Norma : entre guerres et audaces musicales
L’opéra Norma de Vincenzo Bellini est une oeuvre d’une intensité hors du commun, portée par des personnages puissants et des situations dramatiques en tension constante. Inspiré de la pièce de théâtre Norma, ou L’infanticide d’Alexandre Soumet, le librettiste Felice Romani a créé un texte magistral qui a permis à Bellini de déployer tout son talent de compositeur en 1831. Présente sur les scènes du monde entier depuis près de deux siècles, la Norma a connu un succès fulgurant grâce à la performance de la célèbre Marie Callas en 1948, qui demeure encore aujourd’hui la référence absolue pour ce rôle. C’est d’ailleurs en hommage à la diva que le Teatro Maestranza de Séville a choisi de programmer ce chef-d’oeuvre en cette année du centenaire de sa naissance.
Une mise en scène originale pour une oeuvre intemporelle
C’est dans une Italie en pleine période du Risorgimento que le metteur en scène Nicola Berloffa a décidé de situer l’action de Norma. Cette période historique mouvementée, qui marque le soulèvement contre l’occupant romain, fait écho aux thèmes universels de trahison et de rébellion qui traversent l’oeuvre. Pour Berloffa, il était important de donner à cette tragédie romaine une dimension actuelle, en montrant à quel point les guerres et les conflits sont des éléments moteurs de l’Histoire. Cette vision, en lien direct avec la dramaturgie musicale de Bellini, fait de l’opéra Norma une oeuvre intemporelle qui résonne encore avec force aujourd’hui.
Un travail minutieux pour des interprétations remarquables
Le directeur musical Yves Abel, déjà présent à Séville l’année dernière pour Roberto Devereux, revient pour diriger cette fois-ci un opéra belcantiste, réputé pour sa difficulté technique. Il souligne l’apparente simplicité de la musique de Bellini, qui cache en réalité une grande complexité : « tous les chefs d’orchestre ressentent une grande anxiété en s’attaquant à cette partition ». Mais grâce à un travail minutieux, il a réussi à faire ressortir toutes les nuances et les subtilités de la partition, donnant ainsi à l’orchestre un véritable rôle de protagoniste. En effet, selon les indications originales de Bellini, les instruments doivent jouer avec un volume beaucoup plus réduit qu’aujourd’hui, permettant ainsi aux chanteurs d’être parfaitement entendus.
Une distribution de haut vol
Pour incarner la prêtresse gauloise Norma, le Teatro Maestranza a fait appel à la soprano Yolanda Auyanet, qui en est déjà à sa troisième apparition sur cette scène en un an. Elle partagera l’affiche avec l’une des valeurs montantes du chant, la soprano Berna Perles, ainsi que Francesco de Muro, Joseph Dahdah, Rafaella Lupinacci, Andrea Niño et d’autres talents prometteurs. Tous ont salué l’ambiance chaleureuse et familiale instaurée au sein du Maestranza, ainsi que le traitement équitable réservé à tous les membres du double casting.
La Norma se révèle être une oeuvre incontournable de l’opéra italien, alliant une mise en scène audacieuse à une partition sublime pour offrir une expérience unique aux spectateurs. Le Teatro Maestranza de Séville a relevé le défi en réunissant une distribution exceptionnelle pour un spectacle qui s’annonce d’ores et déjà comme l’un des temps forts de la saison. À ne manquer sous aucun prétexte !
