L’édition 2024 du prestigieux Prix Nadal remportée par César Pérez Gellida pour son dernier roman "Bajo tierra seca"
Comme le veut la tradition, la nuit du six janvier, après la visite de Leurs Majestés les Rois Mages, est celle de la remise du Prix Nadal, la plus haute distinction littéraire espagnole qui fête cette année ses 80 ans au Palace Hotel, anciennement le Ritz de Barcelone. Cette année, c’est l’écrivain pucelano César Pérez Gellida (1974) qui a remporté le Prix Nadal avec son thriller rural intitulé "Bajo tierra seca", qui nous plonge dans l’Extremadura du début du XXe siècle sur fond d’une intrigue à la Tarantino. Jaume Clotet a quant à lui remporté le Prix Josep Pla avec "La Germandat de l’Àngel Caigut", un autre thriller contemporain avec des touches historiques, dans lequel un moine de Montserrat et une policière se retrouvent pris au piège d’une intrigue qui remonte aux Templiers et qui ébranlera les fondements de l’Église catholique.
"Bajo tierra seca", une enquête palpitante dans les terres arides de l’Extrémadure
"Bajo tierra seca", initialement présenté sous le titre "Orquídeas negras", met en scène une veuve énigmatique et séduisante, dont la présence a marqué le destin de tous ceux qui ont croisé sa route avant de disparaître après l’incendie de sa propriété. Une enquête est alors ouverte sur l’une des plus grandes haciendas de la région, révélant peu à peu des secrets enfouis dans le passé. Avec ce roman, César Pérez Gellida succède à une longue lignée de lauréats du Prix Nadal consacrés dans la littérature noire, un genre qui séduit de plus en plus de lecteurs en Espagne et qui se taille une place de choix dans les palmarès des concours littéraires.
Le "Memento mori" de Pérez Gellida adapté en série sur Amazon Prime Video
L’auteur a avoué en entrevue avoir commencé à écrire pour combattre l’insomnie. Depuis ses débuts en 2010, il a publié 13 romans en dix ans, tous édités chez Suma de Letras, une maison d’édition du groupe Penguin Random House, principal concurrent du Grupo Planeta qui l’a recruté pour cette nouvelle parution. "Bajo tierra seca" et "La Germandat de l’Àngel Caigut" seront publiés par Destino, la nouvelle maison d’édition de Pérez Gellida, le 7 février prochain. Les deux prix ont vu leur dotation augmenter l’année dernière (tout comme le Prix Planeta), atteignant les 30 000 euros pour le Nadal et les 10 000 euros pour le Pla.
Pérez Gellida, auteur de "Blackallolid" et médaille d’honneur de la Société Espagnole de Criminologie et Sciences Forenses
César Pérez Gellida est également à la tête de "Blackallolid", un festival de littérature noire à Valladolid. Sa minutie et son sérieux lors de la construction de ses personnages, des meurtres et des intrigues lui ont valu en 2014 la Médaille d’Honneur de la Société Espagnole de Criminologie et des Sciences Forenses. En octobre dernier, la première partie de sa célèbre trilogie "Versos, canciones y trocitos de carne", intitulée "Memento mori", a été adaptée en série par Amazon Prime Video avec Juan Echanove et Yon González dans les rôles principaux. L’intrigue se déroule à Valladolid, avec les eaux glacées du Pisuerga en toile de fond. L’auteur a également écrit des romans noirs historiques, comme "Todo lo mejor", sa première incursion dans le genre d’espionnage, qui se déroule à Berlin dans l’ex-RDA pendant la Guerre Froide et qui met en scène des agents du KGB.
Un moine de Montserrat et une policière, héros du Prix Pla
Le Prix Pla a été remporté par le journaliste et historien Jaume Clotet pour son roman "La Germandat de l’Àngel Caigut", un thriller contemporain avec des éléments historiques qui mêle religion et intrigue. Les héros de ce roman sont un moine de Montserrat et une policière d’esquadra qui se retrouvent confrontés à une machination qui menace de révéler "le plus grand secret de l’Église catholique". L’histoire débute dans la ville d’Acre, en Terre Sainte, la ville des Templiers et dernière grande forteresse des croisés du Levant méditerranéen en 1291, année de sa conquête par le sultan al-Ashraf Jalil lors d’un siège sanglant de deux mois qui la laissa totalement dévastée.
Jaume Clotet, un gagnant avec un parcours atypique
"Ce roman est un voyage de la vieille Jérusalem du XIIIe siècle à Barcelone au XXIe siècle", a expliqué Jaume Clotet lors de la cérémonie de remise des prix. L’auteur s’est dit très heureux de recevoir cette récompense et a tenu à faire l’éloge de la lecture : "Je suppose qu’aujourd’hui, je suis devenu écrivain", a-t-il confié. "Hier, je lisais des histoires à mes filles, nous le faisons chaque jour depuis dix ans. Des histoires racontées et lues. C’est une habitude que je me souviens avoir eue avec ma mère, lorsqu’elle me laissait lire ce que je voulais, que ce soient des bandes dessinées ou des livres de Folch i Torres. Écrire est très important, mais lire l’est encore plus. Apprendre aux nouvelles générations à le faire est la meilleure chose que nous puissions faire", a-t-il déclaré en recevant son prix. Jaume Clotet a combiné le journalisme, la fiction historique et la politique tout au long de sa carrière. Entre 2003 et 2008, il était chef de presse du Département de Gouvernance de la Generalitat et entre 2008 et 2010, il était directeur de l’Agence Catalane de Presse (ACN). Il fut également directeur de la communication de la Generalitat de janvier 2016 à juin 2021 et, en tant que figure clé du "procès" (il a été enquêté pour sa participation à l’organisation du référendum unilatéral du 1er octobre), il est probable qu’il bénéficiera de l’amnistie. Il est co-auteur, avec l’ancien président de la Generalitat Quim Torra, de "Les millors obres de la literatura catalana (comentades pel censor)". En 2016, il a remporté le Prix Nèstor Luján du roman historique avec son livre sur les cathares, "Liures o morts", qui s’est vendu à plus de 20 000 exemplaires.
