Antonio Onetti: Pour un jeune artiste, la rébellion est courante, mais une fois que les droits d’auteur entrent en jeu, comprendre le copyright ne prend que dix minutes.

La SGAE : une histoire mouvementée

Fondée en 1899, la SGAE (Société Générale des Auteurs et Éditeurs) célèbre cette année son 125e anniversaire. Cependant, cette célébration est teintée de soulagement pour l’entité espagnole, qui vient de sortir d’une période de graves troubles internes. Depuis cinq ans, la SGAE a fait face à une crise financière et a dû faire face à des enquêtes judiciaires pour des affaires de falsification et de mauvaise répartition des droits d’auteur. Mais aujourd’hui, l’organisme de gestion collectif peut enfin respirer : ses comptes ont été normalisés et ses relations avec le Ministère de la Culture, ainsi qu’avec les entités internationales, sont apaisées. Quelle est la situation actuelle de la SGAE ? Quelles actions sont prévues pour célébrer cet anniversaire symbolique ? Nous vous proposons un aperçu de la situation actuelle de la société espagnole.

Une renaissance après la crise

Ces dernières années, la SGAE a connu une période difficile qui a poussé l’organisme vers le bord de la disparition. En effet, l’affaire de "la roue" a fortement entaché l’image de la société, accusée de mauvaise gestion et de favoritisme. Des sociétés membres de la SGAE ont enregistré des droits d’auteur pour des oeuvres qui n’étaient pas forcément les leurs, et ont ainsi généré des revenus importants grâce à des diffusions nocturnes à faible audience. Une affaire qui a finalement été portée devant l’Audience Nationale espagnole et qui devrait aboutir à un procès prochainement. Cependant, le président de la SGAE, José Luis Acosta, se veut rassurant : "Nous avons enfin terminé l’instruction et nous attendons maintenant un procès. Nous sommes en train de tourner cette page et de nous concentrer sur l’avenir".

Mais l’affaire de "la roue" n’est pas la seule épreuve que la SGAE a dû surmonter. En plus des problèmes liés à la distribution des droits d’auteur, l’organisme a également dû faire face à une crise financière importante. Cependant, après plusieurs années mouvementées, la SGAE peut enfin se réjouir : ses comptes sont normalisés et ses niveaux de collecte de droits d’auteur ont retrouvé le niveau d’il y a 15 ans. La confiance est donc de retour et l’institution peut à nouveau se concentrer sur sa mission première : la défense des droits d’auteur de ses membres.

Un 125e anniversaire célébré en grande pompe

Malgré ces difficultés, la SGAE a décidé de fêter son 125e anniversaire en grande pompe. Un événement qui se déroulera tout au long de l’année et qui culminera le 14 juin, date de la création de l’entité en 1899, avec la remise de médailles à certains des auteurs les plus marquants de l’actualité. Au programme, des concerts, des conférences, des débats et même un festival, "SGAE es urban", mettant en avant les jeunes artistes urbains. Une initiative visant à rapprocher la SGAE de la nouvelle génération de créateurs, qui peuvent parfois percevoir l’organisme comme un acteur éloigné du système.

Interrogé à ce sujet, José Luis Acosta rappelle pourtant que la SGAE reste un acteur incontournable pour la défense des droits d’auteur : "Les jeunes artistes ont souvent une tendance naturelle à la rébellion. Mais lorsqu’ils commencent à générer des droits, ils comprennent rapidement que le copyleft, c’est bien, mais que le copyright, c’est encore mieux. Qu’un artiste générant des droits a besoin d’une entité de gestion pour les collecter, car ils lui appartiennent". Des propos qui pourraient apaiser les inquiétudes des jeunes artistes face à une institution souvent perçue comme déconnectée de leurs réalités.

Une législation en mouvement

En plus de cette célébration anniversaire, la SGAE est également confrontée à une autre problématique : la prise en compte des œuvres créées par des intelligences artificielles. En effet, alors que l’Union européenne se penche sur une législation spécifique, la question des droits d’auteur concernant les créations générées par des algorithmes se pose. Une situation complexe à gérer pour les juristes, selon José Luis Acosta : "C’est comme mettre des portes dans un champ, les juristes sont là pour ça. La SGAE s’est déjà adaptée à l’émergence de nouvelles technologies par le passé. Aujourd’hui, nous travaillons sur une nouvelle réglementation qui permettra aux auteurs de bénéficier des œuvres créées par ces machines et de s’assurer que les auditeurs savent qu’il s’agit d’une création générée par une intelligence artificielle".

L’avenir de la SGAE

Même si l’avenir de José Luis Acosta à la tête de la SGAE n’est pas encore défini, il est important de souligner la stabilité à la tête de l’organisme ces dernières années. Après la crise liée à l’affaire de "la roue", la SGAE a en effet connu plusieurs changements de présidents et d’administrateurs, témoignant d’une période tumultueuse. Aujourd’hui, l’entité espagnole est parvenue à retrouver une certaine sérénité, ce qui laisse espérer que son avenir sera plus serein. Nul doute que la SGAE compte sur ces 125 ans d’expérience pour relever les défis de demain et continuer à défendre les droits d’auteur de ses membres.

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