50 ans après l’assassinat de Luis Carrero Blanco, l’amiral victime d’un attentat de l’ETA alors qu’il était président du gouvernement de l’Espagne franquiste en 1973, le débat reste vif. Jamais une sentence n’a été prononcée, et aujourd’hui encore, tout type d’interprétation est possible sur cette enquête : erreurs dans l’investigation, défaillances des forces de l’ordre, disparition et manipulation de documents.
Une docuserie en trois épisodes, « Matar al presidente », produite par Movistar Plus+, se penche sur les zones d’ombre qui persistent autour du cas. À travers des témoignages, des reconstitutions et du matériel graphique, ce documentaire produit par 100 Balas (The Mediapro Studio) dresse un tour d’horizon des différentes théories existantes sur l’assassinat de Carrero Blanco. « L’ETA n’aurait pas pu réaliser cet attentat sans aide extérieure », « Carrero était un obstacle politique pour presque tous », « Il semble que les terroristes aient bénéficié de protections », affirment certains des interviewés, parmi lesquels on compte des journalistes d’investigation (dont Tim Weiner, lauréat du Pulitzer), d’anciens membres de l’ETA, d’ex-espions du CESID, l’ancien ministre de l’Intérieur Rodolfo Martín Villa, le petit-fils de Carrero Blanco, des historiens et Mikel Lejarza, dit « El Lobo », qui s’était infiltré au sein de l’ETA.
« Tout le monde voulait la mort de Carrero Blanco. On lui a laissé la liberté d’agir puis on a tout étouffé », peut-on entendre dans l’un des enregistrements de sa fille. Avec « Matar al presidente », vous aurez accès à des témoignages, à du matériel inédit ainsi qu’au contenu intégral du dossier d’instruction pour la première fois au format 100 Balas pour Movistar Plus. La série sera disponible sur la plateforme le 5 décembre. (@GRUPMEDIAPRO) 15 de noviembre de 2023 Dans cette affaire, tout est matière à débat. « À mon avis, il y a trop de ‘fautes’, et c’est ce qui alimente mon obsession pour ce sujet. Je suis convaincu que ces erreurs cachent un intérêt quelconque », confie Eulogio Romero, réalisateur, scénariste et producteur exécutif de « Matar al presidente ».
« 50 ans plus tard, il y a encore des personnes qui ont peur de parler. C’est quelque chose qui attire mon attention. Pourquoi et de qui ont-ils peur ? Cela m’étonne tout autant que le silence de l’ETA depuis lors. Pourquoi les impliqués n’ont-ils jamais parlé, s’ils étaient si fiers de leur acte ? », ajoute-t-il. De la conspiration interne à la CIA Parmi les différentes théories abordées dans le documentaire figure l’existence d’une conspiration au sein même du régime, ainsi que les soupçons se portant sur la CIA et les intérêts américains vis-à-vis de l’avenir de l’Espagne.
« Mais c’est au spectateur de se forger sa propre opinion, car bon nombre des théories et conspirations ne sont pas prouvées », souligne Alejandro Flórez, l’un des producteurs exécutifs. « En tout cas, il semble peu probable qu’un groupe de terroristes déjà fichés par la police, et avec peu de connaissances en matière d’explosifs et de construction de tunnels, aient pu se promener tranquillement pendant un an à Madrid, commettant toutes sortes d’erreurs et préparant un attentat juste à côté de l’ambassade américaine, sans jamais être arrêtés », glisse Romero. Un accès illimité au dossier complet Pour la première fois, l’accès complet au contenu du dossier d’instruction pour l’assassinat de Carrero Blanco a été autorisé. Entre autres choses, car il avait été porté disparu pendant des années. Et depuis sa réapparition, « l’accès a été limité et placé sous contrôle judiciaire », fait remarquer Romero. Jusqu’à présent. « Nous avons obtenu l’autorisation d’un accès complet. Toutefois, et même si nous y avons trouvé des données essentielles pour la série, le dossier comporte de nombreuses lacunes en raison du manque d’intérêt pour enquêter et élucider l’assassinat du président », ajoute-t-il.
