Les dernières élections municipales de mai de cette année ont mis fin au rêve de José Antonio Torres (PP) de devenir maire à l’âge de cent ans et ainsi réaliser un exploit qu’aucun autre dirigeant n’a réussi en Espagne. Après sept mandats consécutifs sous l’étiquette du Parti populaire (il est en fonction depuis sa retraite en 1995) et avec 98 ans accomplis en juillet dernier, les urnes ne lui ont pas donné assez de soutien. Il n’a obtenu que deux conseillers, les mêmes que le PSOE, et le reste a été partagé entre Ciudadanos, Vox et les Indépendants de Chercos (IxC). Un scénario qui a conduit à une stratégie d’alliances qui a abouti à un accord entre le PSOE et l’IxC, avec l’abstention de Ciudadanos, pour remettre le bâton de commandement, après 28 ans, à Eduardo Mena (PSOE). Mais son gouvernement prendra fin dans quelques semaines. L’indépendante María Encarnación Franco lui a annoncé il y a quelques jours qu’elle allait présenter une motion de censure avec José Antonio Torres, Antonio Díaz (PP) et María del Mar Tripiana (VOX) qui permettra à Torres de récupérer le bâton de commandement et ainsi réaliser son rêve d’être un maire centenaire.
« Je ne comprends pas pourquoi elle a fait ça », affirme Eduardo Mena au Diario de Almería. « María prétend que je l’empêche de travailler autant qu’elle le voudrait, mais ce n’est pas vrai. Nous gouvernons depuis quatre mois et avons fait beaucoup de choses pour le village », ajoute-t-il. Et lundi, les soupçons ont été confirmés. Le PP, VOX et l’IxC ont présenté la motion de censure qui sera votée en session plénière le 14 novembre prochain. Mena le prend avec résignation : « Nous ne pouvons rien y faire. Le poisson est déjà vendu. Les intérêts partisans du PP pour faire de Torres le plus vieux maire d’Espagne vont nous faire reculer plusieurs décennies à nouveau dans ce village. » Selon lui, « Torres a été un très bon maire pendant 4 ou 5 mandats, mais il n’a rien fait pour le village durant les deux derniers et il était temps pour un changement. » « Je suis très blessé parce que, durant ces quatre mois, nous avons réussi à lancer des appels d’offres pour des travaux, réaliser de nombreuses améliorations et les habitants étaient satisfaits », affirme-t-il.
Eduardo Mena aux côtés de María José Mena et de l’indépendante María Franco.
Eduardo Mena aux côtés de María José Mena et de l’indépendante María Franco.
Mena, qui est « conseiller toute sa vie » et a donc été dans l’opposition de Torres, avait l’opportunité de « gouverner autrement », mais dans deux semaines son rêve se terminera. « Nous avons essayé de convaincre María à travers le parti et des amis communs, mais nous n’avons pas pu. Elle est déterminée dans son idée et n’écoute personne », tranche-t-il. L’âge n’importe pas Pour Torres, dans une interview pour le Diario de Aldmería, il est conscient de son âge avancé ainsi que des certaines limitations que cela entraîne, mais il ne reconnaît aucune incompatibilité et garde une grande motivation. Ni la pandémie, ni sa récente opération, ni la trahison de l’un de ses conseillers ne diminuent un tant soit peu son désir de governer un village situé dans la Sierra de los Filabres et où le paysage désertique est contrasté par les oliviers et les amandiers qui se mêlent à ses versants. « Je me présente par amour pour mon village, c’est une question de dignité, pour que Chercos reste une municipalité qui est à la hauteur de celles plus importantes de la région, où il ne manque aucun service. Et je le fais sans augmenter les taxes pendant les 28 années où j’ai été maire, sans toucher un seul centime », racontait Torres. « Il n’y avait aucun service quand je suis arrivé, mais maintenant nous sommes en tête des petits villages », explique-t-il. Depuis l’opposition indépendante, María Franco a une opinion complètement différente : « Dans certains quartiers, il n’y a ni eau potable ni compteurs, on dirait que nous sommes au Burundi et en plus, les eaux usées sont déversées dans la rivière car nous n’avons pas de station d’épuration ». Maintenant, Franco va le soutenir pour qu’il redevienne maire. Deuxième motion de censure de cette législature Le cas de Chercos sera la deuxième motion de censure à se dérouler lors de cette nouvelle législature. La première a eu lieu il y a une semaine à Turre. Encore une fois, le PSOE a perdu la mairie après un pacte entre les quatre conseillers du PP et les deux transfuges exclus de la gauche unie. La motion de censure contre María Isabel López (PSOE), qui gouvernait en minorité avec cinq conseillers depuis le 17 juin, a conduit à la fin de son bref mandat de seulement 129 jours. En juin, les négociations entre le Parti populaire et les conseillers de la Gauche unie n’ont pas abouti, empêchant ainsi l’investiture d’Arturo Grima, mais avant la foire de San Francisco, les parties avaient su régler leurs querelles, résoudre les petits différends et convenir de detroner le PSOE de la mairie. Ainsi, Grima a récupéré la construction à Turre huit ans après son dernier mandat. Il avait déjà été maire à trois reprises, à partir de 1999 jusqu’en 2007 en tant que candidat indépendant, puis en tant que membre du PP. Il a été remplacé en 2007 (bien qu’il ait démissionné avant que la session plénière ne se sorte) par le PSOE. En 2011, il a été réélu maire au terme d’un mandat qui a duré jusque-à 2015, lorsque, après les élections municipales, Maria Isabel López et Martín Morales, de la Gauche unie, ont rejoint l’alliance au pouvoir depuis huit ans.
source : El Día de Córdoba
