous les insultes de la foule. C’est là qu’il a été fusillé. Cet événement sordide a forgé la grande popularité du torero, qui a profité de sa notoriété pour prendre l’alternative comme matador en août 1854 lors d’une corrida organisée au profit des blessés, veuves et orphelins de "ces journées glorieuses". Parmi ses compagnons de cartel se trouvait Cúchares, qui selon certaines sources était également présent sur les barricades pendant ces jours de juillet, bien qu’avec moins de fougue et de passion que Pucheta. Abel Murillo, dans son site web Histoire de la tauromachie, relate une anecdote probablement apocryphe qui reflète le tempérament du torero ainsi que le peu d’estime que lui portait le public en tant que matador. Apparemment, en pleine révolution, Pucheta faisait partie d’une commission de toreros qui est allée rencontrer la reine Isabelle II pour tenter de la convaincre de rejoindre leur cause. Quand il a vu que la monarchie s’appuyait sur la légalité pour ne pas les écouter, il lui aurait dit : “Madame, tout ça c’est… de la pure merde. Ni lois, ni histoire. Ici, ce sont nous qui commandons et ce sera ce que nous dictons". À quoi la souveraine a répondu : "Tout cela me semble très bien, mais approchez-vous plus souvent des taureaux et vous comprendrez mieux ce qu’est une justice bien administrée".

La fin tragique de Pucheta

Avec la Vicalvarada, le Bienio Progresista (deux années d’instabilité progressive) a commencé en Espagne, marquant notamment le retour du général Espartero à la tête du gouvernement. Pendant ces deux années intenses, où notamment les premières mesures de la désamortisation, prévues par une loi de Madoz en 1855, ont été mises en œuvre, Pucheta a trouvé des postes publics de peu d’importance. Quand cette période a pris fin, grâce à la contre-révolution menée par O’Donnell, le torero, totalement repéré, a tenté de s’enfuir, mais a été abattu par un officier de la cavalerie en dehors de Madrid, après avoir une fois de plus montré son courage sur les barricades, le 16 juillet 1856.

L’impact de Pucheta vu par Marx et Galdós

Comme mentionné précédemment dans cet article, l’action révolutionnaire de Pucheta a attiré l’attention de Karl Marx, qui l’a même cité quatre fois dans son œuvre, selon un large article sur le sujet du prestigieux historien français Pierre Vilar, Marx et l’histoire de l’Espagne. Dans ce texte, entre autres choses, il est fait référence à une lettre de Marx à son ami et mécène Engels (22/07/1856) dans laquelle il affirme : "Espartero et Pucheta, dans la comédie espagnole : jamais l’histoire n’a autant opposé le héros libéral bourgeois au héros de la foule". Bien que Marx n’ait pas eu d’admiration pour Pucheta, qu’il voyait comme un aventurier sans réelle portée politique, il l’a tout de même considéré, toujours selon Vilar, comme l’inventeur de la "guérilla urbaine". Galdós, quant à lui, n’a pas oublié Pucheta dans son roman O’Donnell, de la série des Episodes nationaux, où il le mentionne à plusieurs reprises. En guise de conclusion, voici la description que le génial écrivain espagnol fait de notre personnage : "Le cavalier de droite, celui que nous avons vu par ici, était Pucheta, avec une blouse de toile et une plume sur son chapeau. La liberté a vraiment de belles mains, par redacted ! Et à côté de Pucheta, à l’intérieur, il y avait Generosa Hermosilla, sœur de cette bonne pièce…"

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