Le processus de restitution des œuvres d’art spoliées par la dictature de Franco est en marche en Espagne
Le ministre de la Culture, Ernest Urtasun, a expliqué ce mercredi que son département était en train d’enregistrer des œuvres d’art spoliées par le régime franquiste, conformément à la Loi sur la Mémoire Démocratique, et a précisé que lorsque le catalogue sera completé, des décisions de restitution pourront être prises au cas par cas.
"Quand il sera terminé, nous expliquerons le nombre d’oeuvres concernées et comment nous allons procéder", a-t-il affirmé lors d’une interview à l’émission radio ‘La Cafetera’, où il a été interrogé sur une éventuelle restitution de ces pièces par l’État. "Il faut traiter chaque cas individuellement, en fonction de ce que dit la loi, mais la première étape est de connaître les faits. Ensuite, nous verrons quelles sont les étapes à suivre", a-t-il ajouté.
Selon une enquête publiée en mars dernier par le Musée du Prado, 70 œuvres issues de saisies pendant la Guerre Civile et le franquisme sont actuellement stockées dans ses réserves, auxquelles pourraient s’ajouter 7 médailles et 89 dessins dont l’origine est inconnue. Parmi elles, des tableaux de Brueghel le Jeune, Joaquín Sorolla, Eugenio Lucas Villaamil et Francisco de Osona.
Une étude menée par le professeur Arturo Colorado, expert en patrimoine et en Guerre Civile, a pu identifier l’origine de dix des tableaux, avec le nom et prénom des propriétaires d’origine : Pedro Rico -maire de Madrid à deux reprises (1931-1934 et 1936)-, l’église de Yebes à Guadalajara ou encore le Marquis de Villalonga, entre autres.
Ernest Urtasun a affirmé que l’une des premières choses qu’il a faites lorsqu’il est devenu ministre en novembre dernier était de demander des informations sur les affaires liées à la Mémoire Historique, et a rappelé que son ministère travaillait également à la numérisation des archives de plus de 150 000 réfugiés républicains à Paris, dont le dossier de Jorge Semprún, pour les rendre plus accessibles aux associations de mémoire et aux familles.
Décolonisation des musées
Le ministre s’est également montré surpris par le "grand scandale" créé par "la droite" au sujet de sa volonté de poursuivre le processus de décolonisation des musées espagnols.
"C’est surtout une question d’adaptation des musées aux évolutions de la société. Les musées sont des organismes vivants qui doivent s’adapter à leur époque, et ce qu’ils proposent aujourd’hui n’a rien à voir avec ce qu’ils faisaient il y a 50 ans", a-t-il souligné, en mettant la responsabilité de cette tâche sur les directeurs de musées et les experts.