17 Découvrez mon avis passionné sur 'Dama de noche', le spectacle de Marta Gálvez à Cordoue. Une pépite culturelle locale à ne pas manquer !Ah, Cordoue la nuit… Il y a quelque chose de magique, une douceur mystérieuse qui s’éveille quand le soleil se couche. C’est dans cette ambiance particulière que le Teatro Góngora s’est illuminé récemment pour accueillir un spectacle qui, je dois le dire, a fait vibrer ma corde sensible de passionnée de culture locale : « Dama de noche ». Cette Dama de noche dont on parle, ce n’est pas juste une fleur éphémère qui embaume les patios andalous à la tombée du jour – bien qu’elle soit une source d’inspiration merveilleuse et incroyablement locale – c’est le titre du premier spectacle solo de Marta Gálvez. Si vous vivez à Cordoue ou suivez la scène culturelle d’ici, ce nom vous dit forcément quelque chose. Marta est une enfant du pays, formée au Conservatoire Luis del Río, une institution fondamentale pour la danse espagnole ici. Voir une artiste de cette trempe revenir sur ses terres avec sa propre création, après avoir parcouru le monde avec des compagnies de renom comme celle de María Pagés ou le Ballet Flamenco de Andalucía, c’est toujours un moment fort. Et « Dama de noche » est bien plus qu’un simple spectacle : c’est un voyage intime, une exploration de la transformation, portée par une artiste au sommet de son art. J’étais impatiente de découvrir comment elle allait traduire en mouvement l’efflorescence nocturne de cette fleur si symbolique. La Métaphore de la Dama de Noche : Une Évocation Profonde Pourquoi choisir la dama de noche (belle de nuit) comme fil conducteur ? C’est brillant. Cette fleur, discrète le jour, révèle toute sa splendeur et son parfum capiteux uniquement à la nuit tombée. Elle incarne la transformation, le mystère, la beauté éphémère et le cycle perpétuel de la vie. À Cordoue, où les soirées d’été sont chargées de parfums et de secrets murmurés dans l’air chaud, cette fleur est une présence quasi mystique. Marta Gálvez a saisi cette essence pour l’appliquer au processus créatif, à l’évolution d’une artiste, peut-être même à la vie elle-même. Le spectacle nous invite à suivre ce processus : l’attente du crépuscule, l’épanouissement dans l’obscurité, la pollinisation qui assure la pérennité, et enfin, l’apparition des fruits écarlates et pourpres, promesse d’un nouveau cycle. C’est une métaphore universelle, mais ancrée dans une réalité botanique et sensorielle très cordobesa. On sent qu’il y a une connexion personnelle très forte entre Marta et ce symbole, et c’est ce qui rend l’œuvre si touchante. Elle ne se contente pas d’illustrer ; elle incarne cette métamorphose sur scène. Entre École Bolera et Flamenco : Un Dialogue Corporel Fascinant Ce qui rend le travail de Marta Gálvez particulièrement captivant, c’est sa maîtrise de différents langages de la danse espagnole. Dans « Dama de noche », elle ne s’enferme pas dans un seul style, mais tisse un dialogue constant entre la finesse et la rigueur de l’École Bolera et la passion viscérale du Flamenco. Pour ceux qui ne sont pas familiers, l’École Bolera est une forme de danse classique espagnole, très technique, avec des sauts, des tours, et l’utilisation de castagnettes, souvent héritière de la danse de cour et des écoles de danse du XVIIIe siècle. Le Flamenco, lui, est l’expression de l’âme andalouse, plus libre, plus terrienne, axé sur le cante (le chant), la guitarra (la guitare), et le baile (la danse) avec son zapateado (jeu de pieds) et ses braceos (mouvements de bras). Marta excelle dans cette dualité. Elle passe d’une précision presque aérienne d’école bolera à la force brute et l’expressivité du flamenco avec une fluidité déconcertante. Ce mélange n’est pas une simple juxtaposition ; c’est une fusion intelligente qui enrichit les deux formes. On voit comment la discipline de l’une nourrit l’expressivité de l’autre, et inversement. C’est la marque des grands artistes, capables de transcender les catégories. L’accompagnement musical est crucial dans cette alchimie : José Almarcha à la guitare flamenca, David Lagos au cante (une voix d’une profondeur incroyable) et Isidora O’Ryan au violoncelle, percussions et voix. Cette combinaison inattendue – un violoncelle dans un contexte flamenco/espagnol – ajoute une couche de modernité et de singularité, créant des paysages sonores qui soutiennent parfaitement les nuances de la danse. C’est un équilibre délicat, mais ils y parviennent magistralement, créant une atmosphère à la fois classique, intense et résolument contemporaine. Vous pourriez être interessé par Córdoba et Born to Run : et si la route passait par le Guadalquivir, comme un local ? 