Grammy Latinos: l’appel de Manuel Abud pour une reconnaissance du flamenco

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Le CEO des Latin Grammy Awards, Manuel Abud, est à l’origine de l’édition historique de ces prestigieux prix hors des Etats-Unis. En effet, pour la première fois en 25 ans, la cérémonie a lieu en dehors du pays d’origine, et c’est la ville de Séville qui a été choisie. Au total, ce sont plus de 3000 personnes qui ont été déplacées dans la capitale andalouse pour participer à la production de cet événement qui va accueillir plus de 10 000 visiteurs venus célébrer la musique latine.

Des chiffres qui montrent l’importance des Latin Grammy Awards. Les hôtels affichent un taux de remplissage proche de 100%, et l’impact économique attendu est de plus de 50 millions d’euros. La région d’Andalousie, à travers sa Consejería de Turismo, a investi 22 millions d’euros de fonds publics, majoritairement issus de l’Union Européenne (Feder). Une contribution clé pour que Séville soit choisie comme hôte de cet événement. En contrepartie, la ville subira des perturbations de circulation et sera en « pré-urgence », obligeant à mettre en place des dispositifs spéciaux pour les services publics tels que la sécurité, le nettoyage ou les transports en commun. Les plus grandes stars de la musique latine seront présentes, et les hôtels les plus luxueux accueillent déjà des voitures haut de gamme aux vitres teintées, prêtes à les transporter.

A quelques heures du début de la Semaine des Latin Grammy, Manuel Abud a reçu le journal El Periódico de España pour parler des préparatifs qui avancent à toute vitesse autour de lui. « Imaginez après tant de mois de préparation, en pensant que nous sommes prêts pour ce moment, que nous sommes dans le compte à rebours…nous sommes très contents, tout va très bien », s’exclame-t-il, sourire aux lèvres. Le directeur de cet événement déploiera la musique latine dans toute la ville, avec plus de 30 soirées prévues dans différents endroits.

A présent que nous sommes arrivés à la semaine des Latin Grammy, comment décririez-vous l’accueil de Séville ? « De manière excellente. Les gens nous ont accueillis avec mille marques d’affection. Les autorités également. Nous avons ressenti un grand soutien. Je crois que nous avons tous à l’esprit le but commun de faire de cet événement une grande expérience pour tous. Je vous remercie pour votre chaleureux accueil et votre hospitalité, c’est la première chose. J’espère que grâce à ce travail commun, vous serez très fiers de la façon dont Séville se présente au monde. Nous positionnons Séville au centre de l’attention d’un phénomène mondial aussi important que la musique latine. Je sais que parfois nous causons des problèmes de circulation, de sécurité… mais vraiment, j’espère qu’à la fin, lorsque la ville sera si bien représentée, ce sera une source de fierté pour tous. »

En quoi cet événement sera-t-il différent des éditions précédentes à Las Vegas, Miami ou Los Angeles ? « La participation de Séville se fait à plusieurs niveaux. A l’Alcazar, au quartier général, à la maison Pilatos… Il y a de nombreux lieux où la ville fait partie de la Semaine des Latin Grammy. Pendant la cérémonie, nous sommes plus limités car nous sommes à l’intérieur de Fibes (Palais des Expositions et des Congrès), dans une boîte, mais…cette boîte doit être différente de celle de Las Vegas et nous utiliserons différents éléments visuels pour mettre en avant les Latin Grammy à Séville. »

Aucun artiste en particulier n’a été à l’origine de notre présence ici aujourd’hui. Nous sommes à Séville pour soutenir tout le monde. »

Les Grammys auraient-ils lieu à Séville sans l’existence de Rosalía, une chanteuse espagnole influencée par le flamenco ? « Je ne parle jamais d’un artiste en particulier. Notre travail consiste à soutenir tout le monde. Ne citons pas de noms, aucun artiste en particulier n’a été à l’origine de notre présence ici. Nous sommes à Séville pour soutenir tout le monde. »

