Comment un concert chaotique devient un bon album : l’expérience d’Andrés Calamaro

Le concert chaotique de Andrés Calamaro à Razzmatazz

La soirée du 8 septembre 2010 à Razzmatazz reste dans les mémoires. C’était le concert d’Andrés Calamaro, qui avait décidé de commencer sa performance avec une demi-heure d’avance, alors que la salle n’était pas encore remplie. Ce fut une soirée désordonnée, avec un répertoire surprenant comprenant des reprises de morceaux tels que "Get up, stand up", "Walking on the moon", "Imagine", "No woman no cry", "Bridge over troubled water", et bien d’autres encore. Les longs monologues sur l’actualité, notamment la récente interdiction des corridas en Catalogne, avaient également dérouté le public. Mais malgré tout cela, comment cet évènement calamiteux a-t-il pu devenir un album live remarquable ?

Il y a en réalité un petit tour de passe-passe : bien que l’album s’intitule "Razzmatazz", seuls 11 morceaux sur les 21 proviennent vraiment de ce concert, et nous ne sommes pas sûrs que tous aient été enregistrés ce soir-là. Les 10 autres chansons ont été capturées lors d’autres concerts en Espagne, comme l’indique la note sur la couverture arrière. De plus, l’ordre des morceaux ne correspond pas à celui de la setlist de ce fameux concert à Razzmatazz.

Une bande sauvage et efficace

Cependant, ce qui rend cet album si intéressant c’est qu’il ne s’agit pas d’un concert unique, réfléchi et principalement axé sur la performance. Il s’agit plutôt de différents enregistrements live, témoignant de différentes soirées en 2010. On découvre ainsi 3 morceaux de l’album "On the rocks" ainsi que des titres plus anciens comme "Por mirarte" ou encore une version très originale de "Walk of life" des Dire Straits intégrée à "Salud, dinero & amor". Et bien sûr, la formation de Calamaro, avec son trio de guitares (Diego García, Geny Avello et Julián Kanevsky), déploie toute son énergie rock avec des passages du piano au funk et au country.

Mais ce sur quoi cet album insiste le plus c’est la symbiose entre le chanteur charismatique, le solide répertoire de chansons et l’énergie de son groupe de musiciens. Cette fois-ci pas de place pour les caprices ou le chaos, tout est parfaitement en place pour une session live très cohérente.

Un retour en grâce pour The Brights et Miquel Vilella

"The Brights", groupe de jeunes australiens, ne perd pas de temps pour révéler son identité: des mélodies complexes mais ensoleillées, des guitares limpides et éclatantes, des lignes de basse imposantes et des harmonies vocales exquises. Leur musique est un jangle-pop de grande qualité, avec parfois des incursions vers des sonorités rock ("Everyone in town") ou plus country ("Drinks and dreams"). Ces morceaux finiront par vous envoûter de manière discrète mais inévitable.

Enfin, Miquel Vilella signe son retour avec "Tornaviaje", un album à la fois tendu et magique. Son registre pop sans aucun compromis renvoie certaines références telles que Brian Wilson ou Sean O’Hagan, avec ses mélodies raffinées et des harmonies vocales avec des nuances émotives. Cet album s’impose comme une invitation à l’aventure, libre de toute pression commerciale.

Horacio Fumero nous offre un album en solo après des années de carrière

Après plus de 50 ans de carrière en tant qu’accompagnant, Horacio Fumero sort enfin un album en solo intitulé "Bass Solo Songs". Ce disque est une véritable autobiographie musicale, avec des chansons que Fumero a apportées d’Argentine, des souvenirs de ses racines latino-américaines et des compositions personnelles mêlant habilement influences et sonorités jazz. On y retrouve également deux duos, l’un avec sa fille Lucía Fumero et l’autre avec la tromboniste Rita Payés, qui témoignent de son rôle de mentor et de maître. Ce disque est également un autoportrait, car même lorsqu’il ne joue en compagnie de personne, Horacio Fumero – toujours au service de la musique – préfère que l’on se focalise sur la musique plutôt que sur lui.

Conclusion

Les sorties de la semaine sont très diversifiées, avec des albums aux styles différents, mais chacun mérite d’être écouté. Que ce soit le concert chaotique mais finalement très réussi d’Andrés Calamaro à Razzmatazz, le retour en grâce de The Brights et Miquel Vilella, ou encore le premier album solo d’Horacio Fumero, ils prouvent tous que la musique n’a pas de frontières et peut toujours nous surprendre. Alors laissez-vous porter par ces artistes talentueux et prenez plaisir à découvrir leur musique.

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