24 août 2025 La mort du paysage naturel : une exposition saisissante au Teatro Cómico de Lucena 5 décembre 2023 Le Parcours d’une Artiste Locale Rayonnante Le succès de Marta Gálvez n’est pas le fruit du hasard, mais celui d’un travail acharné et d’un talent indéniable cultivé ici même à Cordoue. Son parcours est emblématique de ces artistes andalous qui s’imprègnent de la richesse locale avant d’aller se frotter aux scènes nationales et internationales. Se former au Conservatoire Profesional de Danza Luis del Río, c’est recevoir une base solide, rigoureuse, essentielle pour appréhender la complexité de la danse espagnole. Travailler ensuite au sein de compagnies aussi prestigieuses que celles de María Pagés (une légende vivante du flamenco) ou le Ballet Flamenco de Andalucía sous la direction d’Úrsula López ou Mercedes de Córdoba, c’est l’assurance d’acquérir une expérience scénique inestimable et de voyager, de se confronter à d’autres publics, d’autres inspirations. Sa nomination aux Premios Max en 2023 – l’équivalent espagnol des Molières pour le théâtre et la danse – en tant que meilleure interprète féminine pour son travail dans « Pasaje » de la Cía Juan Carlos Avecilla, est une reconnaissance majeure. Pour nous, ici à Cordoue, c’est une immense fierté. Cela confirme la vitalité de notre scène artistique et le calibre de nos talents locaux. Voir Marta revenir présenter sa propre vision avec « Dama de noche » après ces expériences et cette reconnaissance, c’est comme voir la fleur de nuit revenir embaumer son jardin d’origine après avoir voyagé au gré du vent. C’est un retour aux sources créatives, enrichi de tout ce qu’elle a appris et expérimenté ailleurs. Cela donne une profondeur particulière au spectacle, une maturité qui transparaît dans chaque mouvement. Le Teatro Góngora : Un Écrin Idéal Le choix du Teatro Góngora pour accueillir « Dama de noche » n’est pas anodin. C’est l’un des lieux culturels majeurs de Cordoue, un théâtre à taille humaine, élégant et doté d’une acoustique remarquable. Il porte le nom d’un autre grand Cordouan, le poète Luis de Góngora, figure majeure du Siècle d’Or espagnol, dont la poésie, complexe et raffinée, résonne parfois avec la sophistication de l’École Bolera. Le Góngora est un lieu où l’on se sent proche de la scène, ce qui est essentiel pour un spectacle de danse qui joue autant sur les nuances et l’intimité. Ce n’est pas une salle immense et impersonnelle, mais un espace qui invite à la contemplation et à la connexion avec les artistes. J’y ai assisté à tant de spectacles mémorables au fil des années, des concerts, du théâtre, de la danse… Il y a une atmosphère particulière, chargée d’histoire et de passion pour les arts vivants. Voir « Dama de noche » prendre vie sur cette scène ajoute une couche de sens à l’œuvre, comme si le lieu lui-même participait à la narration, ancrant le spectacle encore plus profondément dans le tissu culturel de Cordoue. C’est le type de théâtre où l’on aime revenir, où l’on sait que l’on va vivre une expérience artistique de qualité. Mon Ressenti Personnel : Une Soirée Hors du Temps Assister à « Dama de noche » fut pour moi une expérience d’une grande intensité. J’étais installée là, dans le semi-obscurité du Góngora, et j’ai été immédiatement transportée par la présence scénique de Marta. Il y a une élégance naturelle chez elle, une force tranquille qui se dégage avant même le premier mouvement. Ce qui m’a frappée, c’est la justesse de l’interprétation de la métaphore florale. On voit la fleur s’épanouir, non pas de manière littérale, mais à travers l’évolution de la danse, des costumes, de l’éclairage, de la musique. Les passages d’École Bolera étaient d’une pureté technique fascinante, tandis que les moments flamencos vibraient d’une