La nouvelle adaptation d’Elektra par Ricardo Iniesta : Une exploration complexe face à un monde en évolution

Atalaya fait son retour au Festival Iberoamericain de Théâtre de Cadix (FIT) après huit ans depuis sa dernière participation. Cette troupe ayant plus de quatre décennies d’existence représentera ce soir, au théâtre Falla à 20h30, la pièce « Elektra.25 ». Cette production, créée en 2020, célèbre également la première mise en scène de cette pièce basée sur l’oeuvre de Sophocle et est annoncée comme étant très renouvelée dans cette version. Son directeur, Ricardo Iniesta, souligne les clés de cette mise en scène.
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Qu’est-ce que cela représente de revenir au FIT; Atalaya n’était pas là depuis 2015 ?- Il y a plusieurs années en effet. Le FIT a toujours été une référence pour nous. En fait, nous y avons participé plus de dix fois et donc nous allons remettre la statuette de Tatlin, notre récompense, à la directrice actuelle. C’est une récompense que nous décernons à chaque endroit où nous avons présenté dix spectacles. Le FIT est une référence pour nous et nous avions hâte de revenir. Je pense qu’il y avait des spectacles que nous aurions pu faire, mais pour différentes circonstances, nous ne sommes pas entrés. Donc nous sommes heureux d’être à nouveau présents.
– Vous revenez avec « Elektra.25 », créée pour célébrer le quart de siècle depuis sa première présentation. Cette version est-elle différente ou s’agit-il de la même mise en scène? – Pas du tout, rien à voir. Il ne reste que la troisième partie de la scénographie qui est plus présente bien que certains éléments aient changé. Par exemple, la chorégraphie, les choeurs, une grande partie du texte, les costumes… Tout cela est nouveau. Ce qui reste principalement est donc la scénographie, bien qu’avec quelques variations. Et la dramaturgie, bien sûr, est également différente. Il y a même une évolution qualitative en termes de vision de la tragédie d’« Elektra ». À l’époque, c’était plus basique et manichéen, tandis que maintenant c’est plus complexe car le monde devient également plus complexe. Toutefois, le leitmotiv reste le même : la vengeance. Je me rappelle que dans le contexte de l’époque, il y avait le thème des GAL comme vengeance, et maintenant c’est le génocide perpétré par Israël.
– Pourquoi avez-vous modifié le texte ? – Parce que la réalité actuelle est de plus en plus complexe, des espoirs trouvés au fil des siècles jusqu’à maintenant s’estompent et nous sommes maintenant très impliqués dans ce siècle, avec différentes perspectives. Quand nous avons présenté cette pièce, les tours jumelles n’avaient pas encore été attaquées et la révolution bolivarienne n’avait pas encore eu lieu; et il n’y avait pas non plus ce mouvement d’extrême droite qui rend la vie dangereuse dans de nombreux pays aujourd’hui. Il y a eu de nombreux épisodes dans le monde et dans nos vies, ainsi que celles de notre groupe, et nous continuons à grandir.
– Comment Atalaya a évolué avec le casting d’acteurs? – Aujourd’hui (le jour de l’interview), nous célébrons à TNT, notre centre, un événement pour les 40 ans d’Atalaya. Des acteurs de générations différentes, dont des plus jeunes, seront présents. Cela va être un moment de retrouvailles. Actuellement, il y a un noyau d’équipe de 15 acteurs qui sont présents dans la plupart des spectacles. De ces 15 acteurs, 5 sont présents dans tous les spectacles et les 5 autres ont travaillé avec nous depuis longtemps. Dans ces jeunes acteurs, il y a également un esprit de groupe. Nous ne sommes pas une compagnie, nous sommes un groupe, ce qui est très différent de la notion de compagnie, qui implique seulement de choisir des personnes à embaucher. Nous sommes un groupe avec une idée très collective, tout le monde est rémunéré pratiquement de la même manière. Je prends mes décisions, bien sûr, car je suis le directeur, mais la création provient de tout le monde.
– À Almagro, vous avez présenté 2 500 représentations d’« Elektra ». Est-ce une pièce spéciale pour la compagnie, était-ce le point culminant de quelque chose à Atalaya? – Non. Nous avons produit de nombreux autres spectacles spéciaux. Je pense qu’il n’y a pas de spectacle déterminant pour Atalaya, il s’agit de différentes phases de croissance. « Elektra » symbolise un moment important, en 1996, lorsque l’idée d’une équipe permanente a été relancée, et cela coïncide également avec l’ouverture du centre TNT, mais c’est seulement une coïncidence. Ce fut une année spéciale, tout comme 2008, avec le prix national.
– Dans quelle mesure Atalaya pourrait-elle exister sans Andalousie ? – Sans Andalousie, je ne sais pas… Mais actuellement, peut-être qu’Andalousie est pour nous une sorte de prison, dans le sens où nous recevons beaucoup moins d’aide de la part de la Junta de Andalucía que du Ministère de la Culture. Notre principal soutien vient du Ministère ; de la part de la mairie de Séville, ils nous ont cédé l’espace de TNT et c’est à peu près tout ce que nous recevons. Mais la Junta de Andalucía baisse notre aide continuellement. Je dirais peut-être qu’Atalaya se porterait mieux sans Andalousie (rires). Mes racines sont en Andalousie, mais il y a de nombreux acteurs qui ne viennent pas de là. Cet endroit où nous sommes installés est là où nous nous sommes établis, mais si nous devions plier le campement et partir ailleurs, nous le ferions. Avec la politique culturelle actuelle de la Junta de Andalucía, c’est un désastre…
– A prestigieux FIT se rapproche de ses 40 ans. Evidemment, ce n’est pas le seul festival et il y en a d’autres en Andalousie, mais on dit souvent que le FIT détient quelque chose de différent, même dans ses évolutions. – Bien sûr, le FITa changé. Avant, c’était un lieu très agréable, où les groupes d’Amérique Latine et d’Espagne se rencontraient; il y avait des forums, des rassemblements, mais cela s’est perdu avec le temps. Maintenant, peut-être que ça a pris une tournure plus contemporaine, ce qui est bien, mais je pense qu’il n’en demeure pas moins ce beau concept que c’était avec la résidence du Tiempo Libre… C’était magnifique. Je pense que l’idéal serait de combiner l’idée esthétique avec une démarche plus contemporaine comme proposée par la direction actuelle, sans pour autant abandonner ce qui faisait le succès de cette rencontre avec le théâtre latino-américain autrefois.
source : El Día de Córdoba

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