Roberto Saviano et le combat contre la Mafia : un héritage toujours présent

L’histoire tragique de Giovanni Falcone, un juge italien qui a changé le visage de l’Italie

En 1992, l’histoire de l’Italie a été marquée par l’assassinat de Giovanni Falcone, un juge courageux qui luttait contre la mafia. Cela a été un tournant dans la lutte contre la Cosa Nostra, qui a été contrainte de changer de stratégie face à l’indignation de l’opinion publique. C’est ce que nous explique Roberto Saviano, lui-même menacé par la mafia pour avoir écrit le best-seller mondial, ‘Gomorra’.

La vie de Falcone racontée par Saviano

Dans son dernier livre, ‘Les braves sont seuls’ (Anagramme), Saviano raconte la vie de Giovanni Falcone, entre deux explosions : la première, qui a failli tuer Totò Riina, le ‘capo di tutti capi’ lorsque sa famille a manipulé une des bombes laissées par les troupes américaines en Sicile après le débarquement, et la seconde qui a finalement tué Falcone et sa femme sur la route de Palerme. Un cercle vicieux lorsque l’on sait que c’est Riina qui a ordonné l’assassinat de Falcone pour asseoir son pouvoir sur ses différents clans.

Une biographie romancée basée sur des faits réels

L’auteur explique que le format du roman lui a permis de reconstituer des dialogues et d’expliquer les sentiments et les émotions des personnages de l’intérieur. Tout est basé sur des preuves, et si Saviano émet des hypothèses, c’est parce qu’il existe des preuves préalables. Journaliste controversé en Italie, Saviano a été censuré par la RAI l’été dernier pour non-respect du code éthique, tandis qu’il est souvent poursuivi en justice pour diffamation par des personnalités politiques telles que la présidente Giorgia Meloni ou le Premier ministre et leader de la Lega, Matteo Salvini.

Les hommages posthumes à Falcone et Saviano

Les menaces à l’encontre de Saviano ne viennent pas seulement de l’extrême droite, mais également d’une gauche affaiblie et de moins en moins combative. Saviano voit un parallèle entre le martyr Falcone et lui-même : "Falcone a été laissé seul, un homme battu, et ce n’est qu’après sa mort qu’il a reçu des éloges. C’est une habitude très italienne." L’auteur donne un exemple qui illustre cette attitude : "Lorsque quelqu’un a placé une bombe à l’endroit où Falcone devait passer à Palerme, les principaux journaux italiens ont insinué que c’était lui-même qui l’avait mise là. Des années plus tard, j’ai parlé avec le mafieux qui a placé la bombe et il m’a dit que c’est à ce moment-là que la Cosa Nostra a su qu’elle pouvait agir en toute impunité contre Falcone."

Deux mois après la mort de Falcone, Paolo Borsellino, son collaborateur, a également été assassiné par la mafia. Saviano rappelle les mots de Borsellino, qui avait déclaré que l’Italie était "une terre belle et misérable" et que c’est justement parce qu’il aimait son pays qu’il le critiquait et voulait le transformer. Saviano poursuit ce même chemin et en Italie, il est considéré comme un calomniateur qui donne une image négative du pays auprès des étrangers. Certains aimeraient qu’il se contente de parler de la bonne pizza, de la beauté des villes et de la qualité des amants italiens.

La complicité douteuse de la Démocratie Chrétienne avec la Mafia

La Démocratie Chrétienne a longtemps été accusée d’être complice de la mafia en Italie, et certains ont reproché à Falcone de ne pas l’avoir suffisamment dénoncée. Saviano, qui a également fait face au pouvoir politique, explique : "Falcone était très prudent dans ses déclarations, pas seulement sur le fond mais aussi sur la forme, c’est pourquoi il était très attentif lorsqu’il accusait des politiques, car il savait que d’autres juges les acquitteraient faute de preuves, comme cela s’est réellement produit avec Giulio Andreotti quelques années plus tard."

Une culture mafieuse toujours présente en Italie

Même si l’Italie dispose aujourd’hui de la meilleure juridiction antimafia au monde et que les meurtres ont cessé, Saviano affirme que le pays a toujours une culture mafieuse profondément ancrée et pourtant invisible. Il dénonce un capitalisme criminel où les contrats et les concessions suivent la logique de la mafia, protégés par un homme puissant. Les organisations criminelles ont toujours un poids économique important et bénéficient de la complaisance de l’Europe.

L’homme maudit de la mafia

Depuis 2006, Roberto Saviano est sous protection policière après avoir été directement menacé par la Cosa Nostra pour avoir brisé l’omertà, la loi du silence, en révélant les pratiques criminelles dans ‘Gomorra’. Il regrette parfois d’avoir publié ce livre et de s’être exposé ainsi : "Si je pouvais, je dirais au Roberto de 26 ans de ne pas publier cette histoire. Le livre m’a détruit, il m’a transformé en quelqu’un que je ne pouvais pas imaginer à l’époque. Suis-je courageux ? Le courage est un choix, ce n’est pas quelque chose que l’on a en naissant."

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