émotion brute et communicative. L’interaction avec les musiciens était palpable ; on sentait une véritable conversation entre la danse, la guitare, le chant, le violoncelle. Le moment où le violoncelle se mêle au cante flamenco pour créer une mélodie d’une mélancolie sublime reste gravé dans ma mémoire. C’était inattendu et magnifique. Le spectacle parvient à être à la fois très personnel, presque introspectif, et universel dans son évocation du cycle de la vie et de la beauté qui naît de l’obscurité. C’est le genre de performance qui vous habite longtemps après que les lumières se soient éteintes, qui vous fait repenser à la dama de noche que vous croiserez peut-être en vous promenant le soir dans les rues de Cordoue, avec un regard nouveau, plus profond. C’est la preuve que la danse, ici à Cordoue, continue de se réinventer tout en puisant dans ses racines les plus riches. Questions Fréquemment Posées Est-ce un spectacle de flamenco traditionnel ? Non, pas exclusivement. « Dama de noche » est une œuvre qui dialogue entre différents langages de la danse espagnole, incluant des éléments d’École Bolera et de Flamenco. C’est une fusion créative et contemporaine, même si elle s’appuie sur des formes traditionnelles. Si vous cherchez du flamenco pur et dur, vous le trouverez ailleurs à Cordoue, mais ce spectacle offre une perspective unique et enrichie. Faut-il comprendre l’espagnol pour apprécier le spectacle ? Absolument pas. La danse est un langage universel. La musique et les mouvements de Marta racontent l’histoire et expriment les émotions. Bien sûr, le cante flamenco a sa poésie propre, mais l’essentiel du spectacle est visuel et sonore. Vous pouvez vous laisser porter par l’atmosphère et la performance sans parler un mot d’espagnol. Où peut-on se procurer des billets pour ce type de spectacle ? Pour les spectacles au Teatro Góngora et dans les autres théâtres gérés par l’IMAE (Instituto Municipal de Artes Escénicas) à Cordoue, la meilleure façon est de consulter le site officiel Teatros de Córdoba. Ils ont également des guichets physiques et une application mobile. C’est la source la plus fiable pour les dates et les disponibilités. Est-ce adapté à tous les publics ? Oui, c’est un spectacle qui peut être apprécié par un large public intéressé par la danse, la musique et la culture espagnole. Ce n’est pas un spectacle avec des thèmes difficiles ou réservé aux experts. C’est une œuvre poétique et visuellement captivante. C’est une belle porte d’entrée pour découvrir la richesse de la danse espagnole au-delà des clichés touristiques. Media: Cordópolis – La bailaora cordobesa Marta Gálvez Pablo Lorente danselectureSpectacles 0 FacebookTwitterPinterestThreadsBlueskyEmail María Fernanda González María est notre journaliste voyage basée à Cordoue. En tant que Cordouane et exploratrice du monde, elle possède un talent particulier pour connecter les voyageurs francophones à l'essence de sa ville. Sur Escapade à Cordoue, María partage ses découvertes, ses conseils d'experte locale et ses récits qui donnent vie au patrimoine et à la culture vibrante de Cordoue et de l'Andalousie. Elle explore aussi bien les ruelles historiques de la Judería que les métropoles lointaines, toujours en quête d'histoires qui relient les gens et les lieux. Ses contributions sont une invitation à voir Cordoue à travers les yeux d'une passionnée, offrant des clés pour un voyage enrichissant en Andalousie. entrée prédédente Raphael à Cordoue, Mon Cœur Expatrié Vibre ! entrée suivante Ces regards cachés au C3A Cordoue… A lire aussi Córdoba et le violon flamenco: le retour fiévreux... 1 septembre 2025 Pozoblanco, deux générations en une nuit: Alvama Ice... 1 septembre 2025 À Córdoba, mon détour par le hangar “Eiffel”... 1 septembre 2025 Inattendu à Córdoba: Manu Sánchez revient à Cabra,... 1 septembre 2025 À Córdoba, Benamejí en compás: ma nuit au... 31 août 2025 Córdoba flamenco: mes lieux vrais où sentir le... 31 août 2025 Córdoba, Filmoteca: mes secrets pour vivre la rentrée... 30 août 2025 Córdoba, et si une série galicienne réveillait nos... 29 août 2025 Córdoba en Lego: la rentrée comme un local…... 28 août 2025 Córdoba, chirigota del Canijo: la halte immanquable avant... 28 août 2025