Ensemble Masques : La rencontre de la musique ancienne et de Turina
Au coeur de Turina en Espagne, l’ensemble Masques a fait résonner les voix de la musique baroque avec une interprétation remarquable de l’opéra de John Blow, Venus y Adonis, datant de 1683. Sous la direction d’Olivier Fortin, les solistes Rachel Redmond, Andrew Santini et Natalie Perez ont donné vie à cette oeuvre inspirée des codes de la cour de Londres sous le règne de Charles II. Retour sur cette représentation exceptionnelle qui a séduit le public andalou et a permis de redécouvrir l’art de la musique anglaise du XVIIème siècle.
L’opéra masque, un mélange de genres
Le terme "masque" désigne une forme de spectacle populaire anglais du Moyen-Âge. Mais John Blow a choisi de l’utiliser pour nommer son oeuvre, bien qu’il s’agisse d’une véritable opéra. En effet, Venus y Adonis est entièrement mis en musique, avec des influences du genre masque mais aussi de l’opéra italien et français, notamment grâce aux oeuvres de Marc Antoine Charpentier qui a introduit la musique française à la cour de Charles II. Cette oeuvre peut être considérée comme une tentative de créer une forme d’opéra typiquement anglais, ce qui a été un échec pour John Blow. Cependant, son ami et successeur Henry Purcell a suivi ses traces en composant Dido and Aeneas, également pour la cour, qui a repris les mêmes codes et schémas.
Un ensemble français pour un opéra anglais à Turina
L’Ensemble Masques, dirigé par Olivier Fortin, est constitué de musiciens français qui ont su comprendre et transmettre l’esprit de la musique anglaise du XVIIème siècle. Avec deux violons, deux flûtes à bec, une viole, un violoncelle, un clavecin et une tiorba, ils ont parfaitement accompagné les trois solistes tout au long de l’opéra. Un important travail sur l’équilibre des voix et des instruments a été réalisé, permettant aux auditeurs de se plonger pleinement dans l’oeuvre. Les flûtes à bec ont d’ailleurs une place essentielle, symbolisant à la fois la sensualité et la mort, deux thèmes centraux de l’opéra. Le choix du coréalisateur, Anne Finch, femme de la cour de la femme du prince de Galles, peut être compris comme une volonté d’éduquer les dames et les courtisans sur des sujets amoureux.
Une interprétation remarquable des solistes
Malgré le fait qu’elle ait été écrite pour des acteurs-chanteurs, l’oeuvre n’impose pas de grandes difficultés techniques aux solistes. Cependant, la capacité à exprimer les émotions du texte est primordiale. Les trois solistes, Rachel Redmond en Venus, Andrew Santini en Adonis et Natalie Perez en Cupidon, ont su triompher de ce défi avec brio. Rachel Redmond a donné vie à une Vénus sensuelle et élégante, tandis qu’Andrew Santini a fait valoir sa voix grave et nuancée pour interpréter Adonis. Enfin, Natalie Perez a offert un Cupidon au timbre magnifique et à la virtuosité éblouissante. Les autres chanteurs ont également brillé dans leurs interventions plus ponctuelles.
Des choeurs remarquablement homogènes
En plus des solistes, sept autres chanteurs ont été invités pour interpréter les rôles mineurs et former les choeurs indispensables dans cette oeuvre. Leur collaboration avec l’ensemble instrumental a permis de créer un son homogène et nuancé qui a parfaitement accompagné l’évolution de l’opéra. Le somptueux choeur funèbre qui clôture l’oeuvre a d’ailleurs annoncé le prochain succès de Henry Purcell, Dido and Aeneas.
Le renouveau de l’opéra baroque à Turina
En choisissant de programmer Venus y Adonis de John Blow pour la première fois à Turina, l’Espacio Turina a su offrir au public local une occasion rare de découvrir cette oeuvre peu connue. L’ensemble Masques, avec son interprétation de grande qualité, a permis de retrouver l’essence de la musique anglaise du XVIIème siècle. Grâce à cette rencontre de la musique ancienne et de Turina, l’opéra baroque a reconquis les coeurs andalous et continuera à résonner à travers le temps.