Quelle est aujourd’hui la place des artistes espagnols dans la musique latine ? Ont-ils gagné en importance ces dernières années ? « Tout au long de l’histoire de l’Académie, les musiciens espagnols ont été très présents et sont très appréciés. Je pense qu’ils ont également ressenti cette reconnaissance. Il y a eu de grands gagnants : des artistes comme Miguel Bosé, Joan Manuel Serrat, Julio Iglesias ou encore Alejandro Sanz ont été nommés Personnalité de l’Année. L’Espagne a toujours été très présente dans nos récompenses. »

Il y a un certain mécontentement dans le monde du flamenco, certains se plaignent du peu de représentation lors de cette cérémonie, surtout à Séville… « Je respecte profondément le genre musical et je respecte également la diversité d’opinions. Quand ils expriment leurs différences, nous nous asseyons et en discutons. Dans cette situation, personne n’est parfait, car la musique ne peut pas être divisée en cases. La musique ne devrait pas avoir de barrières, mais plutôt s’étendre et évoluer. En comprenant cela, lorsque nous ne pouvons pas être parfaits, je préfère me tromper dans le sens de l’inclusion plutôt que de l’exclusion. Cela ne plaît évidemment pas beaucoup aux personnes qui sont exclusives, très puristes ou très orthodoxes. Mais je peux vous dire quelque chose : chaque fois que nous pouvons nous asseoir avec eux et leur expliquer à quel point c’est important pour le développement même du genre musical, je pense qu’ils peuvent comprendre notre point de vue. Nous préférons dire : « Venez tous, vous êtes les bienvenus » et reconnaissons l’évolution du genre musical car cela le maintient en vie, attire des jeunes, attire l’attention et de l’argent… Nous respectons toutes les idées et nous pouvons toujours en discuter. Et lorsque l’on me dit qu’il n’y a pas assez d’attention portée au flamenco, je respecte leur avis, mais je ne suis pas d’accord, car même avec une catégorie dédiée au flamenco, il est parfois difficile de trouver suffisamment de contenu. »

Aux puristes et aux orthodoxes du flamenco, il ne plaît pas d’entendre que nous disions « Venez tous, reconnaissons l’évolution du genre musical ». »

Ces Latin Grammy seront-ils l’année des femmes ? « Je ne veux pas être condescendant ou diviseur, mais je dirais que nous sommes une organisation inclusive, mais appelez-moi vendredi et dites-moi ce que vous en pensez. Bien sûr, je ne connais pas encore les résultats, mais je suis d’accord avec vous, cela semble bien parti… »

En terme de chiffres, nous parlons ici de plus de 10 000 personnes présentes à Séville, avec un impact de plus de 50 millions d’euros sur la ville. Combien de personnes regarderont la cérémonie le 16 novembre ? « Je préfère éviter de donner des chiffres car je ne veux pas perdre en crédibilité, mais ces chiffres sont tout à fait raisonnables. La cérémonie sera diffusée dans plus de 80 pays et il est tout à fait possible que plus de 100 millions de personnes la regardent. Je suis très enthousiaste car nous avons reçu beaucoup d’attention de la part de la ville et le fait que nous soyons ici… beaucoup de gens vont regarder juste par curiosité. Et puisque vous me demandiez des surprises, je peux vous dire que le numéro d’ouverture sera spectaculaire. »

Et vous, personnellement, quels souvenirs emporterez-vous de cette ville et de la région de l’Andalousie, de cette folie d’avoir organisé une production avec autant de personnes venues des Etats-Unis ? « Je partirai avec un très bon souvenir. Parfois, lorsque l’on fait toujours la même chose au même endroit, on perd la notion de l’ampleur de l’événement. J’ai toujours rêvé que les Latin Grammy se déroulent dans un lieu où toute la ville se mobilise pour célébrer