Partager 0FacebookTwitterPinterestEmail 0 TL;DR📜 Un festival de poésie qui révèle la façon dont Cordoue pense sa culture🏛️ Un débat vif entre gestion publique, externalisation et logique économique🧭 Des pistes concrètes pour vivre Cosmopoética malgré les incertitudes politiquesCosmopoética n’est pas qu’un festival de poésie: à Cordoue, il révèle aussi comment la ville pense sa culture. Entre marché public, gestion privée et droit à la poésie, je vous raconte les enjeux.Sous le soleil d’octobre à Cordoue, il m’est arrivé de suivre des vers chuchotés depuis une scène improvisée sur la plaza de las Tendillas jusqu’aux patios illuminés de la Judería. Cette constellation d’instants, c’est Cosmopoética, le festival de poésie qui a peu à peu tissé un autre visage de la ville. Ces dernières semaines pourtant, ce nom est davantage apparu dans les colonnes de politique locale que sur les affiches culturelles. Une question agite Cordoue : qui doit piloter Cosmopoética et au nom de quelle vision de la culture ? Cosmopoética, un festival qui a changé la façon de voir Cordoue Créé au début des années 2000, Cosmopoética a fait entrer la poésie dans le quotidien cordouan : lectures dans les patios, rencontres avec des poètes internationaux, performances dans les bars du centre historique inscrit au patrimoine mondial de l’UNESCO depuis 1994. Pour un·e voyageur·se français·e, c’est souvent une surprise : Cordoue n’est plus seulement la Mezquita ou l’Alcázar, mais une ville où l’on peut écouter un haïku entre deux cafés con leche, ou tomber sur un micro ouvert dans une petite librairie de la calle Claudio Marcelo. Je me souviens d’une soirée sous les orangers de San Basilio : des voisins, des étudiants Erasmus, des poètes invités, tous serrés dans un patio, l’odeur du jasmin se mêlant aux voix. C’est ce tissage entre habitants, créateurs et visiteurs qui fait la force du festival. Vous pourriez être interessé par Baisse des visites au C3A de Cordoue en 2024 31 décembre 2024 Almuzara : 20 ans d’une maison d’édition basée à Cordoue qui rivalise avec les plus grands 1 avril 2024 « À Cosmopoética, la ville entière devient un livre ouvert. » C’est précisément parce que le festival touche à l’identité culturelle de Cordoue que la manière dont il est géré devient un sujet sensible. Quand on modifie les coulisses, c’est aussi l’atmosphère en salle – et dans la rue – qui peut changer. Ce que révèle la non‑reconduction du contrat Lors de la dernière édition, l’organisation de Cosmopoética a été confiée à une entreprise externe choisie par appel d’offres. Selon le groupe municipal Hacemos Córdoba, c’est la propre déléguée de Culture, Isabel Albás, qui a annoncé en commission qu’il n’y aurait pas de renouvellement du contrat avec cette société. À partir de là, les questions se sont enchaînées. Le porte‑parole de Hacemos, Juan Hidalgo, demande aujourd’hui des explications « claires et cristallines » : Y a‑t‑il eu un non‑respect du cahier des charges de la part de l’entreprise ? Y a‑t‑il eu une défaillance dans le suivi du contrat par la Delegación de Cultura ? Ou s’agit‑il simplement d’un changement d’orientation politique de l’équipe du PP à la mairie ? Hidalgo rappelle que son groupe a réclamé, dans un premier communiqué, que l’on envisage de sanctionner l’entreprise pour un éventuel manquement, mais que cette position se basait sur ce qui avait été dit justement en commission par la déléguée. D’où, aujourd’hui, cette exigence de transparence : si l’on met en cause la qualité ou la régularité d’une gestion, il faut l’expliquer publiquement. En filigrane, une critique plus profonde apparaît : pour Hacemos Córdoba, Cosmopoética ne devrait pas dépendre d’un contrat externalisé. Selon la coalition, la logique actuelle privilégierait la rentabilité économique – à l’image de la montée en puissance des grands concerts et de l’externalisation de plusieurs programmes culturels – au détriment de la valeur sociale et éducative de la culture. Culture publique ou externalisée : pourquoi cela change aussi l’expérience du visiteur Vu de loin, ce débat peut sembler très technique. Mais lorsqu’on se promène dans les ruelles autour de la plaza del Potro, ou que l’on programme un week‑end à Cordoue pendant Cosmopoética, on ressent vite les effets concrets de ces choix. Une gestion externalisée peut apporter : Une programmation très “produit”, pensée pour des têtes d’affiche, des chiffres de fréquentation, des “événements Instagrammables”. Une rotation plus rapide des équipes, avec parfois moins de mémoire de ce qui a façonné l’âme du festival. Une dépendance aux appels d’offres, qui peuvent changer de mains tous les quelques ans. À l’inverse, une gestion publique forte, portée directement par la Delegación de Cultura ou un organisme municipal comme l’IMAE (qui gère déjà plusieurs théâtres), peut permettre : Une vision à long terme, où la poésie irrigue aussi les écoles, les quartiers périphériques, les bibliothèques. Une meilleure articulation avec d’autres grands rendez‑vous municipaux, comme le Festival de la Guitarra ou le Festival des Patios. Une place plus claire pour les créateurs locaux, les associations de quartier, les librairies indépendantes. Pour le voyageur, ces nuances se traduisent en choses très simples : est‑ce que l’on découvre un festival qui respire la ville, où l’on croise les mêmes visages d’une année sur l’autre, où l’on sent une continuité ? Ou bien une succession de “shows” qui