121 La arqueología teatral : le ferment essentiel de La Zaranda La compagnie théâtrale La Zaranda a suivi une ligne directrice fondamentale dans son processus de création : l’archéologie, selon le mot de Grotowsky. Pour eux, le théâtre n’est pas seulement la recherche de quelque chose de nouveau, mais aussi le rappel d’éléments oubliés. Tel est le cas de La Zaranda, où le spectateur devient le dépositaire d’une vérité cachée, maintenant redécouverte, comme la drachme évangélique. Et cela transcende également l’écriture des pièces du fondateur de la compagnie, Eusebio Calonge, dans son dernier livre, La posibilidad de lo efímero. De la intuición a las herramientas teatrales (La Pajarita de Papel Ediciones). Dans cet essai, le lecteur trouvera non seulement un manuel de techniques extraordinairement personnalisé pour l’écriture et la performance théâtrologique, mais également une analyse révélatrice sur la création artistique et ses influences. Un livre pour tous, un instrument précieux pour les professionnels de l’art, ainsi qu’un témoignage important pour les initiés et les curieux, sur le processus de création artistique, depuis la première intuition jusqu’à la réalisation de l’œuvre d’art. Une épiphanie sur scène La Zaranda a pour devise une phrase de Juan Sánchez : “La verdadera obra de arte, de Dios viene y a Dios va” (l’œuvre d’art véritable vient de Dieu et retourne à Dieu). Dans La posibilidad de lo efímero, Calonge approfondit la signification de ce mystère, tandis que l’œuvre se construit. Aux yeux de Calonge, le miracle sur scène est personnifié par le personnage : “L’intention est de voir le personnage surgir du plus profond du texte, jaillissant à travers l’interprétation de l’acteur jusqu’à toucher l’âme du spectateur, ouvrant ainsi la voie de l’énergie théâtrale”. Selon lui, il est du devoir du créateur de “provoquer la beauté”, tout en gardant à l’esprit que “la poésie, davantage qu’une idée, est une intuition qui génère une impulsion créatrice”. Mais cette impulsion est le fruit d’un travail collectif. Dans le monde du théâtre, il n’y a pas un seul créateur isolé, tel que le mythe occidental le décrit, mais une communion entre les créateurs, en attente de l’apparition du personnage. C’est pourquoi Calonge met l’accent sur l’alliance entre l’auteur et l’acteur : “Une convention s’est mise en place, qui a réduit le travail de l’auteur, avec plus ou moins de qualités littéraires, à l’écriture solitaire sur sa table. Ce qui est essentiel, selon moi, c’est de travailler ses mots en compagnie de ses interprètes”. Ainsi, “l’auteur doit enrichir son texte avec les trouvailles qui résultent des répétitions, en incorporant les découvertes des acteurs et les indications du metteur en scène, et tout cela doit faire partie de la création théâtrale”. Calonge donne l’exemple ultime : “Si les possibilités de monter une pièce de Shakespeare sont si vastes, c’est parce que l’auteur lui-même était capable de jouer avec ses propres textes, en collaboration avec sa troupe”. La méthode de l’intuition Dans La posibilidad de lo efímero, Calonge aborde à la fois l’écriture et l’interprétation comme des processus issus de la même intuition. L’écriture dramatique naît du silence, pour se plier ensuite à une vision poétique (“Avant toute prise de conscience, il y a une prise de vue”, affirmait Samuel Beckett, cité ici par Calonge), d’où émaneront des structures et des formes, créant ainsi une esthétique plastique. L’interprétation se réalise en incorporant le texte à travers le corps, pour ensuite transiter de l’espace intérieur de l’acteur au champ visuel qui a été généré par la première intuition. L’auteur et l’acteur ont le même objectif stratégique : viser l’autre, être l’autre, et l’habiter. Mettre toute son attention sur l’autre, pour que le théâtre se réalise. Dans un monde culturel dominé par la déshumanisation et le jeunisme, la lecture de La posibilidad de lo efímero est également un miracle en soi. C’est un acte de résistance, pour éviter de confondre valeur et prix. La théorie de Calonge peut être considérée comme une célébration de l’art purement humain. 0 FacebookTwitterPinterestThreadsBlueskyEmail María Fernanda González María est notre journaliste voyage basée à Cordoue. En tant que Cordouane et exploratrice du monde, elle possède un talent particulier pour connecter les voyageurs francophones à l'essence de sa ville. Sur Escapade à Cordoue, María partage ses découvertes, ses conseils d'experte locale et ses récits qui donnent vie au patrimoine et à la culture vibrante de Cordoue et de l'Andalousie. Elle explore aussi bien les ruelles historiques de la Judería que les métropoles lointaines, toujours en quête d'histoires qui relient les gens et les lieux. Ses contributions sont une invitation à voir Cordoue à travers les yeux d'une passionnée, offrant des clés pour un voyage enrichissant en Andalousie. entrée prédédente Corduba : Reedita su álbum ‘Mitos y leyendas’, Tsode entrée suivante ‘Oppenheimer’ remporte le grand prix des Critics Choice, tandis que ‘Barbie’ reçoit des prix de moindre envergure. 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