126 Antonio Ruz, le chorégraphe lauréat du prix national de danse, ouvre un centre chorégraphique national dans le quartier Sector Sur de Cordoue, l’une des banlieues les plus pauvres d’Espagne. Le projet est pratiquement finalisé avec la municipalité, il ne reste plus qu’à régler les détails de la cession d’espace, qui sera l’édifice de La Normal. Un projet ambitieux pour la ville de Cordoue Né à Cordoue en 1976, Antonio Ruz ne cache pas son émotion face à ce projet, qui consiste à installer sa compagnie dans la ville où il est né et où il a commencé à faire ses premiers pas en tant que danseur. Dans une interview avec Cordópolis, Ruz explique son intention d’ouvrir un centre chorégraphique national à la manière de ce qui se fait en France, avec une vingtaine de ces espaces situés principalement dans les banlieues des grandes villes. Cela représente un symbole du Ministère de la Culture français. En Espagne, il existe moins de ces espaces. Celui de Cordoue sera le cinquième centre chorégraphique national, mais avec une particularité : il sera situé dans une zone d’exclusion sociale. "L’objectif principal de ces centres est de promouvoir, soutenir et dignifier l’art chorégraphique et l’art du mouvement, car ils offrent une formation, mais aussi de la recherche et de la création de réflexions et une médiation avec les citoyens", précise Ruz à propos de ce projet visant à "créer, produire, rechercher et présenter des spectacles dans la propre ville" qui seront ensuite diffusés dans le monde entier. Un financement municipal et un édifice à céder Le projet bénéficie d’un financement municipal de 60 000 euros prévu dans le budget de 2024, mais le dernier obstacle est la cession de l’édifice de La Normal, un bâtiment moderne qui était autrefois l’école normale et qui abrite aujourd’hui des services municipaux (transformation digitale et Institut Municipal de Développement Économique, IMDEEC), une école pour adultes et une bibliothèque. L’espace où sera situé ce centre chorégraphique sera dans le Salón de Actos, qui dispose d’une capacité suffisante pour le projet, selon son instigateur, qui y établira également un siège pour sa compagnie, jusqu’à présent basée à Madrid, mais sans disposer d’une salle de danse dans la capitale. Le choix s’est arrêté sur un lieu bien spécifique, le quartier du Sector Sur, ce qui permet, d’une part, de mettre en lumière la périphérie et, d’autre part, de réaliser "une double décentralisation". "Avec ce projet, nous décentralisons une compagnie basée à Madrid, qui quitte la capitale et va dans une province. Mais nous décentralisons également à Cordoue. Ce n’est pas comme si cet espace était à côté de la mosquée. Ce sera différent car il sera en périphérie et dans un quartier modeste. Et ce qui est le plus intéressant dans ce projet, c’est précisément comment amener la culture dans les endroits où l’accès à la culture est plus difficile", réfléchit le créateur, convaincu que la danse "peut avoir un impact direct et indirect sur la zone". Des délais serrés pour un projet aux multiples atouts L’équipe dispose de délais assez serrés. Son idée est de commencer au printemps prochain. Pour cela, elle déménagera sa compagnie à Cordoue et amènera une partie de son équipe, tout en ouvrant également un processus d’incorporation de nouveaux profils qui travailleront dans le centre. De plus, elle travaille déjà avec le Conservatoire de Danse Luis del Río – le même où elle a étudié – pour promouvoir des bourses destinées aux étudiants qui viennent de terminer leurs études et qui pourront travailler au centre chorégraphique. "Il s’agit de faire une transition vers le monde professionnel. Donner à ces jeunes l’occasion de travailler avec une compagnie professionnelle basée à Cordoue et de ne pas être obligés de partir", précise Ruz, qui souligne que ce type d’alliance peut également s’étendre à d’autres conservatoires d’Andalousie – "ce projet a une portée régionale, nationale et internationale", ajoute-t-elle. 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J’ai vécu à Berlin et je m’y suis senti chez moi, et j’habite Madrid et je m’y sens chez moi, et à Cordoue je me sens aussi chez moi. Autrement dit, ce projet n’a pas tellement à voir avec l’enracinement, mais avec cette terre fertile, cette ville merveilleuse, maniable, belle, mais que peu de gens connaissent au-delà de l’héritage et de la fête florale, et qui a beaucoup à offrir au niveau créatif et artistique", conclut le chorégraphe à propos du projet. Ensemble pour une société cordouane plus libre et mieux informée Votre collaboration est très importante. Devenez membre, apportez une contribution à Cordópolis et, avec votre soutien, nous obtiendrons une société cordouane plus libre et mieux informée. Tous les fonds seront investis dans l’amélioration de notre manière de faire du journalisme. 0 FacebookTwitterPinterestThreadsBlueskyEmail María Fernanda González María est notre journaliste voyage basée à Cordoue. En tant que Cordouane et exploratrice du monde, elle possède un talent particulier pour connecter les voyageurs francophones à l'essence de sa ville. Sur Escapade à Cordoue, María partage ses découvertes, ses conseils d'experte locale et ses récits qui donnent vie au patrimoine et à la culture vibrante de Cordoue et de l'Andalousie. Elle explore aussi bien les ruelles historiques de la Judería que les métropoles lointaines, toujours en quête d'histoires qui relient les gens et les lieux. Ses contributions sont une invitation à voir Cordoue à travers les yeux d'une passionnée, offrant des clés pour un voyage enrichissant en Andalousie. entrée prédédente Antonio José se produira à la plaza de toros de Córdoba pour un concert inoubliable entrée suivante L’affluence au cinéma en hausse à Cadix en 2023 : les films les plus populaires A lire aussi Orchestre de Cordoue : tu le savais ?... 5 septembre 2025 Cordoue, où l’amitié ressemble à un crush: voilà... 5 septembre 2025 Filmoteca de Andalucía à Cordoue : tu le... 4 septembre 2025 À Cordoue, Romero de Torres vs Warhol: tu... 4 septembre 2025 Sorolla revient avec une plage oubliée: ce que... 3 septembre 2025 Córdoba, résidence bretonne: mon carnet d’initié pour une... 3 septembre 2025 Arcana à Córdoba: la Mezquita chuchote une élégance... 2 septembre 2025 Córdoba et le violon flamenco: le retour fiévreux... 1 septembre 2025 Pozoblanco, deux générations en une nuit: Alvama Ice... 1 septembre 2025 À Córdoba, mon détour par le hangar “Eiffel”... 1 septembre 2025