pourraient presque se dérouler dans n’importe quelle autre ville ? Quand vous venez à Cordoue, vous ne venez pas seulement “consommer” un événement. Vous entrez – pour quelques jours – dans une histoire culturelle longue, faite de compromis, de choix budgétaires, mais aussi de convictions. C’est là que cette polémique prend tout son sens. Un autre modèle pour Cosmopoética ? Face à cette situation, Hacemos Córdoba défend une idée assez radicale dans le paysage culturel actuel : ramener totalement Cosmopoética dans le giron public, sans passer par la case appel d’offres. Pour Hidalgo, le festival devrait être, à l’image du Festival de la Guitarra, un “produit culturel municipal” assumé, avec des équipes renforcées au sein même de la municipalité. Concrètement, cela impliquerait de : Renforcer les équipes internes de la Delegación de Cultura en gestionnaires culturels. Créer éventuellement un patronato culturel réunissant municipalité, IMAE, acteurs sociaux et agents culturels. Assurer une structure stable, avec du personnel propre et des outils juridiques déjà existants. Comme me le disait récemment un bibliothécaire du centre : la vraie question, ce n’est pas seulement “combien coûte” un festival, mais “à qui il profite et comment”. En attendant que la mairie clarifie publiquement les raisons de la non‑reconduction du contrat – mauvaise gestion, simple virage politique ou autre – le plus important, pour nous qui aimons cette ville, est de défendre l’idée que la culture est un droit, pas un luxe. Pour vous qui préparez un séjour ici, cela signifie aussi quelque chose : choisir d’assister à une lecture dans un petit patio, d’acheter un livre de poésie dans une librairie indépendante, d’écouter un jeune collectif plutôt qu’un seul grand nom. C’est une manière discrète mais réelle de soutenir le tissu culturel cordouan. Au fond, Cosmopoética n’est peut‑être que le miroir grossissant d’une question plus large : quelle place voulons‑nous donner à la poésie – et à la culture – dans nos vies quotidiennes ? Cordoue, avec ses débats, ses tensions, mais aussi sa créativité, nous oblige à y répondre. Et vous, si vous veniez à Cordoue pendant Cosmopoética, où aimeriez‑vous écouter de la poésie : sur une grande scène ou dans un patio silencieux ? Partagez vos envies et vos expériences en commentaires, ou sur Instagram avec le hashtag #EscapadeaCordoue. Questions fréquentes Quand a lieu généralement Cosmopoética à Cordoue ? Cosmopoética se tient en général à l’automne, souvent entre fin septembre et début octobre. Les dates précises varient selon les années, il est donc préférable de vérifier le programme officiel de la mairie ou de l’Office de Tourisme avant de réserver votre voyage. Où se déroulent les principaux événements du festival ? Les lectures et rencontres se répartissent entre plusieurs lieux : théâtres municipaux, bibliothèques, patios du centre historique, parfois même des bars et des places. C’est cette dispersion qui rend le festival si vivant : on passe d’un cloître silencieux à une place animée en quelques minutes à pied. Comment savoir si le festival sera impacté par les changements de gestion ? Les décisions autour de la gestion de Cosmopoética se prennent au niveau de l’Ayuntamiento de Córdoba et de la Delegación de Cultura. Pour suivre l’évolution, le mieux est de consulter les communiqués officiels et la presse locale, puis de vérifier le programme publié quelques mois avant chaque édition. Le festival intéresse‑t‑il aussi les voyageurs non hispanophones ? Oui, même si une grande partie des lectures se fait en espagnol, l’atmosphère, les lieux et la dimension visuelle des performances valent le détour. Certains événements incluent des traductions, et de nombreux poètes invités lisent aussi dans d’autres langues. Même sans tout comprendre, on ressent fortement l’énergie poétique de la ville. FestivalgéopolitiquePoésie Partager 0 FacebookTwitterPinterestEmail María Fernanda González María est notre journaliste voyage basée à Cordoue. En tant que Cordouane et exploratrice du monde, elle possède un talent particulier pour connecter les voyageurs francophones à l'essence de sa ville. Sur Escapade à Cordoue, María partage ses découvertes, ses conseils d'experte locale et ses récits qui donnent vie au patrimoine et à la culture vibrante de Cordoue et de l'Andalousie. Elle explore aussi bien les ruelles historiques de la Judería que les métropoles lointaines, toujours en quête d'histoires qui relient les gens et les lieux. Ses contributions sont une invitation à voir Cordoue à travers les yeux d'une passionnée, offrant des clés pour un voyage enrichissant en Andalousie. entrée prédédente Semaine du Cinéma de Cordoue : comment Cinema 25 transforme la ville en décor vivant A lire aussi Semaine du Cinéma de Cordoue : comment Cinema... 29 novembre 2025 Cordoue le week-end : entre ciné d’auteur, flamenco... 28 novembre 2025 À Cordoue, les femmes des quartiers oubliés réinventent... 26 novembre 2025 Cordoue au-delà des cartes postales : quand les... 26 novembre 2025 Flamenco à Cordoue : Beli Moli, la voix... 24 novembre 2025 Guadamecí : quand l’or et le cuir de... 23 novembre 2025 L’Égypte antique s’éveille à Cordoue : un voyage... 22 novembre 2025 Magie et revendication : quand la musique envahit... 22 novembre 2025 Entre Duende et Silence : Pourquoi Cordoue vibre... 21 novembre 2025 Flamenco à Cordoue : 4 nouveaux prodiges réveillent... 21 novembre 2025