Salman Rushdie, lauréat du prix de la Paix des libraires allemands et défenseur de la liberté d’expression, a frôlé la mort lors de l’attentat de l’année dernière, mais rien ne semble pouvoir l’abattre. En visite au Centre de Culture Contemporaine de Barcelone, il laisse transparaître les séquelles de l’attaque à travers ses verres fumés et son visage marqué, mais garde toujours un sens de l’humour inébranlable. Lors de l’ouverture de la cession inaugurale du Kosmopolis 2023, présenté par Judith Carrera et l’experte en Freud et amie proche Lisa Appignanesi, il a réaffirmé son engagement pour la liberté d’expression malgré les risques.
Dans son dernier livre ‘Cuchillo’, inspiré par l’attaque et les 33 années de persécution suite à la fatwa déclarée par l’ayatollah Khomeini, Rushdie raconte son histoire avec une sincérité et une vigueur inhabituelles, pour encourager la réflexion plutôt que la tragédie . Il espère ainsi revenir à la fiction dans l’avenir, une ambition qu’il a mise de côté depuis longtemps. Comme dans toutes ses oeuvres, Rushdie continue à défendre l’idée que la liberté d’expression est un élément crucial de l’expérience humaine, déplorant la tendance actuelle de la censure en ligne ainsi que les discours populaires politiquement corrects.
Attendu en avril prochain, ‘Cuchillo’ sera le dernier livre de fiction de Rushdie, pour le moment. Dans ses récentes mémoires, compilées dans son livre ‘Los lenguajes de la verdad’, l’auteur revient sur sa passion pour l’histoire et les contes qui influencent son travail, souvent assimilé par les gens au réalisme magique de l’Amérique latine. Lors d’une récente interview, il a tenu à distinguer son inspiration du continent sud-américain en soulignant les liens étroits qu’il entretient avec la culture hindoue et musulmane.
En parlant des auteurs sud-américains, Rushdie ne peut s’empêcher d’aborder la publication à venir d’un roman inédit du célèbre Gabriel García Márquez l’année prochaine. Tout en étant une nouvelle excitante pour les nombreux fans du Prix Nobel littéraire, Rushdie montre son inquiétude face à cette décision défiant les volontés du défunt écrivain, à qui il se sent proche. Alors qu’il réfléchit à tout cela, il prévoit déjà son retour dans la capitale catalane afin de partager plus de liens littéraires avec ses lecteurs espagnols. Pour lui, la liberté d’expression reste un élément essentiel dans notre société, et il est prêt à défendre cet idéal quel qu’en soit le prix.
source : Diario Córdoba
